Il faut dire que les thèmes choisis pour célébrer cette journée, qui a clôturé ses travaux par l’adoption de la Déclaration de Rabat pour la philosophie, sont d’une actualité telle qu’ils ont suscité d’intenses moments de réflexion, d’échanges, de dialogues, de remises en question et de pauses critiques, attestant de l’importance cruciale de cette discipline.
Ainsi, la table-ronde dédiée à la philosophie, diversité et communication culturelle a été une occasion pour philosophes marocains et étrangers de se pencher sur deux concepts clés dans l’histoire de la philosophie que sont la différence et la communication culturelle.
Les participants à cette table-ronde ont notamment mis l’accent sur le rôle de la philosophie dans la conciliation entre ces deux concepts antonymes et en particulier dans la sauvegarde de la culture et dans la pérennisation ontologique de l’Homme.
Dans un autre débat sur les questions de la modernité et de la condition de la femme, les intervenants ont essayé d’approcher cette problématique en s’éloignant de la logique purement binaire opposant tradition et modernité, religion et modernité, culture et modernité.
Partant du constat qu’on assiste trop souvent encore en ce début du 21-ème à une polarisation du monde en champs antagonistes et une mise en opposition exacerbée des cultures et des religions, les participants ont regretté que les femmes en soient toujours les premières victimes alors qu’elle sont appelées à être actrices essentielles du changement.
La philosophie et les obstacles des cultures ont fait l’objet d’une troisième table-ronde dans le cadre du programme de la Journée mondiale de la philosophie.
Les intellectuels invités à intervenir sur ce sujet ont insisté en particulier sur la valeur et le rôle de la philosophie dans l’alliance des civilisations, soulignant que cette discipline peut aider à combattre le dogmatisme en tant que mode de pensée destructeur qui exclut la tolérance, le droit à la différence, la liberté de culte et bien d’autres valeurs universelles.
D’autre part, les participants à la table-ronde sur le thème Philosophie : enseigner, dialoguer et traduire ont notamment mis en exergue le rôle du dialogue dans la communication de la philosophie et de la traduction en tant que moyen de dialogue et de communication.
Pour ce qui est du débat ayant porté sur le thème Philosophie et dialogue Nord-Sud: Quelles difficultés ? Quels avenir ?, les intervenants ont mis en évidence l’importance de développer une réflexion philosophique qui prenne en considération en tant que dialogue ouvert, les déterminants géographiques, les entités civilisationnelles et le bien-être de l’individu au sein de sa collectivité.
Il a été question, au cours du débat sur la citoyenneté et les droits humains, de la corrélation et le conditionnement mutuel entre les concepts de citoyenneté et de droits de l’Homme, les deux étant un élément essentiel de l’ordre politique moderne. La citoyenneté en tant que sujet ayant des droits naturels et indéniables, et les droits de l’Homme en tant que qualité que possède cet individu actif qu’est le citoyen.
S’agissant de la table-ronde sur le thème: Quels fondements pour un ordre mondial juste et solidaire, elle a appelé à repenser ces fondements de manière à favoriser les conditions de vie dans un monde harmonieux pour l’ensemble de l’humanité.
La problématique liée aux rapports entre religion, société et politique a été débattue lors d’une autre table-ronde, celle initiée sous le thème le réveil des religions et la société ouverte.
Les interventions lors de cette séance ont mis l’accent sur le rôle de la philosophie, en tant que discipline prônant le dialogue, pour faire face aux menaces montantes de l’intégrisme et du fondamentalisme et pour répondre aux aspirations des croyants à prendre part à la vie des systèmes politiques démocratiques.
La promotion du dialogue et de la connaissance entre les différentes cultures sur des bases de réciprocité et de dignité constitue un véritable rempart contre les tendances à l’exclusivité et à l’intolérance, ont estimé d’éminents philosophes, politiques et universitaires qui y ont pris part.
Ces tendances sont représentées par le nationalisme ethnique, par le racisme, le fanatisme religieux et le fondamentalisme qui deviennent souvent des sources de violence, de terrorisme et de conflits, ont-ils ajouté.
Que peut la philosophie dans le monde arabo-musulman ? est l’inititulé du débat philosophique qui a mis l’accent sur la place que doit occuper la réflexion philosophique dans le monde arabe pour lui permettre de surmonter les obstacles et relever les défis auxquels il doit faire face que ce soit au niveau politique, économique et social ou intellectuel.
Outre les tables-rondes, la journée mondiale de la philosophie 2006 a été marquée par l’organisation de cafés philosophiques ainsi que par un hommage rendu aux philosophes marocain Mohamed Abed Jabri et allemande Hannah Arendt à l’occasion du centenaire de sa naissance.
MAP