Sans se perdre en conjectures et ou se décourager, les Rajaouis vont aller droit au but, déterminés à défendre crânement leurs chances, conscients de l’importance de l’enjeu et de la valeur de l’adversaire. Après la victoire étriquée, mais précieuse arrachée par les étoilés, le Raja ne jette pas le manche après la cognée en dépit de la délicatesse de la mission.
D’ailleurs, rien n’est gagné d’avance. Le football réserve bien des suspenses et surprises. Les entraîneurs, observateurs et techniciens en savent davantage. L’équation est difficile à résoudre et les entraîneurs ne dorment pas sur leurs deux oreilles.
La pression sera sur l’ESS car jouer contre un outsider en l’occurrence le Raja et de surcroît inconstant, n’est pas une tâche facile ou une promenade de santé.
Piégé à domicile par l’Etoile, le Raja, qui dans une mauvaise posture, n’a pas retrouvé ses marques, ses repères et sa forme d’antan. Il a laissé des plumes à Casablanca malgré le soutien du public et l’avantage du terrain. Cette défaite amère ne doit pas décourager les Diables verts au contraire , l’espoir déçu doit les inciter à se ressourcer, à tirer les enseignements qui s’imposent, à faire preuve d’esprit de corps et de solidarité pour renverser la vapeur.
Dans un derby tout est possible. Chaque match a sa vérité et les prestations précédentes bonnes ou mauvaise ne sauraient préfigurer de ce qui va se passer exactement. Les annales du football africain ne manquent d’antécédents, de raccrocs et de surprises agréables et désagréables. Une équipe qui domine ne gagne pas automatiquement et la donne change d’un match à un autre.
Habitué à ce genre de compétition continentale, le RCA a réussi à disposer en finale en 2000, et en dehors de ses bases, de l’Espérance sportive de Tunis (EST) en vue de se qualifier au Mondial des clubs au Brésil. Partant à l’époque outsider sur le papier, les Rajaouis, en dépit de la partialité de l’arbitre et l’expérience de l’adversaire, ont enjambé cet sérieux obstacle sous la direction d’Oscar Fullone.
Pour certains observateurs, ce derby donne l’avantage à l’Etoile du Sahel en grande forme et qui évoluera avec la quasi totalité de ses titulaires.
Composée de joueurs locaux et des professionnels étrangers notamment Gilson Silva, Austin, le portier nigérian et son compatriote Opara (qui sera absent pour cumul de cartes), l’ESS a beaucoup progressé.
Malgré le passage à vide et la méforme du Raja, les étoilés savent que cette rencontre est difficile face à un adversaire valeureux. L’ESS, qui fait figure de favorite sur le papier, a récupéré son défenseur Seïf Ghézal et son milieu du terrain Ahmed Hammi, deux titulaires qui étaient suspendus pour cumul de cartes. L’entraîneur des étoilés Bazdarevic aura l’embarras du choix contrairement à son homologue du Raja Moldovan.
Les contre-performances des vert et blanc sont dues malheureusement , entre autres, au départ de plusieurs titulaires à l’étranger et à la méforme d’autres joueurs-clé. On ne peut pas bâtir une équipe du jour au lendemain.
C’est la stabilité qui garantit l’homogénéité et renforce les automatismes, facteurs déterminants dans le rendement des équipes. La dernière et piètre prestation du Raja contre l’Ittihad de Tanger qui s’est soldée à Casablanca par un semi-échec ou match nul, démontre que les Rajaouis commencent à donner des signes d’essoufflement après leurs matches marathoniens et leur présence sur plusieurs fronts.
L’Etoile du Sahel, qui a regagné Sousse avec trois points précieux dans son escarcelle , ne ratte que très rarement le coche dans son fief fétiche.
Pour d’autres, Il faut être tout yeux, tout oreilles. Les étoilés ne doivent pas prendre des risques, conseillant, dans ce sens, la méfiance, la prudence et la concentration face au Raja, une équipe à respecter et à n’en pas sous-estimer la valeur. Ils n’excluent pas le réveil des vert et blanc » qui n’ont rien à perdre et vont jouer le tout pour le tout.
Le milieu étoilé Ahmed Hammi est de cet avis : Nous devons rester très attentifs et surtout extrêmement concentrés, le Raja possède en effet une formation de bonne valeur. Nous sommes conscients qu’il va falloir rester extrêmement solidaire et dans de telles conditions favorables, nous sommes fermement décidés à nous surpasser, à jouer un match sérieux, à retrouver toute notre efficacité pour éviter des surprises désagréables, avait-t-il confié au quotidien tunisien La Presse.
Un réveil et regain de forme du Raja sont de nature à chambarder le schéma tactique du coach étoilé qui sait que les Rajaouis ne fouleront pas le terrain à Sousse en victime expiatoire. Libérés de la pression, les Rajaouis sont déterminés à aller jusqu’au bout de leurs ambitions d’autant plus que dans un derby l’avantage du terrain et du public importe peu.
Le duel sera dur, comme à l’accoutumée , et même crispé au détriment du beau spectacle. Aucune équipe n’a droit à l’erreur qui est difficilement irréparable. L’ESS , avantagé par un but marqué à Casablanca, aura le choix entre plusieurs schémas tactiques : exercer le pressing d’entrée et essayer d’inscrire un but pour se mettre à l’abri de mauvaises surprises et déstabiliser le Raja, ou, jouer la prudence sans se découvrir avec un dispositif renforçant le milieu du terrain en vue de gagner la bataille à l’entre jeu.
Par contre, le Raja n’a qu’une alternative : jouer offensivement pour marquer et éviter de dégarnir sa défense pour ne pas donner l’occasion à son adversaire d’exploiter les couloirs et espaces. C’est un travail de titan qui requiert patience, endurance, savoir faire et habileté dans la gestion du temps sans confondre, pour autant, précipitation et vitesse d’exécution.
Source : Menara