Le siège éjectable des entraîneurs de football

Il faut dire que la position de Aziz Amri sur l’échiquier national est assez ambiguë et relève de l’absurde. En effet, l’homme porte deux casquettes, celles d’entraîneur de l’OCS et de président de l’USK, son club d’origine.

Une situation ubuesque qui lui a causé pas mal de problèmes en raison de ses fréquents déplacements entre les deux villes. L’on se rappelle que la saison dernière, il fut souvent annoncé comme partant mais à chaque fois, on le retrouva sur le banc de touche. Mais voilà qu’à l’orée de cette saison, l’homme quitte un club avec lequel il était lié depuis trois saisons.

Il a réussi la montée en 2004-2005 mais depuis, les relations ont souvent été tumultueuses entre les deux parties et aussi avec la presse locale. Cette première valse a commencé donc avec Aziz Amri et il est certain qu’il ne sera pas le seul à quitter son poste durant cette saison.

Ce phénomène est récurrent chez nous comme dans tous les pays, à la seule différence que sous d’autres cieux les indemnités de départ sont plus conséquentes car les clauses des contrats sont rigoureusement respectées par les deux parties. Nos entraîneurs sont-ils aujourd’hui à l’abri des aléas de la profession qui font d’eux les premières victimes quand les résultats ne suivent pas ?

Abdelhak Mendoça, président de l’Association des entraîneurs, relativise la situation : «Il est vrai qu’il fut un temps où l’entraîneur était à la merci des humeurs d’un président, explique-t-il. Autrement dit, le technicien pouvait être remercié sans aucune indemnité faute d’un contrat liant le club et l’entraîneur. Il régnait une atmosphère de suspicion et de doute entre les uns et les autres.

Cette confusion a poussé certains dirigeants à limoger l’entraîneur sans autre forme de procès afin de masquer la mauvaise gestion ou pour tempérer les ardeurs des supporters qui pouvaient s’en prendre à eux. Or aujourd’hui, les choses ont changé. Nous avons établi des règles où les droits et les obligations de chacun étaient clairs dans un contrat en bonne et due forme. Ainsi chaque partie sait à quoi s’en tenir.»

Il est vrai qu’il y a eu de véritables scandales qui ont défrayé la chronique, comme ce limogeage assez mouvementé de Belkébir, entraîneur du CODM, par le président Khaddari. Ce dernier, de surcroît membre fédéral, n’a guère ménagé le technicien au terme d’une rencontre. Les caméras ont rapporté des scènes indignes d’un dirigeant de grand club. Le président en question fut rappelé à l’ordre après l’intervention de l’Association des entraîneurs.

La même situation a été vécue par Lamrini, l’ex-entraîneur du FUS, qui n’a pas apprécié son limogeage. Il faut dire que cette association est sortie de sa léthargie au lendemain de son assemblée générale qui a plébiscité l’ex-défenseur du RAC. Des stages ont été organisés au profit des entraîneurs et des anciens joueurs qui méritaient cette attention et d’autres projets sont en vue. Depuis quelques saisons, on a vu l’émergence d’une flopée de techniciens qui ont choisi cette profession, pourtant encore très aléatoire car la plupart sont assis sur des sièges éjectables.

D’anciens joueurs se sont lancés à l’aventure avec plus ou moins d’espoir de perdurer dans leur poste. En revanche, d’autres entraîneurs qui ont souvent été au-devant de la scène ont pris du recul, à l’image de Abdellah Blinda ou Abdelhak Louzani. Le cas de Aziz Amri, même s’il a pris seul la décision de partir, résume un peu la situation des entraîneurs nationaux qui ont finalement réussi à organiser leur corporation pour défendre leurs intérêts. Ce qui est de bon augure.

Abdeslam Bilali

LE MATIN

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