Mais la couleuvre a été dure à avaler contre les Angolais qui ont fait montre d’une fébrilité qui pose plus d’une interrogation quand on sait qu’ils sont parmi les 5 équipes devant représenter l’Afrique au Mondial 2006. Notre équipe a été handicapée entre autres par son manque de fraîcheur physique.
Fakhir en a fait la cause essentielle. En effet, en l’espace de dix jours, la sélection a été soumise à un régime forcé et a livré trois matchs amicaux sachant que certains joueurs ne jouaient pas suffisamment dans leurs clubs. Fakhir évoque le dilemme suivant : ou bien les joueurs devront disputer les trois matchs et ressentir une fatigue en fin de concentration.
Ou bien, ils ne devront pas les jouer et ils iront alors à la CAN avec un manque de compétition.
Que faire ? Fakhir a préféré la première option car il fallait chercher par ailleurs à améliorer les autres aspects, dont la coordination. Enfin de compte, il est difficile de se prononcer sur le degré de préparation de la sélection qui devait normalement achever ses matchs amicaux par un baroud d’honneur.
Tout le monde le crut et le vit en ce début de match quand les Lions ont bondi sur les Angolais, les rongeant avec une telle hargne, les laissant incrédules, ne sachant à quel saint se vouer. Ils ne pouvaient attaquer sans essayer des rushes qui les déroutaient.
Il a fallu juste 5 mn de jeu avant que Moha Yaacoubi ne distille une balle vers Merouane Chemmakh qui prit un gros risque en effectuant des crochets pour le plaisir de la galerie avant de glisser le cuir dans les filets. Du très beau travail et une démonstration technique qui réveilla les 25.000 spectateurs caressés par une brise glaciale.
Décontenancés, les visiteurs n’eurent pas le temps de réaliser ce qui leur arrivait qu’ils encaissent le second but du pied de Youssef Hadji parti sur une position d’hors jeu douteux. En tout cas, l’arbitre tunisien ne broncha pas, ni encore les Angolais. Ces derniers cafouillaient, incapables de réagir, répétant les imprécisions. Bref, ils s’exposaient à une pluie de buts. Youssef Hadji a failli y parvenir suite à une belle bicyclette (23e) avant que Moha Yaacoubi n’effectue une percée en force pour se présenter devant le gardien qui fit écran de son corps (25e).
Excès de confiance ou signes de fatigue prématurée ? Les Marocains débrayèrent pour s’adonner au spectacle stérile. Pire encore, ils commencèrent à se replier et à céder du terrain à l’adversaire enfin libéré de l’asphyxie à laquelle il a été soumis.
Les Angolais eurent leur première opportunité, suite à un cafouillage devant la cage de Jermouni, jusque-là assigné au repos complet (32e). Ce n’était que partie remise car la vedette angolaise, Aqua, réussira à convertir son heading. Le but libéra les visiteurs qui se portèrent en attaque, obligeant les Marocains à la prudence.
Les Lions reviendront des vestiaires sans Hadji qui a cédé sa place à Madihi. Le Wydadi ne parviendra à aucun moment à remplir la tâche qui lui est dévolue au point que nombreux se demandaient si le n°10 qu’il portait n’était pas grand pour lui. Les Marocains essayèrent de reprendre la barre et rééditer le show du début de match, mais en vain. S’ils pouvaient à peine endiguer l’enthousiasme des Angolais complètement métamorphosés.
Il fallu attendre la 54e mn avant que les nôtres ne se créent une occasion mais Moha leva trop haut son tir. Karkouri céda à son tour son poste au capitaine des FAR, Ouchla. A l’instar du Wydadi, le militaire n’arrivera pas à confirmer. Il aura toutes les peines du monde à museler son vis-à-vis. La machine de Fakhir commençait déjà à tousser.
La sortie de Badr Kadouri, remplacé par Nouredine Kacémi, n’apportera rien de nouveau. Le match perdait de son intensité et partant de son charme. «El Bahia» sera complète quand le médian militaire, Hafid Abdessadeq prit la place de Naybet, blessé à l’épaule. C’est alors l’autre facette terne de l’équipe nationale que le public découvrira. Un patchwork qui ne rassure nullement.
Les Lions perdaient leurs griffes au profit des Angolais qui firent prévaloir un atout primordial à partir de cet instant, à savoir la fraîcheur physique. Cet avantage leur permettra de manoeuvrer près de Jermouni. Il finira par plier. C’était à la suite d’un penalty offert par Ouchla qui fut finalement piégé par plus fort que lui, un diable appelé Aqua (74e). La parité fit mal au public qui réclama le but sans pour autant franchir le seuil du respect contrairement à ce qui s’est passé à Marrakech. Les Angolais pressaient dans le but d’achever un adversaire embarrassé. Ils faillirent y parvenir après la sortie de fortune du gardien Jermouni, mais Abango leva trop son lobe. Fakhir lança son joker, Armoumen, mais sans résultat.
Fin de match en queue de poisson pour les Marocains qui ont perdu beaucoup d’altitude avec la rentrée de remplaçants pour le moins que l’on puisse dire ne rassurent nullement, exception faite du Khouribgui, Hicham Mahdoufi, le nouvel espoir comme l’a déclaré solennellement Fakhir.
Quel bilan peut-on tirer de l’ensemble des matchs ? Il se résume en une seule phrase : la sélection nationale n’est au mieux de sa préparation. Fakhir l’explique par l’étroitesse du temps, qui ne manquera pas d’impacter défavorablement le rendement de l’équipe durant la CAN. Le coach national l’a dit à haute voix à la fin du match. Le Lions n’auront pas le temps se préparer davantage avant le match contre la Côte d’Ivoire, samedi prochain, car hier, l’équipe a voyagé au Caire.
Ce jeudi, l’effectif effectuera une séance de décrassage. Le coach national ne déprime pas pour autant. Il déclare être satisfait du rendement des joueurs auxquels il a conseillé d’éviter l’engagement et ce, afin d’éviter les blessures surtout que trois éléments clés ne sont pas certains pour le premier match.
Il s’agit de Safri, Zairi et Ouaddou. «Si on devait avoir d’autres blessés, ce ne serait alors pas la peine d’aller au Caire». Fakhir est satisfait surtout du bilan technique, se félicitant de l’homogénéité du groupe. Il précise qu’il n’est pas responsable de l’état actuel de la sélection et qu’il a fait de son mieux pour qu’elle puisse livrer des prestations honorables. Il insista que les Lions ne se présenteront pas en victimes expiatoires mais défendront crânement leurs chances: «Je suis avant tout un Marocain. Avant le contrat avec la Fédération, j’ai un contrat moral avec moi-même et envers le public marocain. Puisse Dieu nous aider».
Déclarations :
Voici les déclarations recueillies au terme du match Maroc/Angola (2-2), disputé mardi soir à Rabat dans le cadre des préparatifs des deux formations à la Coupe d’Afrique des Nations (CAN-2006) de football, prévue du 20 janvier au 10 février en Egypte :
• M’hamed Fakhir (entraîneur du Maroc) : «Nous avons obtenu un match nul logique face à un adversaire coriace.
La condition physique a constitué pour nous un grand handicap et beaucoup de joueurs ont fait signe de fatigue, surtout en seconde mi-temps, en plus des blessures qui m’ont contraint à effectuer plusieurs changements au niveau de l’ossature de l’équipe. Je craignais effectivement de graves blessures et avant le match j’ai donné mes consignes: à chaque joueur qui ne se sent pas à l’aise de quitter immédiatement l’aire du jeu.
Toutes nos séances d’entraînement ont été focalisées sur les volets technique et psychologique, en perspective de notre premier match de la CAN contre la Côte d’Ivoire, dont le résultat est décisif.
Je suis satisfait de l’homogénéité entre les joueurs locaux et les pro. Tout le groupe est conscient de la responsabilité qui lui incombe. Il faut rester vigilant et ne sous-estimer aucun adversaire».
• Oliveira Gonçalves (entraîneur de l’Angola) :
«L’équipe marocaine a fait une grande première mi-temps qu’elle a achevée en sa faveur (2-1), grâce notamment au potentiel individuel de ses joueurs. Nous avons abordé la seconde partie avec une stratégie différente, ce qui nous a permis de revenir dans le match.
Je suis très satisfait de mes joueurs et nous aurons certainement notre mot à dire lors de ces phases finale de la CAN en Egypte».
MAP