Football : rien ne change

L’écrivain français, Jules Renard, avait dit un jour que la sottise pousse sans qu’on l’arrose. On peut dire que l’auteur de l’anthologie de la paresse n’avait pas tort. L’assemblée générale ordinaire de la Fédération royale marocaine de football (FRMF), tenue vendredi 31 mars 2006 à Rabat, est là pour le prouver.

En effet, c’est dans une atmosphère consensuelle que s’est déroulée cette assemblée générale ordinaire, même trop ordinaire. Une assemblée qui témoigne de l’autisme dont souffre la Fédération. Décontractés, souriants, les dirigeants des divers clubs sportifs ont fait bonne figure en évitant les questions qui fâchent. Comme si tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes, et comme le football marocain était en pleine forme, les participants se sont empressés d’approuver le rapport financier et moral de l’instance.

À part l’intervention d’Abdelaziz Alaoui Moudni, représentant du Nejm de Marrakech, l’ensemble des dirigeants, ayant pris la parole, se sont contentés de quelques requêtes auprès du président de la Fédération Hosni Benslimane.

En effet, M. Alaoui a posé une série de questions pertinentes qui méritent d’être soulevées. Des questions qui apparemment semblent gêner les responsables de l’instance fédérale.

Il s’est interrogé sur le timing de l’AGO. Pourquoi la Fédération a-t-elle choisi cette date pour organiser son assemblée ? Pourquoi maintenant en milieu de saison ? Il se demanda également pourquoi les rapports n’ont été distribués qu’à la dernière minute ne laissant pas le temps aux membres de la Fédération de les feuilleter ?

Il a aussi évoqué le dossier épineux de la mise à niveau. Rappelons que ce chantier avait divisé le bureau de l’instance fédérale et avait provoqué plusieurs fausses démissions, notamment celle de M’hamed Aouzal et d’Ahmed Ammor, respectivement vice-président et secrétaire général de la FRMF. M. Alaoui s’est demandé pourquoi le rapport moral est resté muet sur ces démissions ?

Après avoir pris notes de ces questions, M’hamed Aouzal a écarté le lien entre la crise actuelle que vie le foot marocain et la tenue de cette assemblée. Il a expliqué que la fédération est tenue de faire son AGO en conformité avec la loi avant d’ajouter que dorénavant elle se tiendra chaque année. M. Aouzal s’est, toutefois, excusé du fait que les rapports ont été remis in-extrémis aux membres de la Fédération. D’après lui, c’est le secrétariat général de la Fédération qui a pris du retard dans l’impression des rapports l’appelant à faire plus d’efforts la prochaine fois !

Cependant, «monsieur le vice-président» a refusé de faire tout commentaire sur le dossier de la mise à niveau. Ça vous chatouille ou ça vous gratouille ? Pourtant, c’est sur ce dossier que les dirigeants de nos clubs doivent s’exprimer et donner des explications sur ce qui s’est passé ! Surtout que l’opinion publique a besoin plus que jamais d’éclaircissements sur un dossier qui revêt une importance primordiale dans la mesure où c’est l’avenir du football national qui est en jeu.

Les Marocains aujourd’hui souhaitent connaître où en est le professionnalisme de ce sport. Ils ont besoin d’un discours clair et non d’une langue de bois ayant pour but de brouiller les pistes. Nos dirigeants auraient-ils par hasard consommé du Jules Renard sans modération?

Par : Rachid Abbar

Aujourdhui.ma

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