Particulièrement acerbe, Raymond. Raymond Domenech a donné hier après-midi sa liste des vingt et un (1) retenus pour le match amical de mercredi 17 août contre la Côte d’Ivoire, à Montpellier. Les trois anciens de retour (« Je n’aime pas le mot revenant, cela fait fantôme », dixit Domenech), David Trezeguet appelé malgré sa blessure (« Moi, je dis qu’il est opérationnel »), l’ambiance nouvelle autour des Bleus, tout y passe. Il y aurait même de l’Aimé Jacquet d’avant le Mondial 1998, dans ce Domenech-là. Extraits de sa conférence de presse de rentrée.
Anciens. « Je suis heureux de leurs retours. L’objectif est de se qualifier. Pour cela, il vaut mieux avoir la meilleure équipe possible. Ceux qui reviennent jouent dans les meilleurs clubs européens. C’est un recrutement intéressant. Nous ne sommes plus dans la même situation qu’il y a un an. Ces joueurs sortaient alors d’un Euro catastrophique pour eux. Ils avaient de même mal vécu le Mondial 2002. Ils éprouvaient le besoin de souffler. J’avais dit à l’époque comprendre leurs décisions. Pour les convaincre, j’aurais alors dû aller à la guerre. C’était bataille perdue. J’avais aussi besoin de sentir une envie en eux. Je l’ai toujours sentie dans les discussions que j’ai eues avec eux. Cela m’a permis de travailler pour que l’envie soit plus forte que les freins à leurs retours. »
Makelele. « Je l’ai sélectionné pour mon premier match (contre la Bosnie-Herzégovine en août 2004 – NDLR). Je comptais sur lui au départ. Il a ensuite décliné l’offre. Il revient aujourd’hui. Il n’y a pas eu d’obligation. J’avais comme lui envie qu’il revienne. »
Reconstruction. « À mon arrivée, j’ai d’abord parlé de qualification. En deuxième est arrivée l’envie de redonner du plaisir au spectateur. J’ai repris le terme de reconstruction affiché dans les médias car je le trouvais adapté à ce moment. Mais la priorité reste la qualification. Je ne vois pas un sélectionneur conserver l’idée de reconstruction plutôt que d’utiliser les meilleurs joueurs de la Juventus de Turin ou du Real Madrid. »
Pression. « La pression est exactement la même quels que soient les joueurs présents. Je préfère me dire à la fin que j’ai fait ce que j’ai pu, avec le potentiel à ma disposition. En ce qui concerne l’environnement, nous sommes passés d’un pessimisme à un optimisme béat. J’espère que cette situation va mettre de la pression sur les joueurs. Il n’y a pas que trois joueurs en sélection. Avec ces renforts, les autres trouveront en eux plus de confiance, mais aussi plus de pression. La France attend beaucoup d’eux. La qualification pour le Mondial est devenue plus importante. Cela ne me dérange pas. Il vaut mieux un contexte où tout le monde pousse dans le même sens, où l’élimination peut être grave. »
Jeu. « Les trois anciens ont fait partie du groupe auparavant. Zinedine Zidane a passé dix ans dans cette équipe. Il a joué dans toutes les organisations de jeu. Lui comme Thuram et Makelele vont peut-être hisser tout le monde, donner ces deux ou trois pour cent qui font gagner un match. Il n’y a pas longtemps que ceux-là ont joué ensemble. Parmi les vingt et un sélectionnés, quatre viennent de Turin, quatre autres de Lyon. Quatorze étaient à l’Euro 2004. Tous les autres se sont rencontrés. J’aurais préféré disputer la Coupe des confédérations (en juin dernier – NDLR) pour faire plus de matchs. C’est comme cela depuis le début. »
Zidane-Henry. « À l’époque (où ils jouaient ensemble – NDLR), j’étais spectateur. J’ai vu leurs statistiques. Mais nous n’avons que cinq matchs devant nous. C’est à eux d’être à leur meilleur niveau. Les grands joueurs sont toujours présents lors des grandes circonstances. »
Absents. « J’ai fait une sélection de vingt et un joueurs car je ne voulais pas déjà donner la liste des vingt-trois pour le Mondial ! Mon rôle est de faire des choix. Je n’ai pas à dire comment je fais. La presse dit ensuite ce qu’elle veut. La seule chose qui compte est le résultat. »
Qualification. « Je suis surpris de l’euphorie qui règne aujourd’hui autour de l’équipe de France. Autant c’était le pessimisme total, avant, autant avec le retour de trois joueurs nous sommes qualifiés et champions du monde ! Il n’y a que quatre rencontres après celle contre la Côte d’Ivoire. Voire six, avec les barrages. Le résultat final sera la vérité de l’équipe. Les discussions sont maintenant terminées. Tout le monde doit faire abstraction de ses états d’âme. Je le dis depuis le début, ce groupe de qualification est difficile et cela se jouera à la fin. Il est important que toutes les énergies soient tournées vers le Mondial. Le reste ne m’intéresse pas… »
(1) La sélection : Grégory Coupet, Mickaël Landreau – Lilian Thuram, Willy Sagnol, William Gallas, Jean-Alain Boumsong, Gaël Givet, Sébastien Squillaci, Jonathan Zebina – Claude Makelele, Patrick Vieira, Zinedine Zidane, Vikash Dhorasoo, Jérôme Rothen, Alou Dlarra – Thierry Henry, Sylvain Wiltord, Djibril Cissé, Sidney Govou, Florent Malouda, David Trezeguet.
source : humanite.press.fr