Taoufik Amri ou le fabuleux destin d’un jeune physicien

Ce titulaire du premier prix de physique de laboratoire en 2002 est un exemple pour les Marocains résidant à l’étranger, issus de la nouvelle génération. «Quand je me suis rendu avec ma famille à la Sorbonne pour recevoir mon prix remis par le ministre de l’Education de l’époque, ce fut une chance énorme pour moi.

Cela confortait en moi l’idée que je peux, en tant que Marocain immigré, participer au développement scientifique de l’Hexagone. J’en profite pour démontrer aux Français que les Maghrébins sont loin d’être que des délinquants». Mais dans les couloirs de son école, les rumeurs courent, des stéréotypes qui surgissent de nulle part.

«Malheureusement, mon prix m’a également attiré la jalousie et la médisance de certains enseignants lors de mes années de mathématiques supérieures et spéciales. J’essaye de ne plus y penser aujourd’hui car malgré toutes les attaques, j’ai réussi à décrocher l’Ecole Polytechnique à l’issue des concours auxquels j’ai participé», se souvient Taoufik. Les chiffres sont devenus son langage de tous les jours. Car depuis son plus jeune âge, ce jeune prodige jongle avec les mathématiques et la physique.

Adolescent, il est troublé par le champ unitaire d’Einstein et s’abreuve déjà des revues scientifiques lues par les doctes du domaine. Quelques années plus tard, il change de cap et commence à s’engouer tout particulièrement de la physique quantique (l’étude des atomes). Et soudainement, sa passion pour la physique est devenue sa raison de vivre.

Ce nouveau tournant, admirablement marqué par le succès, est survenu l’an dernier, lors de son entrée à l’Ecole normale supérieure à Cachan (94). Ensuite, il passe un stage au sein du Laboratoire parisien Kastler Brossel et s’initie à la thématique de l’optique quantique, son domaine de prédilection. Ce stage donnera lieu, quelques semaines plus tard, à une soutenance que Taoufik présentera brillamment devant le jury de sa formation.

Plus encore, cette année il fait son entrée dans l’enseignement de la physique en tant que professeur stagiaire au sein des classes de seconde et de terminale scientifique du prestigieux Lycée Louis-le-Grand à Paris. «J’aime bien travailler à l’interface des disciplines pour allier ce qui semble s’opposer ; de ce fait, je souhaite embrasser la carrière d’enseignant chercheur à la suite de mon doctorat. L’idée d’encadrer des étudiants dans le cadre de la recherche scientifique me semble être une tâche noble», nous confie-t-il. Cette expérience dans l’enseignement l’a galvanisé, et conforte ses aspirations pour l’enseignement et la recherche.

En ce moment, il s’apprête à préparer l’agrégation de physique et ce, afin d’obtenir le titre de professeur agrégé en sciences physiques. En outre, il vise le doctorat en optique quantique, un thème qui fait actuellement l’objet d’intenses recherches, un domaine dont l’intérêt relève de la hardiesse et de la persévérance.

Houda Belabd

Source : LE MATIN

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