Accueil > Santé > Un service hospitalier pour le troisième âge

Un service hospitalier pour le troisième âge

La bonne nouvelle annoncée lors de cet événement concerne l’ouverture prochaine au sein de cet hôpital d’un service de gériatrie. « Les raisons de la création de ce service sont dictées par les défis de la transition démographique que connaît notre pays. Le processus de vieillissement de la population se fait à un rythme très élevé. Ce qui nous met face à une demande de plus en plus importante en matière de gériatrie.

Or nous constatons une inadéquation de l’offre de soins et une absence de structures de prise en charge », justifie le docteur A. Wahid, délégué du ministère de la Santé à Aïn Chock. Et le docteur Mustapha Oudrhiri, spécialiste en médecine interne et en gériatrie, de préciser : « Les résultats du recensement de 2004 prouvent qu’il y a une augmentation progressive de la population âgée. Les derniers chiffres font état de 8,1 %. Ce qui représente 2,5 millions de personnes âgées de plus de 60 ans. Ce chiffre est appelé à passer à 11,1 % en 2020 et à 20 % en 2040. Jusqu’à présent, les personnes âgées sont prises en charge généralement dans des services multidisciplinaires avec les autres malades d’un âge plus jeune».

Les spécialistes ont également signalé que les avancées considérables réalisées au Maroc ont permis l’allongement de l’espérance de vie, qui a avoisiné les 70 ans en 2004. Les pouvoirs publics ont vu en cet acquis «un signe d’inquiétude en raison des conséquences sur l’avenir des régimes de sécurité, les services médicaux et sociaux et l’aide fournie par la famille». Pauvreté et précarité sociale n’étaient pas pour apaiser cette inquiétude. Le véritable défi n’étant pas uniquement de prolonger la vie des personnes mais de leur offrir, en parallèle, une bonne qualité de vie.

Or au Maroc, la notion de gériatrie commence à peine à émerger et à être intégrée dans le programme national de la santé.
Du fait de leur fragilité, les personnes âgées constituent la tranche de malades les plus hospitalisés. Toutefois la qualité des soins ne suit pas cette demande. L’absence de spécialistes et, à grande échelle, de stratégie globale de prise en charge de cette population, créent chez les personnes âgées un sentiment d’exclusion et d’abandon et chez le personnel soignant un sentiment de frustration parce qu’étant dans l’incapacité de venir en aide à ces patients. Ce qui fait de la création d’un service de gériatrie un impératif aux avantages multiples.

Le Dr Mustapha Oudrhiri, en cite quelques-uns : «Ce service offrira les compétences spécialisées et les moyens techniques adaptés aux besoins des malades âgés. Ce qui permettra de lutter contre le risque imminent de perte d’autonomie, de prendre en compte les spécificités de la maladie et du malade ainsi q’un gain de temps». Et de préciser que les spécialistes procéderont à une approche médicale globale basée sur des appréciations de la qualité cognitive du malade et des tests neuropsychologiques en vue de repérer les éléments de fragilité des personnes âgées.

En attendant l’ouverture du service de gériatrie, l’hôpital Mohamed Sekkat réserve une unité d’une capacité de 6 lits, dédiée à cette spécialité, gérée par deux gériatres. Une demande de plus en plus importante a décidé la direction d’opter pour la création de ce service, financé dans le cadre de l’INDH et en attente de la deuxième tranche pour l’achèvement des travaux.

«On ne pouvait pas transformer tout l’hôpital en service de gériatrie. Raison pour laquelle nous avons demandé aux décideurs de nous aider à créer ce service, le premier au Maroc, qui sera d’une capacité d’une trentaine de chambres, avec 2 lits dans chaque pièce et dans lequel on va bien s’occuper de nos personnes âgées. Nous avons bien des services de pédiatrie. Il est temps d’avoir des services de gériatrie. Il est vrai que c’est une spécialité astreignante et difficile. Elle demande énormément de moyens.

C’est d’ailleurs pour cette raison que nous demandons à tout le monde de nous aider», souligne le docteur Fouad Sefiani, directeur de l’hôpital Mohamed Sekkat.
Et pour ne pas se transformer en maison de vieux, les malades y seront admis le temps d’être soignés et mis sur pied. Le volet social ne relevant pas de ses compétences.

Dans notre pays, on se félicite de voir que la solidarité familiale existe encore. «L’occidentalisation de la société est un danger pour nos vieux », insiste Mme F. Perrin-Venuto de l’hôpital de Rennes en France, qui précise, à juste titre, que la véritable question à poser est: quelle place et quel rôle réserve la société moderne aux personnes âgées ?
____________________________
Qu’est-ce que la gérontologie et la gériatrie ?
Ce sont deux disciplines complémentaires dont l’une, la gériatrie, s’inscrit dans le champ de l’autre, la gérontologie. Toutes deux visent à la connaissance du vieillissement humain et des pratiques permettant d’en améliorer le cours.

La gériatrie est la médecine telle qu’elle doit être appliquée à la personne âgée, de la prévention au traitement et à la prise en charge. La gérontologie regroupe l’ensemble des connaissances issues tant des sciences humaines que de la biologie et des données statistiques.

Elle concerne à ce titre des sociologues, psychologues, démographes, économistes… qui s’y retrouvent à côté des médecins, des biologistes et des infirmiers. Cette liste n’est pas limitative. Cette diversité implique qu’il n’y a pas de gérontologues engagés dans toutes les disciplines.

Kenza Alaoui
LE MATIN

Commentaires

Voir aussi

Manger du soja réduit les risques de cancer du sein

Les femmes qui mangent régulièrement de la nourriture à base de soja ont moins de risque de développer un cancer du sein, selon une étude japonaise publiée vendredi. Les femmes ayant des taux élevés de génistéine, une isoflavone contenue dans le soja, sont moins exposées au cancer du sein que les femmes ayant un taux faible, selon une étude du Centre national du cancer de Tokyo.