40 ans, c’est encore très jeune. Et pourtant, un Marocain de plus de 40 ans sur quatre souffre de troubles érectiles. 10% d’entre eux enregistrent le triste score de zéro érection ! Et ce n’est pas fini, car plus on avance dans l’âge plus la fonction érectile baisse. Humiliant pour un homme, de quoi tuer un couple et détruire des dizaines de vies conjugales.
La société marocaine d’andrologie avance le chiffre de 130.000 Marocains qui souffriraient de dysfonctionnement érectile. De l’impuissance sexuelle, dirait-on, au risque d’être vexants. L’appellation d’impuissance sexuelle a en effet été écartée au profit de celle de troubles érectiles, apparemment moins offensante pour des hommes trop machistes pour oser appeler les choses par leurs noms. Au-delà d’une question de vocabulaire, la santé sexuelle chez le Marocain reste un sujet des plus tabous au sein de la société, des familles et même du couple.
C’est dans ce contexte plein de non dits et de hchouma que le laboratoire Bayer Healthcare pharma importe au Maroc un programme de sensibilisation aux problèmes de dysfonctionnement érectile.
Troubles érectiles, parlons-en qui implique quelque 1000 médecins et autant de pharmaciens au Maroc est une initiative éducative qui est en cours actuellement dans plusieurs pays. Lancée chez nous depuis le 1er du mois courant, elle vise à améliorer la communication chez les hommes souffrant de dysfonctionnement érectile, leurs partenaires et leurs médecins. L’objectif serait donc de provoquer un changement comportemental positif à long terme , à commencer par identifier les principales barrières de communication chez le patient et sa partenaire puis mettre à disposition des professionnels de la santé, patients et partenaires des outils de communication et un langage en commun afin d’améliorer la discussion associée à la dysfonction érectile.
Parler sexualité dès l’enfance
L’idée serait donc de dédramatiser le problème du dysfonctionnement érectile que certains spécialistes attribuent à des raisons psychologiques, physiologiques, mais surtout sociales voire sociétales. Décodage : la femme au Maroc est de plus en plus épanouie, de plus en plus ouverte et exigeante sur le plan sexuel. Cette évolution de la femme marocaine touche à l’égoïsme de l’homme qui s’en trouve angoissé. Ayant parfois cette peur de ne pas assurer, ceci provoque chez lui des troubles d’érection surtout lors du premier acte entre l’homme et la femme que ce soit avant le mariage ou pendant la nuit de noce explique le Pr. Ahmed Lakrissa, Chirurgien urologue, chef de service du service urologie à l’hôpital Ibn Sina de Rabat.
Ce même spécialiste ne manque pas de mentionner le manque flagrant voire l’absence totale de la notion même de l’éducation sexuelle au sein de la société marocaine, que ce soit en famille ou dans les écoles, pour aider l’enfant puis l’adolescent à comprendre son corps et ses besoins en sexualité. Car finalement, à part quelques discussions timides sur le sujet entre amis ou amies, et quelques documentations quasi-clandestines dans les revues, sur Internet ou dans les programmes télé qu’avons-nous concrètement reçu comme éducation sexuelle durant notre enfance ou adolescence. Rien diraient plusieurs.
Psychologue, le Dr. Bouchaïb Karoumi nous explique qu’au sein des familles marocaines, l’éducation sexuelle chez la fille se résume dans les interdits : ne touche pas à ton corps, méfie-toi des garçons, ils ne cherchent que le sexe, il ne faut surtout pas avoir de rapports sexuels avant le mariage… On inculque à la petite fille des notions d’interdit et de méfiance vis-à-vis de l’homme . Si on impose à la jeune fille une peur par rapport à son corps et à la sexualité, on communique au garçon des notions implicites qui lui permettent voire l’encouragent à avoir des rapports sexuels qui sur le plan social sont un signe de virilité et de maturation, ajoute le Dr. Karoumi.
L’attitude du tabou et du hchouma s’étale aux couples au sein desquels les spécialistes notent la même absence de dialogue sexuel. Lequel handicap dégénère rapidement pour causer bien des séparations et divorces, au mieux une froideur au sein du couple. Lorsque ces troubles érectiles ne sont pas traités et en l’absence de dialogue au sein du couple, il s’ensuit des sanctions personnelles chez l’homme sous forme d’auto-culpabilité, un manque d’estime de soi, de la dépression… Ceci se transforme en sanctions conjugales et sociales signale le Pr. Ahmed Lakrissa.
La sexualité est un besoin physiologique très important pour les jeunes comme pour les adultes. C’est tout l’équilibre physiologique et psychologique de l’individu qui se trouve lié à la pratique sexuelle, tout comme il est lié à d’autres fonctions telle l’alimentation, le sommeil et le repos, explique le Dr. Bouchaïb Karoumi. En effet, l’équilibre du comportement chez l’individu est largement conditionné par la qualité de la pratique sexuelle. Un manque ou une mauvaise qualité des rapports sexuels sont donc largement susceptibles de se répercuter sur la personnalité de la personne en question et ses rapports avec son entourage.
Un besoin psychologique
Des séquelles qui touchent tous les aspects de la vie de la personne jusqu’à son épanouissement professionnel. On notera notamment l’irritabilité, la mauvaise humeur, des troubles anxieux, dépressifs… Bref, c’est un malaise général, résume le Dr. Karoumi.
Ceci dit, de tels comportements ne pourraient être justifiés par une mauvaise nuit avec son partenaire voire une mauvaise expérience de deux rapports sexuels ratées. Il faudrait plus pour sombrer dans un réel malaise, précise ce psychologue. C’est une succession de plusieurs rapports sexuels de mauvaise qualité qui va entraîner ces troubles psychologiques, mais une succession de mauvaises expériences.
C’est à ce moment-là qu’il faut en parler. Encore faut-il oser le faire. De plus en plus de couples franchissent le pas ces dernières années pour aller consulter sexologues et procèder à des thérapies de couples. On constate que les femmes parlent plus facilement et plus aisément de leurs problèmes sexuels que les hommes. C’est un changement de mentalité et une prise de conscience très remarquables relève le psychologue qui résume que le processus d’adaptation du corps humain fait que la personne ne sera perturbée que si elle a déjà eu des rapports sexuels. Au-delà d’un certain nombre de rapports, la vie sexuelle devient un besoin vital pour toute personne… du moins celles normalement constituées.
source:lagazettedumaroc
Mots cléscuisine
Voir aussi
Manger du soja réduit les risques de cancer du sein
Les femmes qui mangent régulièrement de la nourriture à base de soja ont moins de risque de développer un cancer du sein, selon une étude japonaise publiée vendredi. Les femmes ayant des taux élevés de génistéine, une isoflavone contenue dans le soja, sont moins exposées au cancer du sein que les femmes ayant un taux faible, selon une étude du Centre national du cancer de Tokyo.