Pays par pays. De fait, le Circ reste prudent. Et ne suggère nullement de jeter aux oubliettes ce symbole de la liberté de la femme. Un groupe de chercheurs venus de huit pays différents a voulu faire le point. Il a rassemblé toutes les études scientifiques sur la question bénéfices/risques des études largement connues des épidémiologistes. Il en a fait la synthèse. Et, dans sa classification, a décidé de coller à la pilule l’étiquette de cancérogène. Tout en ajoutant aussitôt : «Puisque l’utilisation de contraceptifs oestroprogestatifs combinés augmente le risque de certains cancers et diminue le risque de certaines autres formes de cancers, il est possible que le résultat global net pour la santé publique soit bénéfique, mais une analyse rigoureuse est nécessaire pour le démontrer. Celle-ci devrait être menée pays par pays et prendre en compte les effets de maladies autres que le cancer.» Une conclusion pour le moins balancée. Et quand on entre dans le détail des cancers, la prudence est encore plus nette. Ainsi, le Circ note «qu’il existe une légère augmentation du risque de cancer du sein chez les utilisatrices actuelles et récentes de contraceptifs oraux, mais dix ans après la fin de l’utilisation, le risque semble être redevenu semblable à celui des femmes qui n’en ont jamais utilisé».
Au regard du cancer du col utérin, «le risque augmente avec la durée d’utilisation des contraceptifs oraux combinés (avec deux hormones, ndlr)». Mais, ajoute le Circ, «les risques de cancer de l’endomètre et de l’ovaire sont, eux, diminués chez les femmes qui utilisent des contraceptifs combinés. La réduction est plus forte lorsque l’utilisation est plus longue, et une certaine réduction persiste au moins quinze ans après l’interruption de l’utilisation».
Hormonothérapie. Quant au traitement hormonal de substitution lors de la ménopause, le bilan est un peu plus sombre, dans la mesure où les bénéfices sont limités. «Les études épidémiologiques montrent de façon concordante l’accroissement du risque de cancer du sein chez les femmes utilisant une hormonothérapie ménopausique. Le risque augmente avec la durée d’utilisation et il est supérieur à celui que courent les femmes utilisant une hormonothérapie ménopausique basée sur les oestrogènes seuls.»
Qu’en déduire ? Que, comme toujours en matière de médicaments, chaque femme absorbant des hormones doit «discuter des risques et des bénéfices avec son médecin». Et qu’ainsi, chez les femmes entre 35 et 40 ans, issues de familles où le cancer du sein est fréquent, il est peut-être préférable de choisir un autre mode de contraception.
source:liberation.fr