Nombreux sont les spécialistes qui sont venus à Rabat des quatre coins du pays pour y assister, vu la plus haute importance du sujet.
Le développement socio-économique et l’accroissement démographique se sont traduits par une augmentation de la quantité des déchets provenant essentiellement des ménages, des industries et des établissements de soins. Les hôpitaux privés et publics marocains produisent en moyenne 3 kg/lit, soit 38.000 tonnes/an pour une capacité litière de 25.000 lits.
Selon les spécialistes, les opérations de collecte, d’évacuation et de traitement des déchets «sont devenues beaucoup plus complexes et, en pratique, l’élimination des déchets se limite très souvent à un déversement anarchique dans le milieu naturel, engendrant un ensemble de retombées négatives pour l’environnement et pour la santé des citoyens».
Auparavant, l’arsenal juridique présentait plusieurs lacunes. Mais la récente loi sur les déchets est claire et peut changer à l’avenir les pratiques actuelles. Elle distingue 3 catégories. D’abord les déchets ménagers et assimilables (70 à 80 %), engendrés par l’administration et le secteur de l’hôtellerie et la restauration…
Ils portent sur les ordures ménagères, l’emballage, le jardinage, les déchets de travaux et de nettoyage. Puis les déchets spécifiques (20 à 30 %), provenant des services de soins et englobant les pansements, compresses, éléments piquants, coupants et tranchants, plâtres… Enfin, les déchets à risque (3 à 10 %), émanant des blocs opératoires, laboratoires, services de dialyse, imagerie… Dans cette catégorie, figurent les pièces anatomiques, les tissus, les cultures, le sang et dérivés.
Par ailleurs, le plan régional de gestion des déchets, élaboré en 2002 par le ministère de l’Environnement, a mis le doigt sur les défaillances. Les déchets sont stockés avant d’être évacués vers les décharges publiques. Ce service est souvent assuré par les services municipaux chargés de la collecte, mais il est effectué de façon irrégulière.
Dans cette opération, tout est mélangé sans aucun tri, ce qui peut engendrer des risques pour le personnel communal, pour les récupérateurs (blessures…) et pour le cheptel au niveau des décharges. Ces dernières, où l’on trouve encore des matériaux tranchants, sont souvent implantées sur des sites inadéquats. Les résidus s’échappent pour s’infiltrer dans les eaux de surface ou souterraines.
Aussi, est-il on ne peut plus nécessaire de connaître la manière la plus adéquate pour le traitement des différents types de déchets.
Lors de ce séminaire, les spécialistes ont essayé de répondre à une question principale : Comment traiter les déchets d’activités de soins ? Selon ERAMEDIC, les producteurs de déchets peuvent agir à plusieurs niveaux.
On peut réduire à la source la quantité et la toxicité. Les producteurs peuvent également valoriser les déchets pour assurer leur réutilisation vers un usage ayant une valeur économique positive. Cette valorisation peut être sous forme de matière (bouteilles en verre, carton), biologique (le compostage ou la méthanisation) ou énergétique (par incinération). Cependant, les techniques d’élimination des déchets peuvent présenter quelques dangers. L’incinération, à titre d’exemple, émet dans l’atmosphère des polluants dangereux.
Certaines usines d’incinération émettent jusqu’à 500 fois la norme européenne sur les dioxines et furannes, des substances indissociables de cette technologie. Il existe un système nommé «ECODAS» qui offre aujourd’hui des solutions efficaces. Il consiste à banaliser les déchets par traitement dans les appareils.
Jihane Gattioui
LE MATIN