Préservez votre vue, c’est l’appel lan cé par le Comité de lutte contre le glaucome qui organise du 20 mai au 12 juin une campagne d’information et de dépistage gratuit, grâce à un camion spécialement équipé qui fera successivement halte à Strasbourg, Lyon, Marseille, Bordeaux, Nantes et Paris.
Deuxième cause de cécité totale acquise dans les pays développés, le glaucome touche en priorité les seniors, mais il peut apparaître à tout âge. L’hérédité joue un rôle dans 20% à 30% des cas.
C’est une maladie grave et méconnue parce qu’elle est longtemps sans symptômes, souligne le Pr Jean-Paul Renard (Hôpital Val-de-Grâce, Paris), secrétaire général de la Société française d’ophtalmologie (SFO), insistant sur la nécessité du dépistage pour repérer le glaucome débutant.
Souvent (80 à 92% des cas), les glaucomateux souffrent d’au moins un facteur de risque vasculaire (hypertension artérielle, maux de tête, migraine, mains froides ou pieds froids, diabète…), selon une enquête présentée lors du récent congrès de la SFO.
Non diagnostiqué, un glaucome moyen peut rendre aveugle en vingt ans. Lorsque le malade en perçoit les premiers signes, la maladie a déjà évolué pendant seize ans, explique le Pr Jean-Philippe Normann (Hôpital des Quinze-Vingt, Paris), président du Comité de lutte contre le glaucome.
Faute de traitement, le glaucome entraîne une destruction progressive des fibres du nerf optique qui transmet les informations visuelles au cerveau.
Cette atteinte est généralement liée à une augmentation de la pression à l’intérieur de l’oeil, une tension oculaire que l’on peut mesurer pour dépister le glaucome. Mais il existe aussi des glaucomes dits à pression normale.
L’oeil est, en partie, rempli par un liquide transparent, l’humeur aqueuse, qui s’évacue normalement via un filtre appelé trabeculum. Dans la plupart des glaucomes, ce filtre se bouche progressivement. L’humeur aqueuse continue d’être produite mais ne peut plus s’évacuer et la pression oculaire s’élève. Le nerf optique est comprimé.
Une pression oculaire élevée n’est pas toujours synonyme de glaucome, d’où la nécessité d’un examen du nerf optique (fond d’oeil).
L’altération de la vue est progressive et concerne d’abord la vision périphérique: la vision centrale reste nette, mais le champ visuel se rétrécit, sans que le malade le remarque, y compris au volant. En mesurant le champ visuel, l’ophtalmologiste peut diagnostiquer les éventuelles pertes de vision.
Le fait d’utiliser les deux yeux, de les bouger, permet au malade de reconstruire une image qui lui paraît normale, expliquent les spécialistes.
Malgré l’absence de vision globale, des gens ayant un glaucome avéré conduisent, mais le secret médical est absolu, un ophtalmologue n’a pas le droit d’aller dire qu’un patient près de la cécité conduit toujours, relève le Pr Philippe Denis (hôpital Edouard Herriot, Lyon).
Si un glaucome est dépisté à temps, son évolution peut être retardée efficacement, insiste-t-il.
Des collyres (gouttes à mettre dans l’oeil à heure régulière) permettent de réduire la quantité d’humeur aqueuse dans l’oeil. Des traitements par laser peuvent aussi diminuer la production de liquide ou faciliter son évacuation. Troisième possibilité : la chirurgie, dans les cas très avancés.
source:sante.gov.ma