La vie sous silence

Lorsque vous frappez à la porte de l’Association marocaine pour enfants sourds (AMES), c’est un ancien élève qui vous accueille avec un large sourire. Il suffit cependant de lui lancer un bonjour pour comprendre qu’il ne vous entend pas…

Une personne sourde provoque souvent de la curiosité. Parfois de la pitié. On se pose des questions sur les difficultés que les enfants malentendants rencontrent au niveau de l’intégration dans la société, de même qu’on s’interroge sur la nature de leur contact quotidien avec le monde extérieur.

Etre sourd n’implique aucunement un manque d’intelligence, lance d’emblée Kamal Mjaoual, directeur pédagogique de l’association : le fait que les enfants malentendants puissent rencontrer une certaine difficulté au niveau de la communication à l’extérieur de l’AMES ne signifie aucunement qu’ils ont un manque de compétences ou d’intelligence. Seul hic, les enfants sourds osent rarement faire les premiers pas vers le monde extérieur.

Kamal Mjaoual explique ainsi que Les enfants malentendants peuvent très bien lire, écrire, travailler. C’est aux enfants venant du monde extérieur de faire le premier pas vers eux. Plus tard, c’est lorsqu’ils sont adultes qu’ils peinent à s’intégrer professionnellement : Le canal essentiel de la communication pour les personnes malentendantes est la parole, alors qu’elles ne sont capables de communiquer que par signes gestuels, étant donné que cette méthode n’est pas universelle, nos élèves en souffrent davantage. Malheureusement les recruteurs n’étant pas très regardants sur les compétences des personnes handicapées, exigent des conditions physiques, ce qui nous pousse à dire que c’est les gens normaux qui n’acceptent pas toujours leur intégration.

L’Association Marocaine pour Enfants Sourds reçoit les élèves à l’âge de six ans, sur présentation d’un dossier médical justifiant leur handicap. Pour l’école, le nombre d’élèves est de 210, quant aux quatre classes du centre de formation, elles comprennent dans l’ensemble 72 élèves sourds. Les enfants sont encadrés par une équipe de 17 personnes, et le salaire du personnel administratif est pris en charge par l’association. Les études au sein de l’AMES comprennent deux cycles. Le cycle primaire dure 6 ans, le cycle secondaire s’étend, quant à lui, sur trois 3 ans au cours desquels les élèves malentendants bénéficient d’une formation qui comprend quatre sections : Coiffure pour hommes, coiffure pour femmes, couture et broderie, et enfin chaussures industrielles.

L’AMES est une association reconnue d’utilité publique. Elle fut créée en décembre 1975 afin d’œuvrer pour l’éducation pédagogique et la formation professionnelle adaptées aux malentendants pour les préparer à devenir de bons citoyens marocains.

Houda Belabd

La Gazette du Maroc

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