Des travaux pour mieux comprendre et traiter le cancer colorectal

Mais d’éventuelles applications thérapeutiques ne sont pas à espérer avant dix ans, selon Daniel Louvard (CNRS/Institut Curie), responsable de l’équipe française qui a participé à ces recherches en collaboration avec le groupe du Pr Spyros Artavanis-Tsakonas à Boston et une équipe néerlandaise.

Les cellules qui tapissent la muqueuse de l’intestin, constituée d’une multitudes de plis serrés, les villosités, se renouvellent toutes en l’espace de quatre à six jours chez l’homme. Un temps vraisemblablement trop court pour qu’elles aient le temps d’évoluer en cellules cancéreuses.

Il est hautement probable que le développement du cancer soit lié à une mutation des cellules souches ou de leurs cellules filles, explique le Pr Louvard. D’où l’intérêt pour ces cellules souches chargées de renouveler en l’espace de quatre à six jours l’ensemble des différentes cellules qui tapissent la paroi interne de l’intestin.

Tapies dans les creux (cryptes) des replis intestinaux, ces cellules souches donnent naissance, en plusieurs étapes, à des cellules aux fonctions différenciées qui progressent en quelques heures vers le sommet des villosités (d’une hauteur de quelques centaines de cellules), où elles meurent.

Le gène Notch permet de maintenir l’équilibre entre cellules souches (capables d’engendrer différents types de cellules) et cellules différenciées aux fonctions bien définies.

Ce gène fonctionne comme un interrupteur, qui passe d’un état tantôt allumé (ce qui déclenche une cascade de réaction à l’intérieur de la cellule), tantôt éteint.

En allumant de façon permanente le gène Notch, les cellules souches et les cellules progénitrices (la première génération de cellules filles) ne se spécialisent plus, mais prolifèrent. Cette étude menée chez la souris peut permettre de mieux comprendre le processus tumoral et de découvrir de nouvelles sources de cellules souches.

En éteignant le gène Notch, les cellules progénitrices se spécialisent, mais la prolifération cellulaire est arrêtée, ce qui ouvre des possibilités pour traiter le cancer colorectal.

En administrant à des souris des molécules (inhibiteurs de gamma-secrétase) initialement développées pour traiter la maladie d’Alzheimer, qui bloquent l’activation de Notch, le Dr Hans Clevers (Utrecht, Pays-Bas) et son équipe ont réussi, selon une autre étude, à entraîner une régression de polypes, précurseurs des tumeurs colorectales, chez la souris.

Obliger des cellules tumorales à se (re)spécialiser peut être un moyen d’éradiquer un cancer, car la chimiothérapie est plus susceptible d’entraîner la destruction de cellules différenciées que de cellules souches très résistantes à ces produits, souligne le Pr Louvard.

source:sante.gov.ma

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