Triomphe électoral du Hamas, craintes internationales

A deux mois des élections législatives anticipées en Israël, le gouvernement du Premier ministre par intérim Ehud Olmert, dont le parti Kadima est donné largement vainqueur par les sondages, a prévenu qu’il ne négocierait pas avec une formation prônant la destruction de l’Etat juif.

Les Etats-Unis ont pareillement exclu tout contact avec une Autorité palestinienne dominée par le Hamas tant que ce dernier n’aurait pas déposé les armes.

Le résultat du scrutin palestinien, organisé mercredi à peine plus d’un an après le décès de Yasser Arafat, constitue en outre un revers historique pour le Fatah, dont l’hégémonie sur les institutions palestiniennes se retrouve brusquement brisée. La victoire du Hamas dès sa première participation à des législatives place notamment le président Mahmoud Abbas, issu du Fatah, dans une position inconfortable et certains posent déjà la question de son maintien au pouvoir.

La commission électorale palestinienne a officiellement annoncé jeudi soir que le Hamas avait remporté 76 sièges sur les 132 que compte le Conseil législatif palestinien, soit la majorité absolue. Le Fatah dispose pour sa part de 43 députés.

Ces résultats n’ont fait que confirmer les estimations admises par tous les partis palestiniens depuis le début de la journée.

Sans attendre cette confirmation officielle, le Premier ministre Ahmed Koreï avait auparavant annoncé la démission de son gouvernement.

Aux termes de la loi palestinienne, la formation majoritaire au parlement peut s’opposer au choix effectué par le président pour le poste de Premier ministre, ce qui confère au Hamas le pouvoir de former le prochain gouvernement à sa guise.

LE HAMAS SOUHAITE UN PARTENARIAT POLITIQUE

Le Mouvement de la résistance islamique a annoncé que le chef de son bureau politique, Khaled Méchaal, avait téléphoné jeudi à Mahmoud Abbas pour lui proposer un partenariat.

Cette volonté déclarée de former une large coalition a cependant été rejetée par certains dirigeants du Fatah.

La victoire du Hamas a en outre exacerbé les rivalités sur le terrain avec les partisans du Fatah, dont certains se sont accrochés à des militants de l’organisation islamiste devant le siège du parlement palestinien à Ramallah.

La défaite du Fatah ne remet pas en cause le mandat d’Abbas, qui a tout fait pour intégrer le Hamas dans le jeu institutionnel pour obtenir son renoncement à la lutte armée. Avant le scrutin, le président palestinien a cependant menacé de démissionner s’il n’était plus en mesure de négocier une paix avec Israël.

Le président américain George Bush l’a invité jeudi à ne pas renoncer à ses fonctions.

Dans sa première réaction officielle aux résultats des élections palestiniennes, l’Etat juif a pour sa part exhorté l’Union européenne, principal fournisseur d’aide financière aux Palestiniens, à ne pas autoriser la mise en place d’un gouvernement terroriste.

Olmert avait déjà prévenu que toute reprise des négociations de paix devait être précédée par le désarmement des activistes palestiniens. En cas de victoire aux législatives israéliennes du 28 mars, Olmert pourrait être amené à prendre de nouvelles initiatives unilatérales pour tracer les frontières d’un futur Etat palestinien, à l’image du retrait de Gaza achevé en septembre.

Pour les observateurs arabes, l’avenir du processus de paix n’est peut-être pas aussi sombre qu’il paraît. Selon eux, le Hamas, Israël et les Etats-Unis seront contraints d’assouplir leurs positions et d’adopter une approche pragmatique.

Les dirigeants arabes ont peu réagi dans l’immédiat à la victoire du Hamas. Premier à s’exprimer, le roi Abdallah de Jordanie a invité tacitement le mouvement islamiste à reconnaître Israël.

Malgré des semaines de chaos et de tensions dans les territoires palestiniens, le scrutin s’est déroulé dans le calme. Le taux de participation élevé (78%) a même été salué aux Etats-Unis comme un signe des progrès démocratiques au Proche-Orient.

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