Les Etats-Unis sont considérés comme un moteur pour impulser les réformes en Egypte et des membres de l’opposition égyptienne espèrent que la visite de Mme Rice permettra une accélération du processus. « L’élection présidentielle constitue un pas important inédit dans ce pays », a dit Mme Rice à la presse avant de quitter Washington pour sa tournée au Proche-Orient. « Il est important que le gouvernement égyptien sache qu’un grand nombre de gens vont regarder », a-t-elle ajouté.
Washington avait félicité le président égyptien Hosni Moubarak, au pouvoir sans rival depuis 1981, d’avoir introduit un amendement à la Constitution autorisant des candidatures multiples lors de la présidentielle prévue en septembre. Mais Mme Rice, qui souhaite accélérer le calendrier de la « démocratisation » au Proche-Orient, va exercer plus de pressions sur les dirigeants du pays arabe le plus peuplé. « Il y a eu quelques changements apportés à la Constitution. Est-ce suffisant ? Dans l’absolu, je pense que non. Plus doit être fait », a dit Mme Rice. L’opposition égyptienne a organisé ces derniers mois des rassemblements sans précédent à travers le pays pour réclamer le départ du président Moubarak et la levée de l’état d’urgence en vigueur depuis 24 ans. Après un entretien avec le président Moubarak dans la station balnéaire de Charm el-Cheikh sur la mer Rouge, Mme Rice doit donner une conférence politique à l’Université américaine du Caire et rencontrer des membres de l’opposition et de la société civile. En mars, elle avait annulé une visite au Caire, en signe de protestation contre l’arrestation du président du parti Al-Ghad (Demain, opposition) Ayman Nour.
L’opposant, qui a été libéré depuis, sera l’un des principaux rivaux de M. Moubarak à la prochaine élection présidentielle. On ignore si la secrétaire d’Etat américaine va le rencontrer. « Nous voulons toujours rencontrer des responsables américains, mais nous n’avons pas encore reçu d’invitation », a déclaré Gamila Ismaïl, épouse de Ayman Nour et porte-parole de son parti. « Je suis sûre que la visite (de Rice) aura des effets… Au moins a-t-elle contribué à faire retirer les portraits de Moubarak qui étaient accrochés dans les rues », a-t-elle dit. En mai, pour le référendum sur l’amendement constitutionnel instituant l’élection du président de la République au suffrage universel parmi plusieurs candidats, les rues égyptiennes avaient été envahies par des tableaux géants rendant hommage à l’action du « raïs ». « J’espère seulement que les déclarations (de Rice) seront plus fortes que celles de Laura Bush », a poursuivi Gamila Ismaïl. Elle a accusé la première dame des Etats-Unis d’avoir présenté un tableau trop rose de l’Egypte lors de sa visite en mai. « Deux jours après, les gens étaient battus dans la rue », a relevé Gamila Ismaïl. Plusieurs femmes avaient été agressées par des partisans du Parti National Démocrate (PND-au pouvoir) lors d’une manifestation, le 25 mai, à l’occasion du referendum sur la Constitution. Ce que certains qualifient désormais de « Vendredi Noir » est devenu un événement clé pour le mouvement réformateur. Plusieurs initiatives ont été lancées en faveur d’une supervision des prochaines élections. Condoleezza Rice doit réitérer l’insistance de Washington pour permettre la supervision par des observateurs internationaux de l’élection présidentielle et des élections législatives qui la suivront en novembre. L’Egypte est le deuxième bénéficiaire de l’aide civile et militaire américaine dans la région après Israël. Le mécontentement populaire est à l’origine de divergences au sein du PND, où le fils cadet du président Moubarak, Gamal, doit affronter la vieille garde qu’il accuse de mettre en danger le régime en résistant au changement.
source:lopinion