LE RIVAL, UN MODÉRÉ OU UN ULTRA ?
Selon les sources, c’est le religieux modéré Mehdi Karoubi (19,99 % d’après l’intérieur) ou l’ultra-conservateur maire de Téhéran, Mahmoud Ahmadinejad (17,70 %), qui se classe deuxième.
Mais on n’a pas encore fini de compter dans les grandes villes, et il est très probable que les positions vont évoluer, a dit Gholamhossein Elham, porte-parole du Conseil des gardiens de la Constitution, qui supervise les élections.
De grandes villes comme Téhéran, Ispahan (centre) et Ahvaz (sud-ouest) continuaient en effet à compter. Entre les deux inattendus dans la tête du classement, le vote des villes s’annonçait a priori plus favorable à M. Ahmadinejad qu’à M. Karoubi, même si ce dernier, ancien président du Parlement, a réalisé un score inespéré en promettant la fortune de 500 000 rials (55 USD) par mois à tous les Iraniens de plus de 18 ans.
Il y a encore quelques semaines, M. Rafsandjani était donné comme le gagnant certain. Doté d’une toute autre stature que ses concurrents, celui qui fut déjà président de 1989 à 1997 s’est employé à occuper le centre politique. Il s’est présenté comme le rempart contre les extrémistes et le meilleur garant de l’amélioration économique et de la détente diplomatique, avec les Américains notamment.
POLÉMIQUE ENTRE LE MINISTÈRE DE L’INTÉRIEUR ET LE CONSEIL DES GARDIENS
Les chiffres confirment en tout cas la nécessité d’un second tour totalement imprévisible. Ce sera une première depuis la Révolution de 1979. Le second tour aura lieu vendredi prochain, a déclaré le porte-parole du Conseil des gardiens. Pas sûr, a répondu l’intérieur, qui avait signifié avant la présidentielle qu’un éventuel second tour ne serait pas possible avant le 1er juillet. Entre le Conseil des gardiens, institution ultra-conservatrice supervisant les élections, et l’Intérieur, ministère réformateur chargé d’organiser les consultations, c’est le conflit à chaque vote.
Le ministre adjoint de l’intérieur, Sayed Mahmoud Mir Lohi, a dénoncé comme une violation de la loi l’annonce de résultats par le Conseil des Gardiens. L’intérieur soupçonne à l’évidence une manoeuvre de la part du Conseil des gardiens contre un adversaire qui serait mieux classé qu’un candidat ultra-conservateur.
LE PRÉSIDENT KHATAMI INTERVIENT
Le président sortant Mohammad Khatami est intervenu dans la querelle en déclarant que le seul résultat officiel, c’est celui annoncé par le ministère. Mais cette querelle n’est peut-être rien comparé à celle qui pourrait survenir si les résultats définitifs du premier tour ne satisfaisaient pas le Conseil des gardiens. Ce dernier a le pouvoir d’annuler à tout moment l’élection. Il doit aussi en valider les résultats. Il lui appartiendra d’accepter ou non ceux des candidats réformateurs.
Ceux-ci, Mohsen Mehralizadeh et surtout Mostafa Moïn, avaient été disqualifiés par le Conseil des gardiens avant d’être repêchés sur intervention du Guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, devant la contestation grandissante. Au cours de la campagne, M. Moïn, qui réclame la libération des prisonniers politiques, a radicalisé son discours et remis en cause les pouvoirs des toutes puissantes institutions non-élues, dont le Conseil des gardiens. M. Ahmadinejad passe au contraire pour avoir les faveurs des plus durs. Le maire de Téhéran, le plus à droite du spectre politique, aurait bénéficié d’une mobilisation savamment orchestrée au dernier moment dans les organisations islamistes.
Plus de 46 millions d’Iraniens de plus de 15 ans étaient appelés à choisir un successeur à Mohammad Khatami entre sept candidats aux visions radicalement différentes de la société et des relations avec le monde, principalement les Etats-Unis.
Environ 68 % des électeurs ont voté, selon des sources proches du ministère de l’intérieur. Le désenchantement prêté à la population iranienne faisait envisager une abstention peut-être record.
source.lemonde