Polémique sur les soins de Sharon

Ariel Sharon a subi hier une nouvelle batterie d’examens au centre hospitalier Hadassah de Jérusalem. Les chirurgiens du Premier ministre israélien restent d’une grande prudence, mais se montrent légèrement plus optimistes dans leurs pronostics. «La reprise de la respiration et les réactions à la douleur sont les éléments les plus positifs enregistrés jusqu’à présent», note le Pr Felix Umansky, l’un des neurochirurgiens qui a dirigé les trois interventions.

«Il n’y a aucun changement, souligne le Dr Ron Krumer, porte-parole de l’hôpital, l’état de santé du Premier ministre continue d’être critique mais stable. Les médecins vont poursuivre le traitement commencé hier.» Depuis lundi, les équipes de soins réduisent les doses de sédatifs administrées au patient pour le tirer lentement de son coma artificiel. Ce réveil progressif doit leur permettre d’évaluer l’ampleur des dégâts dans le cerveau ainsi que le niveau de séquelles aux fonctions motrices puis cognitives. Les conclusions définitives ne devraient pas être tirées avant plusieurs jours.

Outre les observations habituelles par IRM et radios, Ariel Sharon a été soumis à quelques expériences moins haut de gamme. Le grand quotidien populaire Yédiot Aharonot révèle que les médecins ont agité un chawarma tout chaud sous le nez de leur patient pour observer ses réactions olfactives face aux effluves de ce sandwich à la viande chaude qu’il semble particulièrement apprécier. Ses deux fils ont aussi installé une minichaîne stéréo dans la chambre de leur père et diffusent en boucle, à faible volume, des oeuvres de Mozart, son compositeur favori. Selon les médecins, la musique contribue parfois à stimuler les sens d’un malade dans sa phase de réveil.

Le quotidien Haaretz alimente, lui, la polémique sur les protocoles de soins choisis par les médecins lors de la première attaque cérébrale de Sharon, le 18 décembre. Les chroniqueurs médicaux du journal ont recueilli les confidences d’éminents spécialistes israéliens, dont un professeur de l’hôpital Hadassah, qui assurent que les équipes en charge du Premier ministre n’avaient pas repéré une angiopathie amyloïde cérébrale. Cette maladie congénitale fragilise les vaisseaux sanguins du cerveau, ce qui augmente les risques d’hémorragie. Une contre-indication formelle à l’usage des anticoagulants. En l’absence de diagnostic, les médecins avaient administré ce traitement à Ariel Sharon pour dissoudre les caillots de sang responsables de sa crise. L’angiopathie n’a été découverte qu’après son hémorragie massive du 4 janvier, qui pourrait avoir été provoquée par les anticoagulants. «Nous concentrons tous nos efforts dans les soins à apporter au Premier ministre et nous nous battons pour lui sauver la vie, rétorque le porte-parole de l’hôpital. Nous ne nous occupons de rien d’autre.»

Liberation FR

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