DERNIERE INFO:
Les forces russes mettent fin à l’attaque de Naltchik
Les forces de l’ordre russes ont mis fin vendredi matin à la résistance des deux derniers groupes de combattants ayant participé la veille à une vaste attaque contre les forces de sécurité à Naltchik, dans le Caucase russe, tuant dix hommes retranchés
ECLAIRAGE
La crise du Caucase
La série d’attaques perpétrées contre la Russie dans le Caucase est le symptôme d’une inextricable crise. Cette région pétrolière stratégique entre l’Europe et l’Asie, à cheval entre la Mer Noire et la Mer Caspienne, est en proie à un malaise contagieux dont les causes les plus immédiates sont à relier aux séquelles consécutives à l’implosion de l’ex-URSS en 1991.
Des intérêts territoriaux s’entremêlent à des raisons économiques, alors que d’explosifs replis identitaires et une instrumentalisation regrettable de la religion font écho à de froides politiques géostratégiques.
Le Caucase est la proie de trois grandes dynamiques miltaires. La première est celle qui oppose la Géorgie aux Ossètes, d’une part, et aux Abkazies d’autres part. Pour comprendre les dissensions qui opposent Tiblissi (la capitale géorgienne) aux régions d’’Abkazie et de l’Ossétie du sud, il faut remonter aux premiers jours de l’indépendance de la Géorgie.
L’Ossétie du Sud (sous le contrôle de la Géorgie) exige alors d’obtenir elle aussi son autonomie, revendication qui sous-tend d’être rattachée à l’Ossétie du Nord que contrôle Moscou. La puissance russe, par le débarquement autorisé de ses troupes, impose dès lors, un statut quo qui aujourd’hui encore perdure.
Les même motivations d’indépendance animent les abkhazes qui réclament eux aussi leur indépendance et deviennent ainsi, eux aussi, ennemis de Tiblissi. Qui plus est, les Abkazes sont soutenus militairement par la Russie. Ainsi, Moscou, lorsque les dividendes de l’opération lui sont favorables, n’hésite pas à enflammer les nationalismes en Georgie, ce qui est le cas aussi en Azerbaïdjan.
Imbroglio géopolitique
La deuxième zone de tension se situe donc en terre azérie. Confronté à la perte du Haut-Karabakh et à sa défaite contre les arméniens, l’Azerbaïdjan demeure sous tension, ceci d’autant plus que les pressions des intérêts pétroliers et de la Russie sont fortes.
Mais c’est surtout le Caucase russe, troisième volet de cette crise régionale, qui inquiète le plus, la Tchétchénie plus particulièrement. Son désir d’accéder à une indépendance semblable à celle de la Georgie, de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan -acquise avec la chute de l’empire soviétique- conduit sa destinée vers une pénible inconnue.
Les troubles dans la république caucasienne russe de Tchétchénie débutent en novembre 1991 lorsque l’ancien général de l’armée soviétique Djokhar Doudaïev, élu président de la république autonome russe de Tchétchéno-Ingouchie, proclame unilatéralement l’indépendance de la Tchétchénie, qui se sépare de l’Ingouchie.
Depuis ce temps les Russes appliquent une politique vis à vis du peuple tchétchène que beaucoup considèrent comme étant l’extermination lente de toute un peuple. L’introduction d’un islamisme radical à la résistance historique de ce peuple face à la colonisation russe facilite le travail de propagande du pouvoir russe.
Ce pouvoir refuse obstinément de considérer la réaction tchétchène comme le symptôme d’une société déboussolée par une redoutable crise, ainsi que par des siècles de troubles rapports avec les russes. C’est aujourd’hui les civils qui paient le prix fort.
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REPERES:
Ingouchie, Ossétie, Kabardino-Balkarie…: le Caucase pris dans les attaques
L’opération commando lancée jeudi à Naltchik (Kabardino-Balkarie) par des dizaines d’hommes en armes –au nom des séparatistes tchétchènes selon un site indépendantiste– est la dernière d’une série d’attaques qui depuis plus d’un an déstabilisent tout le Caucase russe, et non plus la seule Tchétchénie où les troupes fédérales sont déployées depuis octobre 1999.
KABARDINO-BALKARIE:
En décembre 2004, un groupe d’hommes armés attaquent l’antenne de l’agence fédérale russe anti-drogue à Naltchik, tuant les quatre fonctionnaires présents et emportant un important arsenal d’armes, dont 79 fusils automatiques et 182 pistolets. Le mois suivant, les forces de sécurité de Kabardino-Balkarie, appuyées par des blindés, lancent une importante opération de ratissage dans la capitale de la république, pour arrêter les dirigeants et les militants de la djamaat (communauté islamique) locale, baptisée Iarmouk.
Plusieurs militants sont tués. L’opération aurait fait aussi des morts parmi les habitants. Les blindés des forces de l’ordre avaient notamment tiré sur un immeuble dans lequel étaient réfugiés des présumés terroristes.
INGOUCHIE:
Dans la nuit du 21 au 22 juin 2004, 200 à 500 combattants armés, essentiellement tchétchènes et ingouches, lancent, sous la direction du chef de guerre tchétchène Chamil Bassaïev, une série d’attaques simultanées dans trois villes d’Ingouchie, en particulier à Nazran, visant les bâtiments des forces de l’ordre de cette république russe. L’attaque, menée en quelques heures et comprenant le pillage d’un dépôt d’armes à Nazran, avait fait officiellement 88 morts, la majorité des membres des forces de l’ordre. Seuls deux rebelles, non compris dans ce bilan officiel, avaient été tués.
OSSETIE DU NORD:
Le 1er septembre 2004, un commando pro-tchétchène composé d’au moins 32 hommes et femmes, prend le contrôle d’une école à Beslan, non loin de Vladikavkaz. Plus de 1.200 otages restent détenus jusqu’au 3 septembre, dans des conditions particulièrement difficiles. Alors qu’une explosion retentit, les forces de l’ordre lancent un assaut dans une totale désorganisation. 331 personnes trouveront la mort, dont 186 enfants, sans compter 31 terroristes tués.
DAGUESTAN:
Les attaques ou attentats contre policiers et soldats sont devenus quasi-quotidiens au Daguestan, république caucasienne située à l’ouest de la Tchétchénie. Des dizaines de membres des forces de l’ordre y ont été tués cette année.
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Saïd Raïssi
Source : Menara