C’est au large des côtes de Mauritanie, au sud des Iles Canaries, qu’un navire-hôpital de la marine espagnole a découvert les cadavres de 24 candidats à l’immigration.
Les corps ont été découverts mercredi 15 mars après que le navire eut été alerté par des bateaux de pêche dans une zone située à 110 km au large de la Mauritanie, selon une porte-parole du ministère espagnol du Travail. Au total, 24 corps ont été repêchés, mais aucune embarcation découverte.
Nombre des cadavres portaient des gilets de sauvetage et un système GPS a été découvert sur l’un des corps. Les circonstances exactes de ces morts n’ont pas été précisées.
Ces découvertes sont intervenues quelques heures après que la police eut intercepté quelque 400 Africains qui tentaient d’atteindre l’archipel espagnol des Canaries, un record en une seule journée, à bord de neuf embarcations surchargées parties de Mauritanie.
À la suite de ce drame, l’Espagne a annoncé une série de mesures pour contenir le flot d’immigrants mauritaniens qui tentent de gagner les îles Canaries.
Les autorités espagnoles ont également annoncé la mise en place de nouveaux centres de rétention, gérés par des organisations non-gouvernementales, sans préciser où ils seraient implantés.
«Comme tout le monde, nous sommes très inquiets de la situation en Mauritanie», a déclaré le porte-parole de la Commission européenne Friso Roscam Abbing.
«Nous devons être réalistes. Il y a une forte pression de l’immigration sur l’Union européenne, elle l’est depuis longtemps et elle ne va pas disparaître demain», a-t-il ajouté.
Selon les estimations de la Croix-Rouge, plus de 1.000 immigrants africains sont morts depuis le début de l’année en tentant de pénétrer dans la «forteresse Europe».
Entre 10.000 et 15.000 immigrants originaires d’Afrique noire se trouvent aux abords du port de Nouadhibou, dans le nord de la Mauritanie, en attendant de trouver assez d’argent pour payer un passeur qui leur fera rejoindre l’Espagne.
Le gouvernement des îles Canaries a demandé l’aide de Madrid et de l’Union européenne après l’arrivée d’un grand nombre de clandestins ces derniers jours : 330 pour la seule journée de mardi, 800 depuis samedi dernier.
Les Canaries sont la seconde porte d’entrée de l’immigration clandestine par voie maritime en Espagne, après le détroit de Gibraltar. L’île de Fuerteventura étant sous la haute surveillance d’un système de radars et caméras, les migrants partant de Mauritanie se rabattent désormais sur Tenerife ou Gran Canaria. Les voyages sont plus longs et plus périlleux.
Depuis plusieurs mois, les immigrés subsahariens qui souhaitent rejoindre l’Europe se massent dans la ville de Nouadhibou, au nord-ouest de la Mauritanie.
Le week-end dernier, une embarcation, partie de Nouadhibou (extrême nord-ouest du pays) vers les îles Canaries, avec 45 clandestins subsahariens à son bord, a fait naufrage à cause d’une panne de moteur.
Immigration : l’Europe dans l’impasse
En Europe, l’immigration est un dossier très épineux. L’Union européenne n’arrive toujours pas à trouver une politique commune pour gérer les flux humains et lutter contre l’immigration clandestine. Les pays européens semblent divisés et continuent à gérer le dossier de façon individuelle. La régularisation en Espagne de près de 700.000 étrangers sans papiers a suscité de vive critique. Certains Etats membres ont dénoncé cette décision unilatérale. L’Espagne n’est pas à vouloir faire cavalier seul. C’est le cas notamment de la France avec le fameux plan de l’immigration choisi du ministre de l’Intérieur français Nicolas Sarkozy. Ce dossier ne cesse de se compliquer vu que les Européens ont de plus en plus peur de l’étranger. Pas uniquement des Africains ou Arabes, mais aussi des travailleurs qui immigrent au sein même de l’Union.
Il suffit de rappeler l’épisode du «plombier hollandais» qui a provoqué des inquiétudes chez de nombreux Français touchés par un chômage qui se situe aux alentours de 10% de la population active.
Par : Rachid Abbar avec Agences
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