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L’otage français en Irak

«Je m’appelle Bernard, j’ai 52 ans. Je suis Français, de Lyon.» Deux petites phrases, des images en noir et blanc. Les premières nouvelles depuis trois semaines. La vidéo diffusée mercredi soir par la chaîne satellitaire Al-Arabiya et authentifiée hier par le ministère français des Affaires étrangères, confirme que Bernard Planche a été enlevé vivant de son domicile de l’ouest de Bagdad. Et que le quinquagénaire – qui, selon les autorités françaises, travaillait pour l’ONG «AACCESS» comme ingénieur hydraulique – est selon toute vraisemblance toujours en vie.

Exigence saugrenue

«Cette vidéo reste une nouvelle positive», commente Christian Chesnot, journaliste et ex-otage en Irak pendant près de quatre mois. Les ravisseurs – qui se présentent comme «le bataillon de la vigie pour l’Irak» (un groupe jusqu’alors inconnu) – menacent néanmoins d’exécuter le Français si Paris «ne met pas fin à sa présence illégitime en Irak». Une exigence bien saugrenue eu égard à la position française résolument contre la guerre en Irak.

Jusqu’ici silencieux en raison de la «nécessaire discrétion» dans ce genre d’affaire, le ministre des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, a lancé hier un message aux ravisseurs: «Je rappelle que la France n’a pas de présence militaire en Irak et qu’elle a toujours plaidé pour que ce pays soit restauré dans sa pleine souveraineté.»

Les exigences du «bataillon de la vigie pour l’Irak» seraient un leurre, un enrobage, une diversion, confie-t-on sous couvert d’anonymat: «Ils veulent du fric.» Les motivations des ravisseurs ne seraient donc en rien d’ordre politique mais crapuleuses. Le florissant marché des otages susciterait chaque jour de nouvelles vocations en Irak. «S’il est impossible pour quelque pouvoir d’Etat de reconnaître le versement d’une rançon, on ne peut cacher que les prises d’otages ont bel et bien un coût et un coût de plus en plus élevé», écrit Richard Labévière, journaliste spécialiste des questions liées au terrorisme qui cite un haut fonctionnaire de la cellule de crise ayant œuvré à la libération de notre consœur Florence Aubenas en juin dernier.

Au-delà des motivations des ravisseurs, la faible mobilisation autour du cas de Bernard Planche pose également de cyniques questions. Sur le marché des otages, le cours d’un ingénieur est-il inférieur à celui d’un journaliste? La profession d’ingénieur ne suscite-t-elle pas la même empathie de la part
du public? L’opinion est-elle «lasse» du chaos irakien? Ou alors, comme on le laisse entendre de part et d’autre, «on ne sait pas exactement ce que
Bernard Planche faisait en Irak».

Imprudence

Au lendemain de son enlèvement, les autorités françaises n’avaient pas hésité à mettre en cause l’imprudence de l’ingénieur, qui vivait seul et sans garde. Selon l’ambassade de France à Bagdad, Bernard Planche «avait été mis en garde à plusieurs reprises, sans résultat, au cours des derniers mois». Quoi qu’il en soit, la diplomatie française se retrouve avec, sur les bras, un dossier des plus délicats.

Source : Tribune de genève

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