Information ou intox ? Le chef de l’Etat-major israélien, le général Dan Halouz, a écarté une opération militaire «à court terme», mais il ne l’a pas formellement exclue : «Je ne pense pas qu’une intervention militaire contre les installations nucléaires de l’Iran soit nécessaire à court terme», a-t-il déclaré à la radio israélienne. «Aucune menace ne pèse contre l’existence d’Israël aussi longtemps que l’Iran ne dispose pas de l’arme nucléaire», a-t-il ajouté. «Ils (les Iraniens) sont décidés à se doter de cette arme, mais s’ils y parviennent, nous ne serons pas les seuls à être visés, et nous devrons alors envisager de nous défendre», a ajouté le général.
Cette déclaration mi-figue mi-raisin, qui se veut apaisante, est étayée par d’autres réactions de responsables politiques, lesquels décèlent à travers l’information du «Sunday Times» une ruse électoraliste, lâchée en pleine campagne pour en tirer le meilleur. L’inflation impressionnante de déclarations alarmistes concernant l’Iran, affirme-t-on, peut s’expliquer par les législatives toutes proches. «Ce ne serait pas la première fois que l’Iran joue un rôle central dans une campagne électorale israélienne. En 1996, Shimon Pérès avait usé du même stratagème vite démenti par la réalité».
Résultat: il avait perdu face à Natanyahu.
Des politologues plus avertis pensent, au contraire, que la menace israélienne est très sérieuse et qu’il est parfaitement possible que des avions, frappés de l’étoile de David, bombardent, à la date prévue, lesdites installations iraniennes, comme ils l’ont fait, en 1981, contre la centrale irakienne d’Osirak. D’autres analystes voient dans la «fuite» de l’information du «Sunday Times» un moyen de forcer l’Occident, par troïka européenne interposée, à agir contre Téhéran. En d’autres termes, «si les Occidentaux ne font rien pour bloquer le programme nucléaire iranien, nous passerons à l’offensive».
L’Etat hébreu se trouve, paradoxalement, en position de «légitime défense» pour frapper le pays de Omar Al-Khayam et de khawarizmi. Ahmadinejad, le bouillonnant président iranien, n’a-t-il pas offert un prétexte en or massif au général de Tel-Aviv qui médite, depuis longtemps, à «crever l’abcès» et à en découdre, une bonne fois pour toutes, avec les ayatollahs de Téhéran ? Par ses déclarations spartiates et «antisémites», le chef de l’Etat iranien visait, en vérité, trois objectifs : 1) Détourner les regards des Iraniens et faire oublier à ceux-ci-la crise économique ainsi que la pollution qui ravage Téhéran ; 2) Gagner le soutien des masses arabo-musulmanes sur le dossier du nucléaire iranien ; 3) Pousser les diplomates iraniens modérés à démissionner. Il a fini par «mettre le pied dans le plat», ce que Ariel Sharon, vieux renard rusé et rapace, a saisi au vol.
Israël ne cesse de multiplier des déclarations alarmantes sur le danger que représente l’Iran pour la survie de l’Etat hébreu et ses «intérêts vitaux». Pour les stratèges de Tel-Aviv, l’Iran possèderait d’ici 2008, c’est-à-dire au plus tard dans deux ans, la bombe nucléaire, si l’Occident ne l’en empêche pas.
Une telle éventualité serait selon eux, catastrophique pour Israël : elle permettrait de rompre sa suprématie militaire. La bombe atomique iranienne renforcerait la position de la Syrie et des Palestiniens qui durciraient leur ligne de conduite dans les négociations et sur le terrain. Ce faisant, elle mettrait un terme à la liberté de décision absolue dont jouit le gouvernement israélien aujourd’hui, face à ses adversaires. La bombe iranienne créerait un état de psychose permanente en Israël, ce qui pousserait de nombreux Israéliens à quitter le pays, en quête de sécurité et de paix. La possession de cette arme par Téhéran relancerait également la course nucléaire dans le monde arabe : l’Egypte, l’Arabie Saoudite, l’Algérie et d’autres chercheraient à s’en doter.
La menace, selon les mêmes stratèges, est également d’ordre économique : un Iran nucléaire dominerait l’OPEP et mettrait l’économie mondiale en danger. Ce qu’ils ne disent pas, c’est que l’Etat israélien possède, lui, en plus des 250 à 400 bombes atomiques, des armes chimiques et biologiques secrètes, autrement plus dévastatrices. Une source militaire européenne proche de l’OTAN vient d’en faire la révélation.
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