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L’ex-numéro 2 syrien suscite l’émoi au Liban

SéISME, TSUNAMI : les commentateurs n’ont pas de mots suffisamment forts pour décrire l’interview accordée vendredi soir par Abdel Halim Khaddam à la chaîne al-Arabiyya. «Le public libanais – et arabe – a rarement été aussi massivement scotché aux écrans de télévision», écrit le quotidien An Nahar.

En déclarant que Bachar el-Assad lui a confié avoir menacé Rafic Hariri, affirmant qu’il «(écraserait) tous ceux qui (lui) désobéiront», l’ancien vice-président syrien apporte de l’eau au moulin de tous ceux qui sont convaincus de l’implication au plus haut niveau du régime de Damas dans l’attentat à la voiture piégée du 14 février dernier à Beyrouth.

D’après Khaddam, en exil à Paris depuis le mois de juin, le président Assad a eu tort de soutenir sans réserve l’ancien chef des renseignements syriens à Beyrouth, Rustom Ghazalé, qui n’hésitait pas, selon lui, à insulter les responsables libanais et a pioché 35 millions de dollars dans une banque libanaise. Le chef de l’Etat syrien a eu également tort de s’être laissé manipuler par les services libanais et le président Emile Lahoud qui voulaient écarter Rafic Hariri. Au-delà de «l’échec» de la politique syrienne au Liban, l’ancien numéro deux du parti Baas a aussi critiqué la politique interne du président Assad, accusé de ne pas avoir entamé les réformes nécessaires dans son pays.

«Son témoignage accorde de la crédibilité à l’enquête internationale», a assuré le chef druze Walid Joumblatt. «Le régime syrien tombera et les criminels seront découverts l’un après l’autre», a ajouté l’ancien allié de Damas à l’époque où Abdel Halim Khaddam était lui-même aux commandes de la politique syrienne au Liban, sous la présidence de Hafez el-Assad, qui y a déployé ses troupes dès 1976.

Pour Al Hayat, l’enquête internationale «entre dans une nouvelle phase» après les déclarations de l’ancien haut responsable syrien. Le nouveau chef de la commission internationale, le magistrat belge Serge Brammertz, qui prend ses fonctions à la mi-janvier, devrait entamer son programme de travail par l’audition de Khaddam, estime le quotidien panarabe.

Son prédécesseur, Detlev Mehlis, a conclu dans deux rapports d’étape à des «preuves convergentes» sur l’implication des services de renseignements syriens et libanais dans l’assassinat de Rafic Hariri. D’après Khaddam, les services de sécurité syriens n’auraient pas pu commettre ce crime sans l’aval du président Bachar al-Assad. La Syrie, qui rejette en bloc ces accusations, se dit outrée par les propos de son ancien dirigeant. Le Parlement syrien a voté à l’unanimité une motion afin qu’il soit «traduit en justice pour trahison».

Motivations politiques ?

L’ancien vice-président a été écarté de ses fonctions en juin dernier, à l’occasion du dixième congrès du parti Baas. Ses déclarations ont aussi été accueillies avec scepticisme par ceux qui y décèlent surtout des motivations politiques. «Il n’apporte aucun élément matériel. Son témoignage suscite surtout des questions sur les motifs de ce déballage, plutôt que sur le fond», commente un observateur.

Lefigaro

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