Alvaro Iranzo était le chef de la délégation espagnole à la réunion euro-africaine sur l’immigration clandestine tenue à Dakar et qui a adopté le plan d’action sur la migration de l’Afrique vers l’Europe.
Elaboré par le Maroc, l’Espagne et la France, ce plan d’action, préparatoire à la Conférence ministérielle sur la «Migration et le développement» qui aura lieu les 10 et 11 juillet à Rabat, prévoit des mesures allant du rapatriement des clandestins à la réalisation de projets de développement. L’objectif est de fixer les populations du sud de la Méditerranée dans leurs pays avec des programmes qui favorisent leur épanouissement.
Le plan d’action, qui sera soumis à l’adoption de la Conférence euro-africaine de Rabat, met ainsi l’accent sur des «actions rapides et tangibles» devant être déployées dans les pays d’origine, de transit et de destination des migrants pour juguler le flux de clandestins.
Il propose également des campagnes d’information et de sensibilisation pour les migrants potentiels sur «les risques de l’immigration illégale». Au plan de la lutte transfrontalière, le texte recommande un «renforcement» des capacités de contrôles des frontières des pays de transit et de départ ainsi qu’une «amélioration» de la formation des services de contrôles et leur dotation en équipements adéquats.
Il propose également d’équiper les Etats africains de bases de données numérisées et de systèmes d’alerte précoce inspirés des modèles européens, sur les activités des organisations criminelles de passeurs. Il insiste sur la nécessité de renforcer la coopération judiciaire et policière entre les Etats contre la traite des êtres humains et contre les filières d’immigration clandestine.
Il préconise la création d’un Observatoire euro-africain de la migration en vue de permettre une meilleure connaissance et une régulation des flux migratoires. Outre les mesures répressives, le texte propose «une amélioration» de la coopération économique et «un développement» du commerce dans les pays d’origine, afin de mettre sur pied des projets «générateurs d’emplois» tels l’agriculture, l’artisanat, le tourisme ou encore la pêche.
Il propose aussi des appuis techniques aux migrants souhaitant développer des projets dans leur pays d’origine et «l’élargissement» des filières universitaires et techniques en coordination avec les besoins du secteur privé des marchés africains et européens.
Pour le chef de la délégation marocaine, Youssef Amrani, ambassadeur, directeur général des relations bilatérales au ministère des Affaires étrangères et de la Coopération, «si l’on ne s’attaque pas aux causes, on ne trouvera pas de solution». La nouveauté, ont déclaré des délégués à Dakar, c’est que les pays d’origine, de transit et de destination, s’associent pour trouver des solutions. «Cela nous concerne tous.
Nous avons besoin d’une réponse globale», a déclaré Amrani. Selon lui, la réunion de Rabat est appelée à donner le coup d’envoi à une coopération «renouvelée» entre l’Europe et l’Afrique et à un partenariat «novateur» permettant de tracer le cadre futur d’une coopération qui soit à la mesure des enjeux présents et à venir.
La Conférence de Rabat vise à inscrire la problématique migratoire dans un contexte de coopération entre les pays émetteurs, de transit et d’accueil, à travers la création d’instruments financiers novateurs en vue d’encourager le développement économique de l’Afrique. Elle ambitionne en particulier d’impulser la coopération en matière de renforcement des capacités financières, logistiques, techniques, matérielles et humaines dans le but de maîtriser les flux migratoires.
Annoncée en mars dernier par le Premier ministre, Driss Jettou, à Bruxelles, à l’issue d’un entretien avec José Manuel Barroso, président de la Commission européenne, la Conférence de Rabat doit réunir les pays émetteurs, de transit et d’accueil des migrants.
Entre-temps, une délégation d’eurodéputés entame, dès aujourd’hui, une visite de trois jours aux Canaries pour se rendre compte de la situation sur les îles espagnoles qui font face à une vague d’immigrés clandestins venus d’Afrique de l’Ouest, suite au renforcement, fin 2005, des contrôles au Maroc et sur la côte sud de l’Espagne.
Le record pour l’archipel, qui s’était établi à 9.929 arrivées illégales pour toute l’année 2002, est assuré d’être pulvérisé dès la première moitié de 2006, avec déjà près de 9.000 personnes accueillies en cinq mois.
LE MATIN