L’état-major algérien intervient dans les dissensions internes du polisario

Les milices du polisario sont devenues un véritable terreau de trafic de drogue, de denrées alimentaires et d’immigration clandestine, chose qui inquiète sérieusement les observateurs internationaux qui considèrent désormais le sud algérien comme une terra nullus : c’est en substance ce que le général Gaid Salah a lancé aux dirigeants polisariens, lors d’une réunion à laquelle Mohamed Abdelaziz a également assisté.

La quasi-totalité des dirigeants militaires du polisario, présents à cette rencontre, ont convenu que les principaux responsables de ce chaos qui sévit dans les rangs des milices ne sont autres que leur propre président, Mohamed Abdelaziz, et le ministre de la Défense, Ould El Bouhali, ancien adjudant dans l’armée algérienne. Ces deux hommes, inutile de la rappeler, sont extrêmement proches du régime algérien. Mohamed Abdelaziz a complètement perdu son sang-froid face à ces salves de critiques acerbes et on ne peut plus directes, qualifiant ses détracteurs de tribalistes.

En tout cas, à la suite de cette réunion élargie, tenue avec tous les responsables militaires du polisario, Gaid Salah a eu un tête-à-tête, de plus de trois heures, avec Mohamed Abdelaziz. Ce dernier aurait été sommé d’opérer des changements profonds, puisque la quasi-totalité des chefs militaires semblent refuser catégoriquement l’autorité du ministre de la Défense, Ould El Bouhali. Gaid Salah aurait même clairement proposé d’écarter momentanément cet Algérien de nationalité, et rappeler des personnes comme El Ghali ou encore Biadillah Ibrahim, alias Krikaou, commandant de la deuxième zone militaire.

Ce dernier, avec plusieurs autres chefs militaires, s’étaient déjà rebellés contre Ould El Bouhali, l’accusant de corruption, de vol et d’enrichissement personnel au détriment des souffrances et des peines des séquestrés dans les camps de Tindouf.

Par cette décision de réhabiliter ces deux personnes, le but du régime algérien n’est évidemment pas d’en finir avec le trafic de drogue et d’immigration clandestine.

En fait, l’objectif recherché est d’atténuer la colère grandissante au sein des camps de Tindouf, puisque El Ghali et Krikaou sont d’un point de vue tribal beaucoup plus représentatifs. Aussi, Gaid Salah a promis de doubler le salaire des miliciens et de leur procurer toute la logistique nécessaire.

Et pour cause, le chef d’Etat major de l’ANP a découvert, lors de son déplacement, que seuls 30% des miliciens répondaient à l’appel. Ils sont tous atteints d’une maladie nécessitant un suivi médical régulier (hypertension, ulcère, hémorroïdes, diabète…). Quant aux autres 70 %, ils s’adonnent en toute quiétude à des trafics en tout genre. Le message transmis par Gaid Salah reflète une réelle inquiétude d’un retour en masse vers le Maroc des membres des milices polisariennes, en réponse à l’appel lancé par Feu Hassan II : la patrie est clémente et miséricordieuse.

Il va sans dire qu’Alger veille, à tout prix, à mettre sous perfusion l’appareil militaire du polisario, exploitable diplomatiquement le cas échéant. C’est le cas d’ailleurs pour les prochains jours où le projet d’autonomie proposée par le Maroc et qui sera soumis au Conseil de sécurité, risque éventuellement d’être chahuté par des opérations militaires du polisario.

Selon les mêmes sources, l’idée d’une autonomie élargie commence à séduire énormément certains dirigeants du polisario. Mais l’Algérie la rejette catégoriquement. En d’autres termes, pour Alger, les Sahraouis ne sont qu’un outil d’hégémonie et qu’aucune solution ne peut être acceptée par le polisario sans l’aval de Gaid Salah.

Cette situation de soumission totale à la bonne volonté algérienne commence à irriter certains dirigeants du polisario. Ces derniers craignent maintenant pour leur vie, car bon nombre d’entre eux ont déjà entrepris des démarches pour assurer à leur famille une issue sécurisée de ce pétrin.

Abdelmohsin El Hassouni

LE MATIN

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