Le gouvernement et le chef de l’Etat «portent l’entière responsabilité des tensions sociales», a affirmé l’intersyndicale dans une déclaration publiée samedi soir à l’issue d’une troisième journée nationale de manifestations, dont elle a souligné la «formidable ampleur».
« En cas d’obstination, le gouvernement serait responsable de tous les débordements qu’il pourrait y avoir », a souligné Nicolas Gourc au nom de l’UNL, la principale organisation lycéenne, lors d’une conférence de presse.
Si nécessaire, l’appel à une journée de grève interprofessionnelle sera à l’ordre du jour dès lundi soir, ont précisé à Reuters les délégués de la CGT et de Force ouvrière.
Officiellement, aux termes de sa déclaration, l’intersyndicale se dit «résolue à obtenir le retrait du CPE» et annonce qu’elle se réunira lundi soir «pour décider des suites à donner à ce grand mouvement unitaire».
« C’est bien évidemment un ultimatum » au gouvernement, a déclaré René Valadon, secrétaire confédéral de Force ouvrière, lors d’une conférence de presse.
« Le gouvernement et le président de la République ont 48 heures pour décider de la seule chose qui nous guide, c’est le retrait du CPE et rien d’autre», a-t-il ajouté.
Le mot « ultimatum » a également été prononcé par le secrétaire général de la CFTC, Jacky Dintinger, et par Maryse Dumas, secrétaire confédérale de la CGT.
La CFDT a pris ses distances sur ce point. «Ce n’est pas un ultimatum, c’est le contraire », a déclaré à Reuters son secrétaire national Rémi Jouan.
« Je trouve que c’est une chance (à saisir pour le gouvernement).
Plutôt que de décider d’aller encore plus loin dès ce soir, on laisse le gouvernement respirer », a-t-il ajouté.
« Il faut qu’il prenne lui-même la mesure, il faut que les préfets lui fassent remonter les chiffres (des manifestations) pour qu’il ait vraiment le temps de comprendre ce qui s’est passé. »
« Si lundi soir il (le gouvernement) n’a toujours pas réagi, on sera obligé de continuer. On est déjà dans le mouvement et on continuera ce mouvement.» Certaines organisations de l’intersyndicale auraient souhaité annoncer une nouvelle date de mobilisation nationale dès samedi soir. La fédération lycéenne FIDL avait évoqué le 23 mars, jour où plusieurs syndicats du secteur de l’énergie ont prévu une journée d’action contre la fusion Suez-GDF.
Au sein de l’intersyndicale, tous s’accordaient samedi soir à estimer que l’unité du front anti-CPE tenait bon. La plupart des responsables syndicaux, représentants de salariés comme d’étudiants, ont insisté sur le fait qu’ils n’avaient pas eu de contact avec le gouvernement au cours des dernières heures.
«Dès lundi matin, nous pensons qu’il faut qu’il y ait des débats et des assemblées dans les entreprises, les lycées, les universités pour que la poursuite du mouvement soit dans les mains de tous», a déclaré à Reuters Maryse Dumas, secrétaire confédérale de la CGT.
Reuters