Après le premier tour, les adversaires de M. Ahmadinejad avaient évoqué des bourrages d’urnes, des achats de voix, des pressions sur les électeurs et la mobilisation en sa faveur de l’armée idéologique et de la milice islamiste. Cette passe d’armes entre le ministère de l’intérieur – réformateur – et le Conseil des gardiens est significative des tensions au sein du régime, exacerbées par l’incertitude totale du scrutin.
BARRIÈRE CONTRE L’EXTRÉMISME
C’est une compétition très serrée, mais je crois que je suis de peu en tête, a dit M. Rafsandjani, après avoir voté dans le nord de Téhéran. Si Dieu veut, ce jour marque le début d’une nouvelle ère dans la vie politique de la nation iranienne, a répondu Mahmoud Ahmadinejad, pressé par une foule compacte d’hommes et de femmes en tchador avant de voter dans une mosquée de l’est de la capitale. Je suis fier d’être le petit serviteur, le balayeur des rues de la nation iranienne, a-t-il lancé à des partisans exaltés, avant de rendre hommage à l’imam Khomeyni et ses fidèles et aux martyrs de l’islam et de la liberté.
M. Rafsandjani jouit de sa stature d’ancien homme d’Etat et des appels à faire barrage à l’extrémisme. Il s’est aussi posé comme le mieux à même de restaurer les liens avec les Etats-Unis. Mais les manières simples de M. Ahmadinejad, sa réputation de bon musulman et son discours populiste promettant de redistribuer au peuple la richesse nationale lui ont attiré une forte sympathie dans les milieux défavorisés. Ils ont contre-balancé l’image que donnent ses adversaires de cet ancien membre des forces spéciales de l’armée idéologique exaltant la pureté des premières années de la révolution.
M. Rafsandjani a redit vouloir empêcher que l’extrémisme s’installe dans le pays. La liberté est le don plus précieux fait par Dieu à la nation iranienne, nous voulons répandre la liberté sous toutes ses formes, et nous jouirons de la plus grande liberté économique, sociale et politique, a répondu M. Ahmadinejad.
source:lemonde