A un moment où la majorité est divisée sur la question, le président a aussi lancé un appel appuyé au Congrès lui demandant de renouveler les 16 dispositions de la loi antiterroriste (dite Patriot Act) qui arrivent à expiration à la fin de l’année, y compris celle, particulièrement controversée, qui permet au FBI de surveiller ce qu’empruntent les citoyens dans les bibliothèques sans mandat judiciaire.
La presse a poliment couvert le discours du président. Les photographes se sont rués pour saisir la poignée de mains entre M. Bush et son ministre de la justice, l’attorney général Alberto Gonzales, dont le nom est cité pour une nomination à la Cour suprême (ce qui irrite les conservateurs chrétiens, qui le trouvent trop mou sur l’avortement).
Mais les journalistes étaient surtout intéressés par l’e-mail publié, dimanche, par Newsweek , et trahissant le fait que Karl Rove a bien parlé à un journaliste au moins de ce qui est devenu l’affaire des fuites, à savoir le fait qu’une agente de la CIA a été démasquée. Ce qui est un crime aux yeux de la loi.
E-MAIL AUTHENTIFIÉ
L’affaire remonte à 2003, lorsque les Etats-Unis s’efforçaient de convaincre que Saddam Hussein essayait de se procurer des tubes d’aluminium au Niger pour ses programmes d’armement. Un diplomate, Joseph Wilson, était allé en Afrique vérifier les informations recueillies. Il était revenu bredouille, ce qui n’avait pas empêché la Maison Blanche d’utiliser les tubes d’aluminium comme un élément à charge contre les Irakiens. Une source anonyme avait alors révélé au moyen d’une fuite que sa femme, Valerie Plame, travaillait pour la CIA. Depuis deux ans, un procureur spécial s’efforce d’identifier l’auteur de la fuite. Le 6 juillet, il a fait incarcérer, pour quatre mois, la journaliste du New York Times Judith Miller, qui avait été mise au courant de l’identité de Valerie Plame, parce qu’elle refuse de livrer sa source.
L’avocat de Karl Rove n’a pu que confirmer l’authenticité de l’e-mail, tout en soulignant que Karl Rove n’a pas, à proprement parler, dit le nom de l’espionne mais a seulement révélé qu’elle était l’épouse de Joseph Wilson .
Pressé de questions, le porte-parole de la Maison Blanche, Scott McClellan, a refusé de faire le moindre commentaire tant que l’enquête est en cours . Depuis deux ans, il répétait que M. Rove n’avait rien à voir avec ces fuites, mais n’a pas jugé bon de répéter ce commentaire.
source:lemonde