En tout, ce sont quelque 6.000 militaires de trois brigades qui sont mobilisés pour cette première phase du déploiement.
Par ailleurs, un bâtiment de la marine de guerre libanaise a accosté au port de Tyr avec, à son bord, 210 soldats, huit véhicules blindés et trois camions militaires qui viennent renforcer les forces déjà déployées dans la région de Tyr. «Le gouvernement a décidé d’envoyer 15.000 hommes au sud du Litani pour reprendre le contrôle de la région frontalière avec Israël, qui lui échappe depuis près de 40 ans.»
Pour sa part, l’armée israélienne a transféré depuis mercredi à la Force intérimaire des Nations unies (Finul) la moitié des zones qu’elle occupe dans le sud du Liban. Une porte-parole de l’armée a indiqué que parmi les 30.000 soldats déployés, «toutes les unités de réservistes ont quitté le Liban».
Interrogée sur la suite du retrait, la porte-parole a expliqué qu’il «s’agissait d’un processus qui se déroulerait par étapes».
«En principe, toute l’opération devrait prendre quelques jours, mais tout dépendra de la capacité de la Finul et de l’armée libanaise à prendre le contrôle de l’ensemble du sud du Liban», a ajouté la porte-parole.
Elle a également indiqué que le blocus maritime et aérien imposé au Liban par l’armée israélienne sera maintenu en vigueur «jusqu’à ce que le gouvernement et l’armée libanaise prouvent qu’ils sont en mesure d’empêcher le transfert d’armes destinées au Hezbollah». «La résolution 1701 prévoit un retrait progressif des troupes israéliennes du Liban sud et le déploiement en parallèle de 15.000 soldats libanais appuyés par la Finul, qui doit passer de 2.000 hommes actuellement à 15.000.»
A Beyrouth, le Premier ministre libanais Fouad Siniora a déjeuné en compagnie des chefs des diplomaties française, turque, malaisienne et pakistanaise, «dont les pays se disent prêts à contribuer à la mise sur pied du contingent international dont Paris pourrait prendre le commandement.» Mais l’Etat juif a refusé toute participation de troupes venant de pays avec lesquels il n’entretient pas de relations. Cela «exclurait Kuala Lumpur ou Djakarta, qui a aussi proposé sa contribution à hauteur d’un millier d’hommes.»
L’Allemagne et le Maroc n’ont pas exclu d’y participer mais ne se décideront pas avant de connaître la nature exacte de la mission impartie à cette Finul nouvelle version.
Les premiers éléments d’une force de l’ONU renforcée sont attendus au Liban «en début de semaine prochaine», a annoncé hier le commandant des Casques bleus au Liban, le général Alain Pellegrini.
«La nouvelle Finul sera très différente de l’ancienne. La vieille Finul est morte. Elle sera plus forte, avec plus d’effectifs et de nouvelles règles d’engagement», a-t-il ajouté. Interrogé sur la durée du retrait des forces israéliennes en parallèle avec le déploiement dans le sud du Liban de l’armée libanaise qui a débuté hier, le général a dit avoir «bon espoir que cela ne prenne pas plus d’une quinzaine de jours».
Le commandant de la Finul a souligné que le désarmement du Hezbollah n’était pas du ressort des Casques bleus mais il a évoqué la possibilité que le parti chiite retire ses armes au nord du fleuve Litani.
Le chef de la diplomatie française a, par ailleurs, exhorté les autorités israéliennes à lever le blocus imposé au Liban au début du conflit, mais l’Etat juif n’entend pas y renoncer tant que des mesures empêchant le Hezbollah de se réarmer n’ont pas été mises en œuvre.
Deux navires chargés de 90.000 tonnes de carburants ont néanmoins reçu l’autorisation d’accoster, ce qui permettra d’enrayer en partie la pénurie engendrée par 33 jours d’une guerre qui a fait 1.110 morts côté libanais et 157 côté israélien.
Enfin, le ministre israélien de la Défense, Amir Peretz, a par ailleurs annoncé la nomination d’une commission, composée de responsables civils et militaires, chargée d’enquêter sur les causes et la conduite de la guerre au Liban. Elle devra rendre un rapport dans trois semaines, mais on ignore si ses conclusions seront contraignantes.
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Deux premiers vols de passagers atterrissent à Beyrouth
Un premier vol de passagers de la compagnie libanaise Middle East Airlines a atterri jeudi à l’aéroport de Beyrouth, en provenance d’Amman, après avoir reçu l’autorisation de se poser de la part d’Israël, qui maintient en principe son blocus aérien du Liban.
Un appareil de la Royal Jordanian, également en provenance de la capitale jordanienne, devait atterrir ensuite sur l’aéroport de Beyrouth, cible de bombardements aériens israéliens au lendemain du déclenchement de l’offensive contre le Liban le 12 juillet.
«Un avion de la Middle East Airlines venant d’Amman s’est posé à 13h00 locales», a déclaré un responsable de l’aéroport. «Un autre avion de passagers venant d’Amman doit atterrir dans une demi heure», a-t-il ajouté.
Il s’agit des deux premiers vols de passagers vers l’aéroport de Beyrouth depuis les bombardements. Ils interviennent au quatrième jour d’une trêve fragile ayant mis fin à 34 jours d’hostilités entre Israël et le Hezbollah libanais, conformément à la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’Onu.
Plusieurs avions transportant de l’aide humanitaire de pays arabes, de pays occidentaux et d’organismes de l’Onu ont atterri sur l’aéroport, fermé au trafic passagers, durant cette période, avec l’accord d’Israël.
Israël, qui maintient en principe un blocus aérien et maritime imposé peu après le début de son offensive contre le Liban, a dit avoir autorisé les vols.
La levée du blocus est prévue par la résolution 1701. «Les deux vols de passagers ont été coordonnés avec nous» et ont reçu l’autorisation d’atterrir, a affirmé un porte-parole de l’armée israélienne à Jérusalem.
Le porte-parole a ajouté que trois vols humanitaires et deux vols militaires libanais arriveraient également de Jordanie jeudi.
R.T. avec agences
LE MATIN