Les routes ont été barrées par des pneus incendiés, les voitures en stationnement ont été vandalisées et les commerces ont quasiment tous baissé les rideaux.
Pour instaurer le calme, les autorités algériennes ont également renforcé la présence des services de sécurité dans la ville. Ces renforts proviennent essentiellement des wilayas du nord pour parer à toute éventualité et assurer la sécurité des biens et des personnes, explique la presse algérienne. Selon la presse algérienne, quelques responsables locaux avaient donné des promesses et des garanties aux manifestants pour la libération de tous les détenus. Des informations rapidement démenties par un responsable gouvernemental qui a affirmé : En aucun cas je ne pourrai interférer dans les décisions de justice. Une telle proposition est insensée mais toujours est-il que ces prisonniers peuvent user de leur droit de faire appel. A noter que la presse algérienne assure que des coupures d’électricité sont à l’origine de ses manifestations ayant causé de graves dégâts matériels non encore chiffrés. Un peu plus au sud, à 400 km de Béchar, dans le village de Tabelbala, un autre mouvement de protestation a éclaté.
Les manifestants contestant la distribution de logements ont carrément incendié le siège de la mairie. Ceci, sans parler des troubles ethniques qui se multiplient dans les villages Touaregs. Ces derniers, des tribus amazighes extrêmement bien organisées, se disent victimes d’une véritable ségrégation de la part des autorités centrales d’Algérie.
Pour faire diversion, le gouvernement algérien a rapidement pris l’initiative, dimanche dernier, d’éteindre un ancien feu, dans l’une des régions les plus sensibles du pays : la Kabylie. Dans un communiqué, le Conseil du gouvernement a souligné que les institutions locales kabyles sont de nature à perturber le fonctionnement des collectivités territoriales concernées et à entraver leur développement. Cette dissolution était l’une des revendications d’un mouvement de protestation qui a éclaté en Kabylie en 2002 et qui avait appelé au boycott des élections locales d’octobre de la même année. Plusieurs mairies étaient alors restées sans élus alors que d’autres ont eu des assemblées élues avec un taux de participation atteignant rarement 10%. En fait, le bras de fer que se livraient le gouvernement, d’une part, et les représentants des tribus kabyles (les Ourouchs) semble tourner en faveur de ces derniers. Surtout ceux qui ont opté pour le dialogue avec les autorités algériennes. En se lançant dans la bataille électorale, les responsables des Ourouchs risquent d’être courtisés par tous les partis politiques. On se dirige donc vers une autonomie de fait dans la Kabylie. Ce schéma risque de se reproduire dans des régions où le tribalisme est toujours solidement ancré dans les us et coutumes des habitants. Le cas des Touaregs est éloquent. Ils ont, eux-aussi, un leader politique et social : l’Akhmoukh.
Depuis l’indépendance, les autorités algériennes ont mis en place une véritable politique d’humiliation à l’égard de l’Akhmoukh. Ses moindres faits et gestes sont surveillés. Malgré un siège au Parlement algérien (un siège qu’il doit à ses tribus) l’Akhmoukh est carrément incapable d’entrer en contact avec des puissances étrangères. Et pour cause, avant l’indépendance de l’Algérie, en 1962, un projet de création d’un Etat Targui a rapidement été avorté. Depuis, les autorités françaises semblent avoir oublié l’idée. La nouvelle donne à l’échelle internationale, surtout la montée en force de l’influence américaine dans la région, risque de remettre l’autodétermination du peuple targui sur le tapis du droit international. L’organisation d’un référendum, sous les hospices de l’Organisation des Nations unies, serait le seul moyen de savoir si oui ou non les Touaregs, peuple amazigh du Sahara central, souhaitent rester Algériens ou fonder leur propre Etat souverain et prospère dans le cadre du Grand Maghreb.
source:aujourdhui