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La spirale de la violence en Algérie s’amplifie

Les islamistes se heurtent à la résistance des généraux, lesquels incitent à la confrontation pour déstabiliser le chef d’Etat et faire chuter sa popularité. Celle-ci est d’ailleurs en déclin depuis sa maladie , avec un semblant de reprise l’été dernier, le tout accompagné d’une diplomatie fluctuant selon le cours du pétrole.

Le plus surprenant est qu’un gradé aussi emblématique que Nezzar ait annoncé cette reprise de la violence, sous les coups de boutoir d’un groupe, le GSPC, accusé d’entretenir des liens avec Al Qaïda. Ce même général qui avait démis Chadli en janvier 1992.

Ceci prouve, de toute évidence, une volonté délibérée de préparer l’opinion internationale à de nouvelles violences.

En tout état de cause, le sentiment qui prévaut chez les représentants de la société civile est celui d’une grande confusion et d’une extrême lassitude face à une situation qui semble, à court terme, tout au moins bloquée.

Pour l’instant, les autorités algériennes tiennent un discours contradictoire sur la nature de ces tueries et essaient même de faire croire que ce nouveau contexte sanglant n’a pas de dimension politique et qu’il n’est pas lié à la réconciliation nationale .

Et comme par le passé, les assassinats s’inscrivent dans une pratique bien établie. Leur fréquence, qui monte crescendo, et leur concentration géographique soulèvent des questions graves quant à l’incapacité apparente ou à la réticence de l’armée et des forces de sécurité à prendre des mesures adéquates pour protéger la population.

On finira par croire que tout est monté en épingle. Aujourd’hui, l’embrasement n’est plus de mise. Même les micro-révoltes de la population se sont banalisées en raison de la cherté du coût de la vie. (Un kilo de pommes de terre coûte 75 dinars.) Les jacqueries sont tues, actuellement, à coup de bastonnade et d’arrestations, souvent suivies de peines de prison ferme. Une expression de ras le bol pour ces laissés-pour-compte.

En effet, la misère frappe durement les démunies, un tiers de la population vit sous le seuil de pauvreté dans ce pays aux richesses pétrolières et gazières immenses. Un nouvel eldorado qui, avec 60 milliards de dollars de réserves en devises, affiche une santé financière insolente.

Et en dépit d’un accord entre gouvernement, syndicat et patronat, 37.000 travailleurs dans diverses entreprises publiques n’ont pas toujours perçu de salaires depuis plusieurs mois. Une situation qui perdure en raison des tergiversations d’Al Mouradia et ce, malgré les promesses tenus par le gouvernement Belkhadem.

En somme, l’Algérie continue de vivre une succession d’impasses dont la responsabilité incombe entièrement au Pouvoir d’autant plus que jamais les conditions socio-économiques de la population ne se sont détériorées aussi gravement et de manière aussi accélérée que durant ces derniers mois.

L’incompétence des décideurs politiques, leur mépris du citoyen, l’arbitraire institutionnalisé, l’impunité et la corruption sont à l’origine de cette nouvelle spirale de violence.

Elle profite aux opérateurs économiques qui, en l’absence d’institutions démocratiques véritables pouvant constituer un contre-pouvoir réel, se comportent en hommes d’affaires sans scrupules.

Totalement indifférents aux souffrances de la population, leur seule préoccupation est de se maintenir au pouvoir coûte que coûte même au prix de la destruction du pays et de la dislocation sociale. C’est ce qui se passe actuellement.

Latifa Cherkaoui
LE MATIN

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