« C’est une compétition très serrée, mais je crois que je suis de peu en tête », a dit le candidat pragmatique Akbar Hachémi Rafsandjani, après avoir voté dans le nord de Téhéran. « Si Dieu veut, ce jour marque le début d’une nouvelle ère dans la vie politique de la nation iranienne », a répondu Mahmoud Ahmadinejad, pressé par une foule compacte d’hommes et de femmes en tchador quand il est arrivé pour voter dans une mosquée de l’est de la capitale. « Je suis fier d’être le petit serviteur, le balayeur des rues de la nation iranienne », a-t-il dit à des partisans exaltés avant de rendre hommage à « l’imam Khomeiny et ses fidèles » et aux « martyrs de l’islam et de la liberté ». 47 millions d’Iraniens de plus de 15 ans ont le choix dans ce second tour entre l’ancien Pt Rafsandjani, M. Ahmadinejad, maire de Téhéran, et l’abstention. Avec cette élection, sur laquelle plane un fort soupçon de fraude, l’Iran pourrait prendre deux cours opposés après les années de relative mais incontestable réforme sous Mohammad Khatami : celui de la modération politique et de la détente avec l’Occident en la personne de M. Rafsandjani, celui de la radicalisation avec M. Ahmadinejad. Selon tous les observateurs, les deux hommes seraient au coude à coude. M. Rafsandjani jouit de sa stature d’ancien homme d’Etat et des appels à faire barrage à l’extrémisme. Les manières simples de M. Ahmadinejad, son image de bon musulman et son discours populiste promettant de redistribuer au peuple la richesse nationale lui ont attiré une forte sympathie dans les milieux défavorisés.Les premiers résultats devraient être connus tôt samedi.Plus les Iraniens seront nombreux à voter, « plus fort » sera le président « pour les amis et contre les ennemis » de la République islamique, a déclaré le guide suprême, le tout puissant ayatollah Ali Khamenei à l’adresse évidente du président américain qui a contesté avec virulence la régularité de l’élection et la légitimité du régime. Il a exprimé sa « confiance » pour que le second tour se déroule de manière honnête.« Tous les organes sont prêts pour empêcher la fraude », a assuré le président sortant Mohammad Khatami au moment de voter, tout en reconnaissant certains « manquements éthiques qui ont pu, passagèrement », troubler les esprits. Selon un de sescollaborateurs,Rafsandjani a veillé à ce qu’il y ait un ou deux de ses observateurs dans pratiquement chacun des bureaux. « Après ce qui s’est passé au premier tour (…) j’espère que cette élection sera plus propre », a dit M. Rafsandjani. Il s’est à nouveau posé en candidat de la modération, pour « empêcher que l’extrémisme ne s’installe dans le pays ». Ahmadinejad s’est défendu d’être un extrémiste. « La liberté est le don plus précieux fait par Dieu à la nation iranienne, nous voulons répandre la liberté sous toutes ses formes, et nous jouirons de la plus grande liberté économique, sociale et politique », a-t-ildit
.Les Occidentauxs’inquiètent qu’une élection de M. Ahmadinejad n’annonce un durcissement du régime et une remise en cause du dialogue crucial sur le nucléaire. « Il n’y a pas de raison de s’inquiéter », a répondu M. Khatami en signifiant que les décisions stratégiques étaient prises de manière collégiale « au plus haut niveau ».
source:lopinion