En même temps, il teste le terrain pour voir s’il peut revenir dans le jeu à l’occasion de la prochaine présidentielle, affirme-t-il.
Pour l’analyste réformateur Hamid Reza Djalaïpour, M. Khatami serait avant tout préoccupé par la situation économique, avec une croissance trop faible et une fuite des cerveaux et capitaux vers l’étranger.
Il s’inquièterait aussi de la politique étrangère musclée de M. Ahmadinejad, que ce soit sur le programme nucléaire controversé de l’Iran ou sur la disparition d’Israël .
Khatami a l’impression que sa politique de détente et d’établissement de la confiance a été abandonnée, remarque M. Djalaïpour.
Le religieux, que de nombreux partisans avaient jugé trop prudent pendant sa présidence, s’en est aussi pris au puissant Conseil des gardiens, un organe chargé de filtrer les candidatures aux mandats électifs de député ou de président.
Les réformateurs craignent que le Conseil, qui compte douze membres, disqualifie à nouveau nombre de leurs candidats, comme il l’avait fait en 2004.
Quel droit avons nous de décider à la place de l’électorat, et d’empêcher la candidature de personnes qui ont la confiance du peuple simplement parce que six ou douze personnes (au Conseil, ndlr) ne sont pas d’accord, a demandé M. Khatami dans un de ses récents discours.
Mais sa première cible reste M. Ahmadinejad, dont le slogan de justice sociale a servi, selon lui, à répandre la pauvreté, et son gouvernement qu’il a accusé de trafiquer les statistiques pour diminuer les chiffres de l’inflation.
Il a aussi appelé les Iraniens à la vigilance face aux risques qu’encourt l’Iran sur la scène internationale, avec des sanctions ou une possible intervention militaire.
L’ex-président a reçu un accueil chaleureux à l’Université de Téhéran, où il avait subi en décembre 2004 les quolibets d’étudiants déçus par ses modestes réformes.
Porté par un puissant soutien populaire, notamment chez les jeunes, lors de son élection en 1997, sa volonté de changement s’était heurtée au conservatisme de nombreux organes du pouvoir.
Malgré cela, M. Djalaïpour estime qu’il existe encore un grand intérêt pour ce qu’il a à dire.
Même s’il n’a pas pu remplir tous ses engagements, il s’est plutôt bien débrouillé avec l’économie, où il n’avait rien promis, ajoute-t-il.
Cette fois, les réformateurs tablent sur un rejet de la politique de M. Ahmadinejad pour séduire les électeurs qui les avaient abandonnés par dépit aux dernières élections.
Pour M. Mohebian, M. Khatami agite les menaces pesant sur l’Iran pour mobiliser son électorat, car les réformateurs savent que l’aile conservatrice a un réservoir d’électeurs et que, si la participation est faible, ce seront eux (les conservateurs) qui l’emporteront.
Les réformateurs doivent mobiliser les classes moyennes s’ils veulent gagner, ajoute-t-il, alors que M. Ahmadinejad devrait cibler les couches populaires.