Dans son discours consacré à l’Afrique prononcé à Washington, le président américain a annoncé que sur les quatre prochaines années, nous allons fournir 400 millions de dollars pour former un demi-million d’enseignants et donner des bourses scolaires à 300 000 jeunes, essentiellement des filles. Nous devons donner aux filles en Afrique une chance d’échapper à l’exploitation et de décider de leur propre avenir, a-t-il déclaré, demandant au Congrès américain de débloquer à cette fin 55 millions de dollars sur les trois prochaines années.
M. Bush a également annoncé qu’il allait demander à ses partenaires du G8 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon, Grande-Bretagne et Russie), lors de leur sommet du 6 au 8 juillet à Gleneagles (Ecosse), de se joindre à une initiative internationale pour lutter contre la malaria. Sur les cinq prochaines années, avec l’approbation du Congrès, nous dépenserons plus de 1,2 milliard de dollars pour cette campagne, a souligné M. Bush. La Maison Blanche a précisé qu’une partie de cette somme sera versée au Fonds mondial déjà mis en place pour lutter contre les pandémies en Afrique.
VAINCRE LA PAUVRETÉ GRÂCE À UN PARTENARIAT
Le premier ministre britannique Tony Blair, hôte du G8, a fait de l’aide à l’Afrique l’un des thèmes principaux du sommet. George W. Bush avait déjà annoncé en recevant M. Blair à la Maison Blanche, début juin, une aide d’urgence de 674 millions de dollars à l’Afrique, notamment pour lutter contre les pénuries alimentaires dans la Corne de l’Afrique. Après des années de colonisation, de marxisme et de racisme, l’Afrique est au seuil de grands progrès, a encore affirmé le président américain.
Mais vaincre l’extrême pauvreté demande un partenariat, pas le paternalisme. Le développement économique n’est pas quelque chose que nous faisons pour les pays concernés, c’est quelque chose qu’ils font avec nous. Leurs dirigeants doivent jouer le rôle principal pour favoriser les réformes et les progrès et ne pas recevoir passivement de l’argent, a affirmé M. Bush. Lors des décennies écoulées, nous avons appris que sans liberté économique et sociale, sans état de droit et sans des gouvernements efficaces et honnêtes, l’aide internationale n’apporte pas beaucoup de bénéfices et a peu d’impact.
LES ONG DUBITATIVES
Jeudi, les organisations non gouvernementales se montraient quelque peu dubitatives face aux annonces du président américain, tout en saluant sa volonté d’augmenter l’aide américaine. Les déclarations du président Bush aujourd’hui dénotent une vision courageuse d’un partenariat pour l’Afrique conforme aux valeurs défendues par les Etats-Unis et aux buts pour l’Afrique mais l’argent n’est pas là pour réaliser cette vision, a estimé dans un communiqué le directeur exécutif de DATA (Debt, Aids, Trade, Africa), Jamie Drummond. Nous devons nous assurer que ces nouvelles promesses ne se font pas aux dépens de grandes autres promesses, a-t-il ajouté. Le doublement annoncé est réel mais il ne semble consister entièrement que de la réalisation de précédentes promesses et il faut s’assurer que les nouvelles ressources annoncées viennent véritablement s’ajouter, a-t-il ajouté.
Ann-Louise Colgan, une responsable de l’organisation Africa Action, a affirmé dans un communiqué que la politique africaine de l’administration Bush se fait davantage remarquer pour son aspect relations publiques que par ses bénéfices pour le continent africain.Aucune des promesses de nouveaux financements pour l’Afrique émanant de la Maison Blanche ne s’est matérialisée et l’agenda du président pour le G8 ne soutient pas les efforts des pays africains pour combattre la pauvreté et favoriser le développement, a ajouté Ann-Louise Colgan dans un communiqué.
source:lemonde