Eclairage: viol et meurtres en Irak

POINT DE VUE

« Les moyens qu’il faut »

Délinquants, de nombreux éléments de l’armée américaine le sont. Délinquante, l’armée américaine l’est aussi au regard du droit international. Au croisement de ces violations, de nombreux scandales dont celui d’Abou Ghraib qui a révélé aux yeux du monde les horribles agissements de soldats américains humiliant et torturant, pour le plaisir, des prisonniers irakiens.

Loin d’être un cas isolé, cette affaire reflète les nombreuses exactions commises par les soldats américains. Dernier épisode en date, une affaire des plus macabres impliquant un soldat de la 101e division aéroportée des Etats-Unis.

Arrêté en Caroline du Nord, Steven Green, 21 ans, est accusé d’avoir tué en mars 2006 quatre membres d’une même famille irakienne près de Mahmoudiyah, au sud de Bagdad, afin de violer une jeune fille. L’homme, qui risque la peine de mort, comparait cette semaine devant la justice.

Ce n’est pas la première fois que des crimes contre des civils irakiens sont rapportés et font l’objet d’une enquête de la part de l’armée américaine. Celle-ci vient d’en achever une – dont les conclusions n’ont pas encore été rendues publiques – concernant le massacre de Haditha en novembre 2005.

Contraints d’étaler leur linge sale devant les tribunaux, les responsables américains minimisent la responsabilité de l’armée dans ces affaires. Mais certains journaux américains n’hésitent pas à pointer du doigt cette institution qui tenterait souvent de dissimuler ses « dommages collatéraux ».

Il y a quelques mois, le New Yorker rapportait que la campagne de torture de l’armée américaine entrait dans le cadre de directives secrètes élaborées selon un schéma établi au lendemain du 11 septembre 2001 par les instances militaires américaines les plus importantes.

Le projet serait né lors de la guerre d’Afghanistan. Donald Rumsfeld et son entourage auraient, à l’époque, décidé d’utiliser « les moyens qu’il faut » pour faire avancer leur « guerre contre le terrorisme ».

En usant de ces moyens – si tel est le cas-, en envahissant en toute illégalité l’Irak et en instaurant un état d’exception qui viole les conventions de Genève dans divers coins du monde, le gouvernement des Etats-Unis se place hors-la-loi.

La justice de ce pays vient d’ailleurs de pointer du doigt les excès de pouvoir de l’administration Bush. Dans une décision rendue le 26 juin 2006 au sujet des tribunaux militaires d’exception pour les détenus de Guantanamo, la Cour suprême des Etats-Unis a jugé que le président américain avait outrepassé ses pouvoirs.

Si la délinquance de certains soldats est rattrapée par la justice, celle de l’Etat reste en instance, faute notamment d’une véritable justice internationale.

Saïd Raïssi

menara.ma

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