Mardi 22, le journal britannique le Daily Mirror publiait une histoire explosive comprenant de nombreuses implications sur le caractère et les intentions du président américain dans sa guerre contre le terrorisme. Cette histoire éclaire aussi sous un autre jour les bombardements des bureaux d’Aljazeera à Kaboul et à Bagdad.
24 heures après, le Mirror et tous les autres journaux britanniques étaient muselés, sous peine de poursuite judiciaire (Section 5 Acte lié aux Secrets Administratifs)
Ensuite, le Daily Mirror a été contraint d’abandonner la publication de la suite de ce rapport classé “ Top secret” ,qui révélait qu’en 2004 Bush voulait bombarder une télévision arabe, en l’occurrence la chaîne qatarie Aljazeera. Tony Blair l’aurait soi-disant empêché de le faire. Le Qatar, est un pays ami des Etats Unis, c’est là que se trouve le commandement central militaire américain pour les opérations menées en Irak depuis le début de la guerre.
Contre attaquant, la Maison blanche a qualifié l’article du Daily Mirror de bizarre. Mais si tel est le cas, on peut se demander pourquoi le gouvernement britannique s’est subitement mise en mode gestion de crise non seulement en engageant des poursuites judiciaires contre deux fonctionnaires David Keogh et Leo O’Connor accusés des fuites, mais aussi en menaçant de poursuites les éditeurs des journaux britanniques, une première historique selon la presse britannique. Si l’histoire racontée par le Daily Mirror est fausse, pourquoi le gouvernement britannique n’y apporte pas un démenti formel pour clore l’affaire.
Aljazeera, encore sous le choc d’une telle menace de destruction, demande au gouvernement britannique de publier l’intégralité de ce mémo, demande qui est raisonnable compte tenu de la gravité de ses implications.
Depuis le début de la guerre d’Irak, le nombre de journalistes tués a dépassé celui de ceux tués pendant la Deuxième Guerre Mondiale. Certains faits et certaines déclarations émanant des autorités américaines semblent corroborer l’idée que les journalistes sont pris volontairement pour cible
[b]Des faits troublants[/b]Pendant l’invasion américaine de l’Afghanistan, Les bureaux d’Aljazeera à Kaboul ont été bombardés. Certains journalistes sont convaincus qu’ils l’ont été parce que la chaîne est perçue par l’administration américaine comme étant du mauvais côté (celui qui ne soutient pas inconditionnellement la stratégie expansionniste de l’Empire)
En avril 2003, pendant la guerre d’agression américaine contre l’Irak, le bureau d’Aljazeera à Bagdad a été touché par un missile américain. Un caméraman de la chaîne, Tariq Ayoubi a été tué et son assistant, Zuhair Al-Iraqi blessé. Selon l’éditeur en chef de la chaîne, des témoins ont affirmé avoir vu l’avion survoler la zone résidentielle où se trouvait le bureau à deux reprises avant de larguer la bombe. Le Pentagon connaissait exactement l’emplacement de ce bureau. En effet, après les évènements de Kabul, la chaîne s’est appliquée systématiquement à transmettre les coordonnées de son QG aux forces américaines. Le même jour que le bureau d’Aljazeera était bombardé à Bagdad, celui d’une autre chaîne arabe celle d’Abu Dhabi, l’était également.
Autre fait troublant : avant même l’invasion de l’Irak, l’ancienne correspondante de guerre de la BBC Kate Adie, l’une des journalistes les plus respectées de la profession, a dit à la radio irlandaise que le Pentagon avait menacé de tirer sur les paraboles de liaison satellitaire des journalistes indépendants à Bagdad. Adie, qui a questionné l’un des responsables du Pentagon sur les conséquences de ces actions s’est entendu répondre :et alors, ils ont été prévenus.
De plus, l’ancien directeur de CNN, Eason Jordan, a été forcé de démissionner suite à une déclaration qu’il avait faite au Forum Economique de Davos, affirmant qu’il savait que 12 journalistes avaient été tués par les forces de la coalition en Irak.
Comme ces collègues de CNN, April Oliver, Peter Arnett, de même que l’ex productrice de CBC Mary Mapes, Jordan en critiquant l’armée américaine avait enfreint ce qui était autorisé et il devait être démis.
[b]Mais quels sont les motifs qui pourraient pousser l’Administration Bush à vouloir détruire Aljazeera ?[/b]Il suffit de lire certaines remarques faites par certains hauts responsables de celle-ci.
En juin de cette année, le secrétaire à la Défense américain, Donald Rumsfeld a accusé Aljazeera de ternir l’image des Etats-Unis jour après jour.
En 2004, dans son discours de l’Etat de l’Union, Bush en se referant à Aljazeera et à d’autres stations arabes a parlé de propagande de haine venant du monde arabe.
Au sujet de la pacification de la ville irakienne de Fallujah quand Aljazeera a rapporté que les marines américains avaient tué des centaines de civils, selon ce mémo à peine dévoilé, cela aurait provoqué chez Bush le désir d’en finir avec la chaîne. Rumsfeld lui déclarait : Ce que je peux dire c’est que ce que fait Aljazeera est vicieux, inexact et inexcusable. Depuis, avec ce qui a été révélé sur l’utilisation par les troupes américaines contre les résistants mais aussi contre les civils de bombes au phosphore blanc un produit chimique particulièrement dangereux qui brûle les corps rongeant la chair jusqu’au os, qu’est ce qui est inexcusable ?
En mars 2003, le Général Abizaid s’en est pris au reporter d’Aljazeera lors d’une conférence de presse parce que la chaîne avait montré des marines capturés par les militaires irakiens assis buvant le thé. Abizaid a qualifié le reportage de complètement inacceptable, dégoûtant. Un journaliste américain lui a alors demander s’il fallait classer Aljazeera comme media ennemi.
En mars 2002, Dick Cheney, vice président américain a dit, en parlant de cette chaîne, qu’elle courait le risque d’être cataloguée comme étant la fenêtre d’0sama Ben Laden sur le monde extérieur.
Les raisons ne manquent pas pour une attaque par l’armée américaine contre Aljazeera et en interdisant la publication de ce mémo les britanniques essaient de couvrir les américains.
Ceux qui prétendent à la pointe du fusil apporter la liberté au Moyen Orient, censurent leurs propres journalistes, envisagent même de bombarder une chaîne de TV qui appartient à l’un de leurs alliés arabes des plus zélé. Aljazeera emploie des journalistes professionnels venant des quatre coins du monde, inclus quelques uns anciennement employés à la BBC. Ces personnes ne sont ni des agents secrets, ni du personnel militaire. Ils essaient simplement de faire leur travail de journalistes en racontant ce qui se passe réellement sur le terrain en Irak aux 50 millions de téléspectateurs fidèles à cette chaîne.
Si les Etats-Unis avaient bombardé la chaîne qatarie, l’aurait-il mis sur le compte de Zarqawi ?
Et si le Qatar, dont l’émir est propriétaire de la chaîne, ne réagit pas, peut -on désormais considérer ce pays comme occupé ?
[img]http://www.voltairenet.org/IMG/cache-370×245/arton131414-370×245.jpg[/img]Sources américaines et britanniques