Les trois bombes ayant visé le métro londonien ont explosé en fait à quelques secondes d’intervalle, aux alentours de 8 h 50, a expliqué le numéro 3 de Scotland Yard, expliquant que les enquêteurs avaient modifié leur reconstitution chronologique des attentats au vu de nouvelles données et de certains témoignages. Si l’on prend en compte le fait qu’elles ont été quasi simultanées, à 50 secondes selon nos estimations, cela tendrait à indiquer qu’il s’agissait de minuteries plutôt que de bombes qu’ils ont déclenchées manuellement. Mais nous n’excluons aucune possibilité, a-t-il poursuivi. Une quatrième bombe a explosé à bord d’un autobus à impériale près de la gare de King’s Cross à 9 h 47.
LES FAMILLES ATTENDENT LES IDENTIFICATIONS
Aucune des personnes tuées dans les attentats n’avait encore été formellement identifiée samedi en milieu de journée, a déclaré le commissaire Jim Dickie, de la police métropolitaine de Londres. Jusqu’ici, nous n’avons aucun élément nous permettant d’identifier la moindre des victimes des attentats, a déclaré le numéro 2 de Scotland Yard, ajoutant que le processus d’identification des corps devait commencer cet après-midi.
Le commissaire Dickie a détaillé les différentes étapes de ce processus. Les enquêteurs vont étudier les empreintes digitales des victimes, leurs dents, et leur ADN. Les vêtements, bijoux et lunettes sont considérés comme des éléments d’identification secondaires.
La police a ajouté que treize corps avaient été extraits de l’autobus de Tavistock. Ces corps, certains profondément mutilés, ont été transportés dans une morgue temporaire.
Et alors que des dizaines de familles éplorées continuaient à rechercher des nouvelles de proches disparus, la police a par ailleurs précisé qu’elle ne savait toujours pas combien de corps étaient encore prisonniers dans la rame de métro explosée alors qu’elle circulait entre les stations de King’s Cross et Russell Square, dans un tunnel particulièrement étroit, à 30 m de profondeur.
Il est très difficile de dégager les corps, a expliqué le chef de la police britannique des transports, Andy Trotter. La chaleur et la poussière rendent les conditions de travail des enquêteurs particulièrement difficiles, il fait extrêmement chaud dans le tunnel, a-t-il affirmé.
Au moins 21 personnes restaient introuvables samedi. Informaticien, coiffeur, comptable, étudiante, âgés de 20 à 47 ans, la plupart se rendaient au travail, devaient emprunter le métro. Leurs photos, souriantes, s’affichaient dans les journaux et sur des affichettes placardées en différents endroits de la ville. Parmi ces disparus, un jeune Français, Ihab Slimane, 24 ans, dont le père est venu spécialement à Londres, pour faire le tour des hôpitaux.
Le fait que Londres ait été frappé par cette vague d’attentats ne signifie pas que nous n’aurons pas un nouvel attentat, a déclaré samedi Andy Trotter, chef adjoint de la police des transports, alors même que les Londoniens s’appliquaient à retrouver un semblant de vie normale.
Le premier ministre britannique, Tony Blair, a salué samedi leur grande résistance et répété que les Britanniques ne se laisseraient pas terroriser par le terrorisme. Mais dans Oxford Street, principale artère commercante du centre-ville, les soldes n’attiraient pas la foule des grands jours, témoignant du traumatisme persistant, 48 heures après le drame.
DEUXIÈME REVENDICATION AU NOM D’AL-QAIDA
Après une première revendication samedi par une Organisation Al-Qaida/Djihad en Europe, ces attentats ont de nouveau été revendiqués samedi par un groupe affirmant appartenir à la mouvance terroriste d’Oussama Ben Laden, le même groupe qui avait revendiqué les attaques dans des trains à Madrid le 11 mars 2004 (191 morts).
Cette deuxième revendication est signée des Brigades Abou Hafs al-Masri – Division d’Europe, du nom d’un chef d’Al-Qaida tué en Afghanistan, qui s’était également attribué le double attentat d’Istanbul en novembre 2003 (25 morts). Un groupe de moujahidine (combattants) d’une division des Brigades Abou Hafs al-Masri a frappé coup sur coup dans la capitale infidèle, la capitale des Anglais, faisant des tués et des blessés, lit-on dans le communiqué, daté du 9 juillet.
Les autorités britanniques avaient affirmé vendredi prendre très au sérieux la première revendication liant les attentats à Al-Qaida, en raison même de l’organisation de ces attentats : opérations simultanées, visant à tuer un maximum de personnes.
Samedi, Scotland Yard s’est refusée à confirmer des informations de presse selon lesquelles elle aurait demandé aux polices européennes des renseignements sur un Marocain résidant en Grande-Bretagne, Mohammed Al-Guerbouzi, qui a disparu de son domicile au nord-ouest de Londres. Il est soupçonné d’être l’un des chefs du Groupe islamique combattant marocain (GICM), auquel sont imputés les attentats du 16 mai 2003 à Casablanca (Maroc) et du 11 mars 2004 à Madrid.
Le Quai d’Orsay a mis un numéro de téléphone à la disposition des Français : 0-800-174-174.
source:lemonde