Le quotidien remarque que sur ce total, la proportion des détenus terroristes, dits spéciaux, est en forte baisse. Par contre, les pensionnaires de droit commun connaissent une augmentation inquiétante. Une situation qui ne peut s’expliquer que par l’essor de la délinquance et de la criminalité en Algérie.
La forte hausse du nombre des détenus s’accompagne de terribles conditions carcérales, observe «Liberté». En effet, très loin des normes internationales, les prisons algériennes sont surpeuplées. Ainsi, l’espace réservé à chaque détenu n’excède pas 1,86 mètre carré, alors que le standard européen prévoit 12,2 m2.
Des pénitenciers plus que d’autres sont confrontés à cette congestion. À elle seule, la maison d’arrêt d’El-Harrach, à Alger, accueille 2.500 incarcérés, dont 40% environ ont moins de 27 ans. La prééminence des jeunes est symptomatique de leur difficulté sociale. Notons que la prison d’El-Harrach est l’une des prisons les plus surpeuplées.
Par ailleurs, la moitié des individus en détention actuellement sont des récidivistes. L’absence de mécanismes de réinsertion les empêche de retourner sur le droit chemin. En revanche, la prison constitue pour eux l’école du crime par excellence. Ceci en dépit des aménagements introduits en faveur de la réforme qui tendent à prévenir la contagion des primaires par les récidivistes en les séparant. Des castes y ont été créées en tenant compte de la nature de la peine, mais également de l’âge. À leur tour, les condamnés définitifs sont isolés des prévenus, souvent en grand nombre.
L’une des raisons de la congestion des prisons semble résider dans le recours abusif à la détention préventive. Alors que cette mesure devrait avoir un caractère exceptionnel, en Algérie, c’est une règle. Des avocats et des défenseurs des droits de l’Homme sont unanimes pour dénoncer cet usage abusif. Plus d’un tiers de la population carcérale est formé de prévenus.
Consciente de cette réalité, la chancellerie a instruit les magistrats afin d’éviter au maximum le recours au mandat de dépôt.
Le désengagement des prisons a motivé, quant à lui, une série de mesures. Au chapitre droit, la nouvelle loi pénitentiaire favorise le recours à la liberté conditionnelle. Les grâces décidées régulièrement par le président Bouteflika sont de nature également à alléger la pression sur les centres de détention.
Reste à savoir si ces nouvelles dispositions seront appliquées en bonne et due forme.
Sur les 127 prisons algériennes, 59 datent du XIXe siècle et 36 ont été bâties entre 1900 et 1962. Le fameux plan quinquennal prévoit la construction de 42 pénitenciers d’une capacité de 36.000 places à l’horizon 2009. La réalisation de ces infrastructures aboutira à la fermeture des plus anciennes, dont celle de Serkadji, en plein centre d’Alger.
source:aujourdhui