L’incertitude demeure, par ailleurs, sur le sort du petit détachement de quatre hommes des forces spéciales américaines porté disparu depuis une semaine dans cette zone où la rébellion anti-gouvernementale est très active. Lundi soir, la BBC, citant des sources militaires, a annoncé que deux membres de l’équipe américaine disparue étaient morts, qu’un troisième avait été secouru, et que le sort du quatrième restait incertain. Mardi, le New York Times a également indiqué, citant une source haut placée du Pentagone, que les corps de membres du détachement des forces spéciales avaient été récupérés.
L’équipe avait disparu dans la province de Kunar, montagneuse, difficile d’accès, proche du Pakistan et où la rébellion anti-gouvernementale, notamment celle des talibans, mène une guérilla ponctuelle et meurtrière depuis la chute des talibans, à la fin 2001. Epaulée par les forces afghanes, l’armée américaine y mène depuis plusieurs semaines une opération baptisée Aile rouge (red wing) destinée, selon ses termes, à mettre fin aux activités terroristes. La cible des bombardements de vendredi était ainsi une base opérationnelle pour les actions terroristes.
DES PLANS POUR UN REDÉPLOIEMENT GÉNÉRAL
Muette sur le sujet ces derniers jours, l’armée américaine est sortie de son silence, lundi soir, pour confirmer qu’elle avait récupéré un des disparus. L’homme a été transporté à la base de Bagram, a été soigné et est en condition stable, indique un communiqué. L’armée américaine a, en revanche, démenti les deux morts donnés par la BBC, indiquant que les opérations destinées à secourir le reste de l’équipe, dont le sort reste inconnu, se poursuivent. Mardi 28 juillet, un hélicoptère américain venu à sa rescousse avait été abattu par un tir de roquette revendiqué par les talibans, tuant ses seize occupants.
Ces événements interviennent alors que la perspective d’une réorganisation des forces armées en Afghanistan se rapproche. Selon le quotidien Liberation, les militaires français pourraient voir la région de Kaboul placée sous leur responsabilité, dans le cadre d’une réorganisation globale du dispositif de sécurité en Afghanistan. Une répartition géographique du territoire se substituerait aux opérations Enduring freedom (dirigée par les Américains) et ISAF (International security assistance force) : les Allemands seraient en charge du nord du pays, les Italiens et les Espagnols de l’ouest, les Canadiens et les Britanniques du sud, les Américains de l’est (la zone la plus dangereuse), le centre et la région de Kaboul étant assignés aux Français et peut-être aux Turcs.
Par ailleurs, selon le Financial Times, le ministère britannique de la défense aurait élaboré des plans pour un redéploiement général de ses troupes d’Irak en Afghanistan, dans les dix-huit prochains mois. La première étape de ce redéploiement des forces armées alliés, le plus grand depuis la guerre en Irak, pourrait avoir lieu cet automne et la sécurité d’au moins deux provinces méridionales du pays serait confiée aux Irakiens, écrit le quotidien. Ce mouvement pourrait coïncider avec un redéploiement des effectifs, de l’ordre de 3 000 hommes, vers l’Afghanistan. Interrogé sur cette information un porte-parole du ministère britannique de la défense s’en est tenu à la ligne officielle, affirmant que les forces britanniques seront positionnées en Irak aussi longtemps qu’elles seront nécessaires dans le soutien au gouvernement irakien.
Enfin, les six pays de l’Organisation de coopération de Shanghaï (OCS) ont demandé, mardi, que soit fixée la date du retrait des forces militaires internationales installées sur son territoire par la coalition antiterroriste opérant notamment en Afghanistan, en Ouzbékistan et au Kirghizstan. Les membres de l’OCS étaient réunis à Astana, au Kazakhstan, pour un sommet consacré en particulier à la sécurité en Asie centrale et à la stabilité régionale. Dans leur déclaration commune, les pays ont toutefois répété leur soutien aux opérations antiterroristes conduites par la coalition internationale en Afghanistan.
source:lemonde