S’adressant au Conseil législatif palestinien réuni à Gaza en séance extraordinaire, le successeur de Yasser Arafat a estimé que le départ des colons et des militaires israéliens accélérerait la marche vers un Etat indépendant.
Abbas, alias Abou Mazen, a rappelé les groupes radicaux armés à la trêve de facto acceptée à sa demande il y a six mois mais qui a été violée à plusieurs reprises depuis.
Nous ne voulons aucune provocation. Laissez-les partir, permettons-leur de partir, a martelé le président de l’Autorité autonome qui a décidé de rester à Gaza jusqu’à l’achèvement du retrait israélien.
Israël a menacé de riposter très durement, et même de réoccuper éventuellement une partie du territoire, si des éléments radicaux le harcelaient durant les opérations d’évacuation qui débuteront le 17 août.
Il est impérieux de s’assurer que le retrait se déroulera de façon civilisée pour prouver au monde que nous méritons notre liberté et notre indépendance, a souligné Abbas, dont le discours était radiotélévisé en direct.
Il a notamment mis en garde les Palestiniens contre la tentation de s’emparer des terrains évacués par les 8.500 colons juifs, dont les habitations seront rasées après leur départ par l’armée israélienne.
Abbas a en outre déconseillé à ses compatriotes toute réjouissance excessive lors de l’évacuation. Dans la matinée, des centaines de Palestiniens avaient manifesté devant la plus grande colonie de Gaza en scandant Aujourd’hui Gaza, demain Jérusalem!
Le président palestinien a par ailleurs annoncé que les élections législatives, initialement prévues le mois dernier, auraient lieu en janvier 2006.
Je vais prendre un décret aux fins d’organiser en janvier prochain les élections parlementaires. Nous choisirons une date précise, mais ce sera en janvier, a-t-il a dit.
LA PERTE D’INFLUENCE DU FATAH
Abbas avait reporté le scrutin il y a deux mois en arguant qu’il avait besoin de temps pour surmonter les dissensions internes palestiniennes sur une réforme du code électoral.
Le Conseil législatif a adopté peu après cette réforme mais, entre-temps, la tension est montée entre l’Autorité autonome, dominée par le Fatah, et le groupe intégriste Hamas.
Un dirigeant du Hamas qui a assisté au discours d’Abbas, Saïd Seyam, a déclaré que son mouvement aurait préféré que le scrutin se tienne cette année, mais qu’il y participerait quand même, pourvu qu’il ne soit pas une nouvelle fois ajourné.
Le Hamas a accusé Abbas de se livrer à des manoeuvres dilatoires afin de redonner vigueur à un Fatah en perte de vitesse, alors que le mouvement intégriste est de mieux en mieux implanté, notamment à Gaza.
Le Fatah, dont Abbas est un des cofondateurs aux côtés du défunt Arafat, est miné par la corruption, la mauvaise gestion, les dissensions internes et les dissidences armées.
Ces problèmes se sont traduits aux récentes municipales palestiniennes par une série de victoires du Hamas, qui participait pour la première fois à un processus électoral dans le cadre du régime d’autonomie d’Oslo qu’il a toujours rejeté.
La perte d’influence du Fatah fait craindre à Israël que la bande de Gaza ne soit livrée aux bandes armées et au chaos après son évacuation.
L’Etat juif a exclu d’engager avec Abbas des pourparlers de paix s’il ne soumet pas les groupes radicaux et ne rétablit pas l’ordre dans le territoire.
Abbas, qui s’efforce d’éviter tout affrontement armé interpalestinien, avait proposé au Hamas de rallier un gouvernement d’unité nationale.
Mais le mouvement islamiste a décliné l’offre, le mois dernier, en exigeant la tenue préalable des législatives, auxquelles il espère faire un bon score.
Quelque 200 membres masqués et armés des Brigades des martyrs d’Al Aksa ont manifesté devant le siège du Conseil législatif, durant sa réunion, pour exiger la fin des arrestations dans ses rangs.
Les Brigades sont un mouvement armé issu de la base du Fatah durant la seconde intifada et leur insoumission traduit les difficultés qui attendent les forces de sécurité d’Abbas pour imposer l’ordre à Gaza à l’approche du retrait israélien.
source:lexpress.fr