Aux Etats-Unis, un projet de loi contre l’immigration clandestine a provoqué, ces derniers jours, des vagues de protestations sans précédent. Dans un pays où les manifestations sont rares, des centaines de milliers d’immigrants, essentiellement des «Latinos», sont descendus dans les rues d’une centaine de villes américaines pour réclamer une vaste réforme libérale de l’immigration et la régularisation des sans-papiers.
Les manifestants portaient des pancartes proclamant : «Aujourd’hui nous marchons, demain nous votons», «Nous sommes Américains» et «Ton dîner est probablement préparé par un immigrant près de chez toi».
La journée nationale d’action, organisée lundi 10 avril 2006 contre ce projet de loi répressif, a connu un grand succès. Ils étaient des centaines de milliers à rappeler que les Etats-Unis sont une «nation d’immigrants» et à s’opposer à un texte adopté par la Chambre des représentants en décembre. Un texte mettant en place une lutte répressive de l’immigration clandestine et selon lequel un séjour irrégulier n’est plus un délit, mais un crime.
Cette forte mobilisation est due à la tentative désordonnée du Congrès de s’attaquer à l’immigration clandestine. La semaine dernière, le Sénat s’est séparé pour les vacances de Pâques sans parvenir à adopter une loi de compromis, qui aurait offert une possibilité de régularisation aux travailleurs illégaux présents depuis au moins cinq ans dans le pays, soit 7 millions des quelque 11 millions de clandestins. L’aile conservatrice du Parti républicain ayant voulu durcir le texte, les démocrates lui ont retiré leur soutien.
Selon le projet, les immigrants qui peuvent prouver qu’ils résident aux Etats-Unis depuis plus de cinq ans, soit environ 7 millions de personnes, auraient droit à un titre de séjour de long terme (la fameuse carte verte) sans avoir à quitter le pays. S’ils parlent anglais et payent leurs arriérés d’impôts, ils pourraient même postuler à la nationalité américaine.
Ceux qui vivent aux Etats-Unis depuis plus de deux ans (2,5 à 3 millions de personnes) pourraient eux aussi demander un tel titre de séjour, mais seulement après être retournés à un poste frontière. Par ailleurs, un million et demi de travailleurs saisonniers seraient autorisés à travailler chaque année aux Etats-Unis.
Le compromis prévoit enfin l’impression de papiers infalsifiables, et il renforce la frontière du Sud en doublant le nombre des gardes-frontières sur cinq ans, et en mettant en place des caméras, des détecteurs et autres drones.
Pour le président américain, George W.Bush la situation est très délicate. En effet, pour un président au plus bas dans les sondages, il est difficile de défendre la régularisation des sans-papiers. En 2004, durant sa campagne de réélection, il avait évité d’aborder la question pour ne pas diviser son parti.
Tournés vers les élections de mi-mandat, qui verront en novembre le renouvellement de toute la Chambre basse et d’un tiers du Sénat, les parlementaires et les sénateurs dont les sièges sont en jeu, prennent en compte les soucis de leurs électeurs.
Par : Rachid Abbar avec Agences
Aujourdhui.ma