Une implantation révolutionnaire
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Il y a quelques mois, une petite fille abandonnée, âgé de 18 mois, provoquait un grand élan de solidarité. Aveugle, elle souffre d’une surdité profonde et bilatérale, une maladie qui touche 1 sur 100 000 naissances au Maroc. Sa seule chance de recouvrer un jour son audition est l’implantation cochléaire, une technique révolutionnaire qui consiste à implanter un implant cochléaire à l’intérieur de l’oreille interne. Le coût de cette intervention chirurgicale et de ses suites (suivi orthophonique, rééducation, etc) est très onéreux : il est d’environ 400 000 dirhams.
La plus grande partie de cette somme est représentée par l’implant lui-même, le reste couvre les frais de l’imagerie, de divers tests, les jours d’hospitalisation et de rééducation. En effet, le coût de l’implant cochléaire est de l’ordre de 300 000 dirhams. Pour financer l’opération, une formidable chaîne de solidarité s’était mise alors en place. Grâce à la générosité des associations et de l’équipe médicale du professeur chirurgien Abdelhamid Benghalem, la petite fille, qui n’a pas encore achevé ses deux printemps, a pu bénéficier de cette opération. Elle a été opérée vendredi dernier à la clinique Rachidi de Casablanca. « L’opération est une réussite. La fille se porte bien et devra bénéficier d’un suivi médical dans les prochains jours », se félicite Abdelhamid Benghalem, professeur chirurgien ORL et cervico-facial. Par ailleurs, l’implantation cochléaire, une technique révolutionnaire qui s’est avérée efficace pour aider les personnes sourdes à recouvrer leur audition et jouir d’une vie normale, avance à petit pas au Royaume. Depuis trois ans, uniquement 30 implantations ont pu être réalisées. Alors qu’en Europe, il y a entre 180 à 500 implantations annuelles. Les causes de ce retard sont multiples. «D’une part, le coût de l’opération est très prohibitif. Les mutuelles, les assurances et les organismes de prévoyance n’interviennent pas pour cet acte, excepté la mutuelle générale qui rembourse les 2/3 du coût de l’opération. », explique le professeur chirurgien A. Benghalem. Et d’ajouter : « le diagnostic précoce de la surdité est l’un des grands problèmes auquel le Maroc doit faire face. Malheureusement, il n’y a pas de politique de dépistage de la surdité au Maroc. Elle ne figure pas dans les priorités de la santé publique. La surdité doit être dépistée à la naissance comme n’importe quelle malformation, comme les luxations des hanches ou maladies congénitales, pour pouvoir agir vite. Ainsi, les résultats seront plus probants. Le dépistage s’effectue à l’aide d’un appareil automatisé, relativement cher. Les hôpitaux publics n’en disposent pas et encore moins les cliniques privées.». En principe, il y a deux types de dépistage : le dépistage universel et le dépistage ciblé. «Dans le premier cas, tout enfant qui naît subi un test médical de dépistage de la surdité. Alors que dans le second cas, uniquement les enfants dits à risque qui présentent d’autres malformations ou qui ont des ascendants sourds subissent l’examen», ajoute-t-il. Le manque de médecins et de personnel paramédical bien formés est une autre problématique. Malgré le coût élevé de l’implantation cochléaire, l’investissement en cette technologie est un gain. « En effet, cette intervention a révolutionné la prise en charge de la surdité. Les enfants sourds et muets sont placés auparavant dans des écoles conçues spécialement pour eux. Aujourd’hui, les enfants
qui ont subi une implantation cochléaire sont scolarisés dans des classes normales. Ils jouissent d’une vie normale. Grâce à cette technique, un enfant quasiment isolé de la société devient plus tard un membre capable de se prendre en charge et devient actif. C’est pourquoi, il faut contribuer au développement de cette intervention au Royaume pour faire bénéficier plusieurs personnes», souligne A. Benghalem.
Il convient de signaler que l’implantation cochléaire est indiquée exclusivement aux personnes présentant une surdité totale, profonde et bilatérale. « Deux situations sont envisageables. Cette opération est recommandée aux enfants qui n’ont jamais entendu. Par conséquent, ils n’ont pas encore parlé. Dans ce cas, l’implantation doit se faire avant 3 ans. Car à partir de cet âge, le centre cérébral de l’audition commence à s’atrophier et à être envahi par d’autres sens notamment de la vision. Si on implante la prothèse après 3 ans, les résultats ne seront pas probants. A l’âge de 6 ans, ils sont médiocres. L’implantation cochléaire est également prescrite aux enfants qui ont déjà entendu mais qui ont perdu soit progressivement soit subitement l’audition», précise le professeur A. Benghalem. «L’intervention chirurgicale n’est qu’une étape pour l’enfant en vue de recouvrer l’audition. L’étape post-chirurgicale est la plus importante.» conclue-t-il.
source:aujourdhui
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