Une idylle qui se termine dans le sang

En sortant pour voir ce qui se tramait, ils ont assisté à une terrible scène : une jeune fille gisant dans une mare de sang continuait à gémir. Le temps qu’un riverain de bonne volonté se saisisse de son GSM pour appeler les secours, la fille avait rendu l’âme. Et au lieu du célèbre numéro 15, il a fini par composer le 19. Les éléments de la police de Hay Hassani se sont dépêchés sur les lieux. Quelques secondes plus tard, ils ont été rejoints par les éléments de la PJ de Hay Hassani-Aïn Chock. Le constat d’usage qu’ils ont effectué ne leur a permis que de remarquer des blessures graves avec une arme contondante, un téléphone portable de la victime et aucun autre élément susceptible de l’identifier. Qui est-elle? Qui l’a poignardée à mort ? Pourquoi ? Pas de réponses. Les badauds qui s’attroupaient autour du cadavre n’ont révélé aucune information pouvant aider les enquêteurs à élucider l’affaire. Ces derniers ont pensé à recourir au répertoire de son téléphone portable. Mais, il s’est révélé nécessaire pour eux d’effectuer un ratissage de toute la maison pour chercher un indice leur permettant de déboucher sur une piste d’enquête convenable.

Sur la terrasse, il y a une seule chambre. Qui y habite ? Une locataire a affirmé aux enquêteurs que ledit cagibi était loué par un jeune qui ne s’y pointe que très rarement. S’y trouve-t-il ? «Je ne sais pas, mais j’ai entendu avant que je dorme vers 1 h du matin un vacarme qui en provenait», a-t-elle répondu. Aussitôt, un enquêteur s’est mis à taper à la porte qui, n’étant pas verrouillée, s’ouvre d’elle-même. À l’intérieur de la chambre, meublée de manière très sommaire, il n’y avait personne. En soulevant l’oreiller, un policier découvre un portefeuille contenant la CIN appartenant à Ahmed. K, né en 1983, sans profession, demeurant au quartier Yasmina. En arrivant à l’adresse notée sur la pièce d’identité, les enquêteurs s’étaient aperçus qu’il s’agissait d’un local commercial et non pas d’une demeure. «Ahmed est mon neveu, son père dispose d’un commerce au quartier Al Ousra», leur a déclaré le commerçant. Sans perdre de temps, les enquêteurs se sont dépêchés vers le commerce du père d’Ahmed. «Il est parti depuis le jour où nous avons eu un malentendu», leur a précisé ce dernier qui ajoute qu’il rend de temps en temps visite à sa mère demeurant au douar Lamkansa. En compagnie du père, la police s’y déplace pour apprendre qu’Ahmed venait de quitter les lieux. En lui tendant une souricière avec la complicité du père, les limiers sont arrivés à l’arrêter. Ce n’est qu’au commissariat de «Dar Al Hamra» qu’il apprend la mort de celle qui fut sa dulcinée. En quelques minutes, il déballe tout et surtout l’histoire d’une idylle digne d’un roman à l’eau de rose.

Ahmed était à bord de sa voiture quand il a remarqué Chadia et l’a invitée à monter pour prendre un café. Depuis, leur relation s’est consolidée pour en arriver au lit. En fin de compte, il a décidé d’épouser Chadia. Une décision que son père a refusée catégoriquement. Et c’est le début d’un malentendu entre lui et son géniteur. Ahmed, n’en pouvant plus, a fini par abandonner son travail et la maison paternelle au douar Lamkansa. Il voulait être proche de sa bien aimée. Issue de la ville de Fès, cette dernière, âgée de vingt-deux ans, occupait une chambre pas loin de Derb Nejma. Ahmed y loue une chambre sur la terrasse. Seulement, sa bien aimée a commencé à lui tourner le dos. Pourquoi ? Parce qu’il n’a plus d’argent ? Parce qu’elle a entamé une nouvelle relation ? Ahmed ne savait pas au juste. La nuit du crime, il l’a invitée à passer la nuit avec lui. Mais, il ne s’agissait que d’une ruse pour la piéger. Il avait déjà acheté un couteau qu’il a dissimulé sous l’oreiller. Quand elle est entrée chez lui, ils ont engagé une conversation sans fin. La conversation a cédé la place aux reproches, puis aux insultes. Vers 2 h du matin, elle a décidé de partir tout en l’insultant. Hors de lui, il a saisi le couteau, l’a suivie pour lui asséner quelques coups, mais ne pensait pas la tuer. Il avait mal calculé les conséquences de son acte.

Abderrafii ALOUMLIKI

Aujourdhui.ma

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