En chômage depuis qu’il a quitté définitivement le lycée en classe terminale, Abdellah se débrouillait comme il pouvait pour gagner sa vie. La tâche était très difficile pour lui. Surtout qu’il ne dispose d’aucun diplôme. Il ne pouvait rester les bras croisés, sa famille étant dans le besoin.
Ce qui l’a poussé à accepter n’importe quelle besogne lui permettant d’avoir quelques dirhams en fin de la semaine. Mais jusqu’à quand ? Comme n’importe quel jeune, il souhaite améliorer les conditions de sa vie, de subvenir aux besoins de sa famille, de se marier et de fonder un foyer… .Un rêve qui lui semblait très difficile à atteindre. «Que dois-je faire ?», réfléchissait-il un jour, l’air pessimiste. Cependant, une lueur d’espoir «illumine son chemin». Un jeune homme, qu’il a rencontré dans un café, lui propose de l’aider à immigrer à l’étranger.
Où ? En Espagne ou en Italie. Abdellah n’y a jamais pensé. Le jeune homme l’a convaincu. «Plusieurs jeunes sont arrivés à améliorer leur vie en émigrant vers l’Europe», lui a-t-il dit.
«Je te propose mon aide pour émigrer», ajoute-t-il. Depuis, l’idée d’aller à l’autre côté de la Méditerranée ne cesse de le hanter. Il a commencé à voir la vie en rose.
Ses parents l’ont encouragé de s’accrocher à la proposition du jeune homme qui lui a demandé une somme de cinquante mille dirhams en contrepartie. «Je ne vais pas les mettre dans mes poches, mais je les verserais aux personnes qui vont t’aider à faire les adieux à la pauvreté», lui a précisé le jeune homme. Depuis, Abdellah a mené une course contre la montre pour arriver à avoir la somme réclamée. Lui et ses parents ont frappé à plusieurs portes pour rassembler la somme. Et il l’a mise entre les mains du jeune homme. En contrepartie, celui-ci lui a remis une carte de séjour pour l’Espagne, en lui demandant de la garder jusqu’au moment opportun pour l’envoyer à Tanger puis en Espagne. Les jours passent et le jeune homme ne donne aucun signe de vie.
Ainsi, Abdellah se plaint auprès de la police. Il a appris qu’il n’était pas la seule victime. D’autres personnes sont tombées dans le même piège du jeune homme.
Qui est-il ? Il s’appelle Chawki, quadragénaire, père de trois enfants, recherché depuis cinq ans par la police. Une quinzaine de plaintes ont été déposées, dernièrement, contre lui. Les investigations minutieuses menées par les limiers d’Anassi leur ont permis de savoir que sa maîtresse demeurant à Taza vient de temps en temps à Casablanca pour rendre visite à un proche à la prison d’Oukacha.
Lors de sa dernière visite à la capitale économique, la police lui a demandé de l’appeler pour fixer un rendez-vous en lui promettant d’aller ensemble passer quelques jours à Tanger. Suite à son appel, il l’a rejointe rapidement. Et c’était l’occasion à ne pas rater pour les limiers qui l’ont arrêté et l’ont conduit au commissariat de police. Là, il a révélé les noms de ses complices.
Le premier est un ex-fonctionnaire au tribunal de première instance de Tanger, suspendu de ses fonctions et demeurant à Tétouan. Alors que le second complice habite à Martil. Ce dernier se chargeait des opérations de vol des cartes de séjour des Espagnols. Concernant les rabatteurs, un seul a été mis hors d’état de nuire par la police et plusieurs d’autres sont encore en fuite et sont activement recherchés. Chawki et ses deux complices qui ont filouté une vingtaine de victimes à Casablanca, Khouribga, Béni Mellal, Kelaât Sraghna, Rabat et Salé ont été traduits en justice à Casablanca.
Abderrafii ALOUMLIKI
Aujourdhui.ma