Sitôt attablés, ces deux vis-à-vis lui ont dit être ivoiriens. L’un d’entre eux lui a précisé que son père, un richissime homme d’affaires, a été tué au cours d’une embuscade qui lui a été tendue par l’un des groupes rebelles qui pullulent en Côte d’Ivoire et qu’il lui a légué une fortune colossale.
Cet héritage aurait été remis en mains propres à une personne qui travaillait à La Croix-Rouge internationale à Yamoussoukro et qui se trouve actuellement en poste à Rabat.
A son arrivée au Maroc, cette dame aurait pris contact avec lui pour lui préciser que son héritage consistait en deux cent cinquante mille euros et cent mille dollars en billets de banque, soit une contre-valeur de trois millions cinq cent mille dirhams. Le second compère a alors pris la parole pour préciser au commerçant qu’il aurait sa part du gâteau s’il les aidait à récupérer ce bien. Comment ? En soudoyant la femme en question.
Le montant demandé par elle s’élève à quarante mille dirhams ; une somme dérisoire en comparaison avec celle qu’il empochera s’il met la main à son portefeuille et qui a été fixée à 10% du montant de l’héritage. Les deux Subsahariens lui ont alors donné leurs numéros de téléphone et lui ont donné rendez-vous le lendemain avant de prendre congé de lui.
A l’heure dite, il leur a fourni la somme réclamée.
Quelques jours plus tard, ils l’ont appelé de nouveau et lui ont demandé de venir les voir d’urgence. Pourquoi ? Motus. Il les a rejoints à bord de sa voiture et découvert qu’ils n’étaient pas seuls, cette fois-ci, mais ils sont en compagnie d’une femme subsaharienne. Ils la lui présentent comme l’employée de la Croix-Rouge qui garde l’héritage avant de préciser qu’elle voulait davantage d’argent.
«Elle réclame plus d’argent pour nous restituer l’héritage», lui explique l’un des deux compères. Ce qu’elle infirme en partie en précisant que l’argent demandé ne lui était pas destiné : «je ne suis qu’un intermédiaire…». De qui ? Pas de réponse. Au lieu d’insister, le commerçant lui demande alors le montant du supplément demandé. «Vingt-cinq mille dirhams», lui annonce-t-elle en lui fixant un autre rendez-vous pour les percevoir. Deux autres rallonges du même montant et une troisième de 35.000 DH lui seront réclamés avant que les deux compères ne disparaissent dans la nature.
Floué, le commerçant a fini par porter plainte auprès de la police judiciaire du district de Derb Soltan-El Fida.
La machine judiciaire a été mise aussitôt en action pour appréhender les deux Subsahariens. Soumis à interrogatoire, ils ont avoué ne pas être ivoiriens, mais maliens. Ils ont également avoué être en séjour illégal au Maroc et avoir eu l’intention d’amasser le maximum d’argent pour financer leur émigration clandestine vers l’Europe. Ils ont fini derrière les barreaux.
Abderrafii ALOUMLIKI
Aujourdhui.ma