Tué pour quelques bières de plus

[img align=right]http://www.aujourdhui.ma/alm_images/L-accuse-956.jpg[/img] «Je ne voulais pas le tuer, c’est lui qui m’a provoqué », crie à haute voix Ahmed qui se tenait devant les trois magistrats de la Chambre criminelle près la Cour d’appel de Casablanca. Le président de la Cour lui a rétorqué de se défendre calmement. Mais Ahmed continuait de crier son innocence. Aussitôt, le président est intervenu pour lui expliquer que le ministère public ne l’accuse pas d’homicide, mais de coups et blessures ayant entraîné la mort sans l’intention de la donner. Le mis en cause n’a pas tenu sa langue pour autant et continuait à parler avec une assurance qui n’a d’égale que la forte voix avec laquelle il parlait.

Portant des vêtements sportifs, il semble avoir l’habitude de parler devant les juges, sans crainte ni complexes. Repris de justice, ce quadragénaire semble s’être habitué à la vie derrière les murs de la prison. Il y a déjà passé une grande partie de sa vie. N’ayant jamais mis les pieds à l’école, ce natif du Carrière Kabla, à Hay Mohammédi, est entré très tôt dans le monde de la délinquance. À son quinzième printemps, il fumait déjà des cigarettes et s’adonner au haschich, aux comprimés psychotropes et à l’alcool. Il a été emprisonné pour la première fois pour viol. Un jour, après avoir avalé quelques comprimés psychotropes, il a attaqué une jeune fille quant celle-ci rentrait de son lieu de travail.

Il l’a violée sous la menace d’un couteau après lui avoir volé une petite somme d’argent. La victime, qui n’était autre qu’une de ses voisines, dans le bidonville où il habitait, l’a dénoncé à la police tout en dévoilant son identité. Arrêté, il a été condamné à deux ans de prison ferme. Pas plus de quatre mois après son relâchement, il a été arrêté après avoir poignardé mortellement un jeune délinquant. Il a écopé de dix ans de réclusion criminelle. Il est devenu un professionnel des agressions. Il ne craignait personne. Il utilisait tous les moyens pour subvenir à ses besoins en drogue. Les agressions étaient à ses yeux le meilleur moyen. D’ailleurs, il a passé plus de temps en prison.

Cruel, bagarreur, soûlard et drogué, Ahmed a été abandonné par sa famille et marginalisé par la société. Une mise en écart qui explique à bien d’égards l’homme qu’il est devenu. Sans foi ni loi, il a continué à agresser ses victimes et les dépouiller de leurs argents et objets précieux. À chaque fois, il arrivait à disparaître pour réapparaître ensuite et commettre un nouveau crime. Un soir, il s’est présenté chez un Guerrab (marchand sans autorisation de boissons alcoolisées) pour acheter une bouteille de vin rouge. Ahmed était déjà dans un état d’ébriété avancé. Le Guerrab, Abdellah, a refusé de lui en vendre. Pourquoi? Lui a demandé Ahmed. Énervé, Abdellah l’a poussé violemment. Ahmed s’est renversé et s’est relevé sitôt. Il a commencé à insulter le dealer d’alcool en question avant de disparaître.

Une disparition qui n’a pas duré longtemps pour qu’Ahmed revienne avec un tesson d’une bouteille à la main. En se cachant derrière la porte d’une maison, il s’est resté en attente d’Abdellah. Ce dernier était chez lui. Personne ne l’a avisé qu’Ahmed le guettait. Une heure plus tard, il est sorti pour livrer un sachet rempli de bouteilles de bière à un client. Une fois qu’il a tourné le dos, Ahmed lui a asséné deux coups violents avant de prendre la poudre d’escampette. A l’aide des secours des passants, Abdellah a réussi à rentrer chez lui. Sa mère et son frère l’ont conduit aux Urgences pour subir les soins nécessaires.

Mais il a fini par succomber à ses blessures. Aussitôt, une enquête a été diligentée par la police pour arrêter Ahmed. Ce dernier a avoué l’avoir frappé par un tesson de bouteille mais sans avoir l’intention de le tuer, que ce soit devant la police ou devant la Cour. Un aveu qui lui a coûté une fois encore une peine de 15 ans de réclusion criminelle. Cette nouvelle peine sera-t-elle la bonne ?

source:aujourdhui

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