Autant en déduire, et on ne le fera pas dire aux responsables en charge de la sécurité, que «le risque zéro n’existe pas». Un langage de vérité, développé par le ministre de l’Intérieur et le ministre délégué à l’Intérieur, qui rompt avec les assurances bassinées à l’eau de rose dont on abreuvait les citoyens il y a des années de cela. Maintenant, si le risque est bel et bien reconnu, on n’en reste pas au constat pour autant.
En effet, des semaines avant le 11 mars, les différents services de sécurité étaient dans un branle bas de combat. La mobilisation était à son summum et les divers corps se sont mis en rangs serrés pour pallier toute désagréable éventualité. D’ailleurs, l’arrestation du «cerveau» Saad Houssaini en a livré la démonstration, l’individu n’étant autre que celui recherché depuis cinq ans, et qui a été mis hors d’état de nuire.
L’approche préventive, prônée par les responsables, a livré là la démonstration qu’on n’est jamais assez vigilant, mais qu’on doit l’être et le demeurer tout le temps. Surtout qu’il s’agissait là d’une «belle capture», tant elle concerne un terroriste considéré au même rang qu’un certain Mejjati, que ce soit au niveau « intellectuel » ou à celui de ses capacités de se tenir à l’abri des yeux de la sécurité.
Plus encore, il est question d’un individu dont le réseau relationnel s’étend à la nébuleuse terroriste transnationale, sans perdre de vue ses liens par trop étroits avec cet autre Garbouzi.
Les ramifications semblent compliquées, mais ce n’est pas pour autant qu’on se réduit à les énumérer. Bien au contraire, les services de sécurité du pays, au fil des ans, ont appris, assurent les responsables, à agir de manière proactive, ce qui leur a valu la reconnaissance de leur savoir-faire hors des frontières du Royaume.
De retour à Abdelfettah Ray di, l’individu qui s’est fait exploser le 11 mars dans le cyber de Sidi Moumen, il n’est pas anodin de rappeler qu’il s’agit de quelqu’un qui a été pris dans les filets de la police au lendemain des attentats du 16 mai et qui a, de plus, été en accointance avec plusieurs groupes de la nébuleuse terroriste, dont Ansar Al Mahdi. Mieux, l’enquête, toujours en cours, a montré qu’il s’activait, aussi, pour le recrutement et l’embrigadement de potentielles «bombes humaines», mais, qu’il a, aussi, fait appel au financement de ses desseins, notamment par un bijoutier, qui a été appréhendé.
Par ailleurs, s’il est établi que l’acte du 11 mars ne relève pas, directement, de l’internationale terroriste, il n’en demeure pas moins que des liens idéologiques existent. Tant et si bien qu’entre les différentes obédiences de cette mouvance, malgré les différences d’action ou d’approche, tout converge, in fine, vers Al Qaida. Les «allégeances» dont on entend parler, par-ci par-là, en sont l’illustration, sans oublier, bien entendu, l’appui logistique que les ouailles de Ben Laden apportent à leurs acolytes. Or, il se trouve, tout simplement, que ces derniers ont changé leur fusil d’épaule en concentrant leurs plans en direction du Maghreb dans son ensemble et du Maroc en particulier.
Reste à savoir pourquoi le Maroc. L’équation est presque sans inconnue. En fait, on se souvient que durant l’année 2006, le Royaume avait livré une guerre sans merci aux recruteurs de ceux communément appelés les «moujahidine» qui devaient être acheminés vers l’Irak. La série de démantèlements de cellules opérant sur ce rayon n’a pas été pour plaire aux concernés. Or, il se trouve que dans des camps d’entraînement, basés au nord du Mali, ils sont plusieurs candidats pour s’en prendre au Maroc.
Cependant, depuis, le tracé est connu, ainsi que ceux qui s’y meuvent. Tant mieux, puisque de la sorte, on sait au moins à qui on a affaire.
La vigilance permanente des services de sécurité paie dans ce sens, car, malgré les changements tactiques de la nébuleuse, la veille est sans relâche. Et ce n’est pas pour rien que, suivant la même approche préventive, plusieurs mesures draconiennes ont été prises pour garantir la sécurité des citoyens.
On retiendra, à ce propos, le renforcement du contrôle au niveau des différents points des frontières, ainsi que la gestion des environnements des cibles potentielles, sans oublier, bien évidemment, les opérations de ratissage et de suivi de la situation dans ses diverses dimensions. Cela a permis, entre autres, l’arrestation de plusieurs individus, ainsi que la grande découverte au Hay Moulay Rachid à Casablanca. Et des arrestations, justement, le décompte officiel, contrairement à la rumeur qui gonfle, fait état de 24 personnes déjà mises sous les verrous, opérées entre la métropole, Rabat, Salé, Agadir et Tiznit. C’est dire que les choses ne sont pas prises à la légère.
Plus encore, ce qui est à relever est que la mobilisation, conjuguée à la vigilance, n’est pas uniquement une affaire des chargés de la sécurité, mais de tout le monde. D’autant plus que le Royaume, avec toutes ses forces vives, est appelé à défendre, en les consolidant, ses choix, ses valeurs et son modèle.
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Sur les routes du Sahel
Le no man’s land du côté du Sahel a tout d’une base arrière de la mouvance terroriste. S’il est établi que l’Internationale de la terreur se meut dans différentes régions, le nord du Mali représente lui, le camp d’entraînement des futurs kamikazes.
D’ailleurs, selon divers rapports, ceux-là empruntent la même voie que celle des trafiquants de tout acabit, et qui dealent de tout, des cigarettes aux armes, en passant par les aides destinées aux séquestrés des camps de la honte de Tindouf. De là à conclure à des liens incestueux, il n’y a qu’un pas.
REPÈRES
Dernière minute
Les services de sécurité ont arrêté lundi l’un des individus recherchés en relation avec l’acte terroriste survenu, le 11 mars courant à Casablanca, apprend-on mercredi de source sûre.
Le dénommé Abderrahim Boudrif, issu du quartier Sidi Moumen de Casablanca, a été arrêté à la commune rurale Lakliâa, relevant de la préfecture d’Inezgane Aït Melloul, précise-t-on de même source. Boudrif, qui était en possession d’une arme blanche, logeait chez sa soeur qui réside dans la région depuis qu’il a quitté Casablanca, ajoute-t-on de même source.
MAP
Abdelhadi Gadi
LE MATIN