C’est pour cette raison que le concerné a reçu, le 1er septembre 2006, une convocation pour venir s’exprimer devant la police judiciaire trois jours plus tard. Après plusieurs heures de réticence, lundi dernier, il a fini par se rendre à la préfecture de police accompagné de Me Ahmed Beljelloun.
Selon Me Zahrach, l’interrogatoire tournait autour des déclarations de ce dernier à la presse et notamment à la chaîne Al Jazeera, le 20 août dernier lors de l’émission Ma Wara’a Al Khabar (Au-delà de l’information).
Interrogé sur les raisons de sa non-présence aux côtés de son confrère chez la police judiciaire, Me Ziane a déclaré à ALM que Me Zahrach «n’a pas voulu être interrogé par un magistrat et c’est son propre choix». «Je crois que, dans une nation qui donne à ses cadres supérieurs une sécurité juridique, un avocat est interrogé par un haut magistrat et non par un officier de la police judiciaire», ajoute le bâtonnier de Rabat. «J’ai refusé (d’accompagner Me Zahrach à la PJ) et, en plus, cela m’est interdit», conclut Me Ziane.
Contacté par ALM, Abdelfettah Zahrach a affirmé qu’il ne ferait aucune déclaration vu les pressions qu’il subirait dans le cadre de ce dossier. «Je commenterais toute cette affaire et la réaction de Me Ziane lors du plus proche conseil du barreau», ajoute-t-il en appelant ses confrères à «assumer leur responsabilité pour la protection de l’avocat lors de l’exercice de ses missions».
Selon des sources judiciaires, le sort de Me Zahrach sera décidé prochainement par le Parquet sur la base du rapport qui lui sera transmis par la police judiciaire.
D’un autre côté, l’on apprend que Me Toufik Moussaïf Benhammou pourrait être interrogé par la P.J au cas où il ne répondrait pas à une autre convocation du Parquet, ce jeudi 7 septembre 2006.
Les deux avocats avaient été appelés à s’expliquer quant à leurs déclarations à la presse. Les deux avaient affirmé, à Al Jazeera et à Annahar Al Maghribiya, que le dossier de Jamaât Ansar Al Mahdi était monté de toutes pièces. Le bâtonnier de Rabat, avait répliqué qu’il s’agissait de déclarations non professionnelles.
Contrairement à une certaine idée reçue, l’avocat n’a pas d’immunité totale pour les déclarations ou faits dans l’exercice de son travail, y compris devant la Cour.
Abdelfettah Zahrach, qui a fait appel à deux ex-bâtonniers et à l’AMDH, défend le dénommé Abderrahmane Feryati (ex-militaire), mais aussi les trois gendarmes et l’officier de la DGSN arrêtés dans le cadre de cette affaire. Toufik Moussaïf Benhammou, avocat en rupture de ban avec le PJD, prend, pour sa part, la défense de Badr Bouziki.
L’instruction détaillée de l’affaire du réseau Hassan Khattab démarrera le 13 septembre.
Mohamed Boudarham