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Tatouage et piercing : L¹effet de mode a transpercé la peau des jeunes

En fait, et d¹aucuns l¹auront compris, le piercing est devenu une mode sous nos tropiques. Apparu il y a quelques années d¹abord chez les amateurs de musique hard, il a vite fait tache d¹huile pour atteindre les autres couches de la jeunesse marocaine. Désormais, on trouve des bijoux piercings dans les magasins pour accessoires, chez certains bijoutiers et dans des magasins où on vend différents gadgets. Le marché est porteur, c¹est un signe qui ne trompe pas. Aux sorties des lycées casablancais, cette tendance est confirmée. Des arcades sourcilières à la bague au nez, en passant par le nombril et la langue, les adolescents se parent de bijoux. Sofia, lycéenne, nous a confié que dans son bahut, «près de 60% des élèves sont piercés». Et d¹ajouter : «moi aussi je suis piercée, mais pour l¹instant j¹en ai qu¹aux oreilles : 3 trous à chaque oreille plus un au cartilage. Et la semaine prochaine je me le fais au nombril, c¹est la fête !»
Cependant, cette exhibition à la très «fashion» met ces jeunes sous les projecteurs des passants et leur regard inquisiteur. Quant aux parents, c¹est une autre paire de manche. En fait, certains géniteurs ne se doutent même pas que leurs petites fifilles ont le nombril piercé ou qu¹il existe d¹un tatouage minutieusement gardé. En effet, certains jeunes « se font faire piercer et/ou tatouer sans l¹accord parental», nous explique Soraya, 17 ans. Ainsi, cette jeune lycéenne du quartier Belvédère expose sans gêne aucune, l¹anneau accroché à son nombril, au sortir de sa maison pour se rendre au lycée et elle le dissimule en couvrant son ventre à quelques pâtées de son domicile. «Jusqu¹à maintenant et je croise des doigts, mes parents n¹y voient que du feu et, en plus, je suis fille unique, donc l¹éventualité d¹être grillée par une s¦ur ou un frère ne se pose même pas. Ajouter à cela que mes parents ont très confiance en moi, vu que je suis brillante en classe. J¹aurais aimé pouvoir le leur dire, mais ils sont très conservateurs et je ne veux pas qu¹ils soient déçus…», avoue-t-elle.
Cependant, comment des jeunes mineurs se font piercer sans avoir l¹autorisation parentale ? Tout simplement, des pierceurs ont décelé la demande des mineurs et se sont jetés sur cette aubaine pour en tirer profit. Ces tatoueurs se font de la pub de bouche à oreille et exerce généralement dans leur domicile. Leurs tarifs varient selon la prestation, pour piercer un nombril, il faut payer 150 DH au lieu de 600 DH (prix d¹usage dans un magasin spécialisé).
En outre, ces «clandestins», par rapport aux professionnels opèrent dans des conditions d¹hygiène défavorables. Cela se fait souvent avec une aiguille et du fil dentaire sans se soucier des risques énormes encourus par une éventuelle transmission de sida ou d¹hépatite C.
Par contre, ceux qui ont choisi d¹exercer dans la légalité ont vu leur rêve partir en fumée à cause des charlatans et ont mis la clé sous la paillasson faute de clients. En effet, ces derniers nagent dans une telle insouciance qu¹ils préfèrent de loin s¹exposer à de réels dangers plutôt que de devoir casquer plus. La concurrence du secteur informel est trop rude du moment que tous ces jeunes sont avides de mode, fauchés et par dessus le marché désirant disposer de leur corps tout en refusant d¹affronter la colère parentale. D¹un autre côté, si tous les parents entretenaient un vrai dialogue basé sur des échanges et non sur de simples ordres avec leur progéniture à l¹approche de la puberté, ces jeunes n¹auraient pas autant de secrets.

Meyssoune Belmaâza

*Hiba, 17 ans :
« Je suis tout à fait pour, mais il y a toujours un mais…
Je suis percée à la langue depuis 2 ans et aux oreilles depuis 4 ans (3 à gauche et 3 à droite dont le cartilage), j¹ai en tête de me faire percer le nombril…
Cependant, je voulais juste dire une chose : le piercing à l¹âge de 12-13 ans n¹est pas un jeu. Ok c¹est un effet de mode, mais je dis que le piercing est un choix très personnel… J¹ai pas fait avec l¹effet de mode mais parce que j¹aime le piercing…. mon frère est aussi percé. Alors forcément ça donne un peu envie aussi…»

*Sarah, 20 ans :
«Ni pour, ni contre. Pour moi les piercing sont «à utiliser avec modération», moi-même j¹ai 6 trous aux oreilles dont 2 au niveau du cartilage et un écarteur et je trouve ça très joli mais les personnes qui usent et abusent des piercings c¹est pas terrible. C¹est vrai qu¹ étant ados on pense pas toujours à notre futur mais les patrons ont tendance à discriminer les piercés, alors songez-y futurs piercés !»

*Linda, 25 ans :
« Je suis totalement contre les piercings. Pourquoi? Parce que je trouve totalement inutile de prendre le risque d¹avoir des infections à cause d¹un simple trou dans la peau.
Il est vrai que je trouve ça très joli au nez et aux oreilles mais c¹est ignoble quand c¹est à des endroits pas adaptés aux piercings.
De nos jours, il n¹est pas indispensable d¹avoir un percing et d¹ailleurs dans le domaine du travail ça pose des problèmes (aux entretiens d¹embauche je peux vous certifier que ça ne fait pas bonne impression du tout) et je pense qu¹à l¹avenir ce ne sera plus du tout la mode. Voilà, donc ne vous faites pas trouer juste pour être « in «, le coup n¹en vaut pas la chandelle !»

*Hanan, 15 ans :
« Je kiffe grave les percings et d¹ailleurs j¹en ai même 5 (2 au nez, 1 à la langue, 1 à l¹arcade et l¹autre au nombril) tous se sont bien cicatrisés et en plus ça ne fait pas mal du tout. C¹est une magnifique expérience pour nous les jeunes et c¹est à la mode. Et je ne trouve pas sympa que les parents interdisent à leurs enfants de se faire percer ou tatouer. Après tout, ce n¹est pas leur peau, ni leurs idées, ni leurs goûts, ce n¹est pas à eux de choisir. Aussi je ne comprends pas leur dégoût pour ce qui est du percing à la langue, c¹est si beau, c¹est vraiment un plus.
En tous les cas, mes percing m¹ont aidé à m¹apprécier et à m¹aimer un peu plus. Enfin me trouver quelque chose de bien, même si ce n¹est pas naturel. Ils font maintenant partie de moi, et un percing à la langue, c¹est vraiment trop craquant, et non vulgaire.
Le faire maintenant c¹est déjà mieux que de le faire à 18 ans. C¹est justement après que je serai jugée peut être à cause de ça et vite cataloguée.

*Samir, 17 ans :
« Bien sûr, je suis complètement pour le piercing (où qu¹il soit). D¹ailleurs j¹ai demandé à ma mère de me payer un piercing au tragus. Cela fait un peu plus d¹un an que je veux un à la lèvre.
Bien sûr, mes parents ne sont pas d¹accord. Mais je ne m¹inquiète pas, je finirai par les convaincre.
Il ne faut pas faire un piercing sur un coup de tête, il faut prendre le temps de réfléchir.
Personnellement, je ne vais pas m¹en faire parce que c¹est soi-disant «la mode» mais parce que j¹aime ça. (juste une p¹tite parenthèse, les filles qui se font percer à 12/13ans, je trouve ça complètement ridicule !)

source albayane

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