En fait, dans la communauté maghrébine en général et marocaine en particulier, l’on reproche toujours au président de l’UMP sa gestion à la dure des émeutes des banlieues (le mot racaille sonne encore dans les oreilles) et son inflexibilité lors des débats sur la laïcité.
Autant de griefs que le président de la Fédération des musulmans de France, le Marocain Mohamed Bachari résume par une «méfiance» envers ce politique d’origine hongroise, dont les idées sont souvent considérées comme anti-musulmanes. Mais peut-on dire pour autant que les 400 000 à 500 000 citoyens français d’origine marocaine, détenteurs de cartes d’électeurs, vont, au printemps prochain, exercer leur devoir civique contre le candidat de droite ? Difficile d’aller voir ce qui se passe exactement dans la tête des 1. 200 . 000 Marocains recensés en France. En 2006, il y a 21 000 nouveaux inscrits au registre électoral, révélant une nette tendance à la naturalisation. «Avant, les gens pensaient que même en étant français, ils n’avaient pas accès aux postes de la fonction publique. Aujourd’hui, ils ont compris», explique un cadre marocain dans une entreprise. De même, poursuit-il, les Maghrébins ont compris l’importance du vote. De plus en plus de retraités prennent ainsi la nationalité française pour pouvoir défendre leurs points de vue aux prochaines présidentielles.
Ce dont on est pour le moins sûr, avance M. Bachari, c’est qu’il y aura cette fois-ci plus que jamais «une véritable mobilisation des musulmans de France qui savent que ce vote sera déterminant pour leur avenir». Pourvu seulement que ces joutes reflètent les réalités «franco-françaises». Pourtant, ce ne sont pas tous les jeunes qui sont conquis par le charme de la candidate socialiste. Ainsi, Othman, gérant d’un restaurant français dans le quartier latin, est catégorique : «Aucun de ces candidats ne m’intéresse. Je ne vais pas voter», soupire-t-il, convaincu que la présidente de la région de Poitou Charrente est un «pur produit marketing qui ne fera rien pour les Maghrébins». Et de formuler un vœu, à la manière de Dominique Strauss Khan, pour qui il aurait vaillamment voté: «L’avenir de la France est socio-démocrate». Plus haut, dans la même rue, Jamal, épicier de profession (un métier qui colle décidément aux Arabes), s’exerce aux pronostics : «Nous aurons produit au remake du scénario du 21 avril 2002, avec un deuxième tour qui sera disputé entre la droite et l’extrême droite». Et de lancer une pique en direction de celui qu’il appelle joyeusement «Moul Khoubz» en allusion à Jean-Marie Le Pen, dont la popularité est encore plus forte aujourd’hui qu’il y a cinq ans. Quant à Hassan, boucher à Villeneuve, la décision est prise : «je rentre au Maroc. Je veux voler de mes propres ailles en créant ma petite boîte. Ici, j’ai moins en moins de clients, l’âge d’or est terminé», lance-t-il entre deux sourires. Les élections, c’est toujours la politique: «Je voterai quand même Ségolène Royal», même s’il va falloir payer plus d’impôts avec les socialistes. Foncièrement opposé au candidat Sarkozy, à qui il reproche une gestion musclée de la sécurité ayant transformé ce dossier en «acte de violence», il pense que les émigrés sont stigmatisés, mal vus et mis dans le même sac. Attention quand même à ne pas ranger tout le vote des Marocains de France à gauche ou à droite. Selon un sondage IFOP du mois de décembre, 53% des Maghrébins vont voter pour la socialiste. Le reste se partage entre les extrêmes, c’est- à dire, l’extrême gauche et les écologistes notamment.
Bref, tous s’accordent à reconnaître en dépit des divergences des uns et des autres un rôle inédit du vote maghrébin, qui pourrait, en cas de score serré, jouer le rôle d’arbitre. Ainsi, selon un chroniqueur marocain vivant en France, c’est Ségoléne Royal qui sortira vainqueur de la confrontation, non seulement parce qu’elle est une femme, mais aussi parce qu’elle va incarner la rupture. «A un certain moment, il y aura un basculement en sa faveur».
Dans tous les cas, la gauche a toujours su que les immigrés étaient sensibles à son programme politique. Seulement, entre les années 80 et maintenant, l’intégration des communautés maghrébines a fait son chemin. Si bien qu’il apparaît aujourd’hui anachronique, aux yeux des observateurs, de retrouver tous les électeurs marocains dans un même bord. Ceci d’autant plus que, durant les deux septennats de Chirac, la droite a beaucoup soigné son image auprès de cette communauté. Dans le gouvernement actuel, il y a beaucoup de hauts responsables issus de l’immigration même si, pour des raisons historiques, il y a encore peu de Marocains qui ont su faire carrière dans les hautes sphères de la politique française. Il n’y a parmi les 37 maires de France, aucun Maghrébin. Bien entendu aucun Marocain ne siège à l’Assemblée nationale. Une sous-représentation qui n’a jamais su évoluer, aussi bien avec la gauche qu’avec la droite.
Attention cependant aux tactiques électoralistes mises en avant par certains candidats dans la conquête de l’électorat beur. Un Jean-Marie Le Pen qui choisit pour affiche l’effigie d’une jeune beurette, pantalon jean taille basse, le pouce à l’envers, et le look arrogant et sexy ne signifie pas forcément un changement d’attitude aux yeux de la plupart des marocains approchés par nos soins. Même jugement à l’égard de la stratégie Sarkozy, qui, après s’être découvert une vocation d’amoureux de Marrakech, se retrouve soudain «scotché» avec une Marocaine comme porte-parole . En vieux habitué des coulisses de la politique franco-française, Mohamed Bachari ironise : «Une seule Fatéma ne suffit pas pour annoncer le printemps !»,
• Qods Chabaâ et Adam Wade
Ségolène Royal : parcours d’une militante
Née à Dakar le 22 septembre 1953, Marie-Ségolène Royal effectue ses études primaires et secondaires à Charmes (Vosges), puis intègre le lycée privé Notre-Dame d’Épinal en 1968 et obtient son baccalauréat. Après une licence de sciences économiques à l’Université de Nancy II, elle est diplômée de Sciences Politiques en 1978. Elle intègre ensuite l’École nationale d’administration,promotion Voltaire. Elle en sort en 1980 et choisit une affectation de magistrat au tribunal administratif de Paris. En 1994, elle passe le concours d’avocat au barreau de Paris, tout en siégeant à l’Assemblée nationale et au Conseil général des Deux-Sèvres , et entre au cabinet Teitgen. Membre du Parti socialiste, ancienne ministre, elle est présidente du Conseil régional de Poitou-Charentes depuis avril 2004 et députée des Deux-Sèvres .Elle a été désignée candidate officielle du Parti socialiste pour l’élection présidentielle d’avril 2007 par le vote des militants du PS le 16 novembre 2006. Elle a été désignée par 60,60 % des 178 000 militants socialistes. Ses adversaires étaient Dominique Strauss-Kahn et Laurent Fabius.
La veille de cette investiture, le comité directeur du PRG lui avait accordé son soutien, décidant, de fait, de ne pas présenter de candidat issu de ses rangs. Le Mouvement républicain et citoyen a également choisi de la soutenir, lors d’une convention nationale réunie à Paris le 10 décembre 2006, au cours de laquelle l’ancien ministre Jean-Pierre Chevènement, a annoncé le retrait de sa propre candidature et son ralliement à celle de Ségolène Royal.
Nicolas Sarkozy : la coqueluche des médias
Nicolas Sarkozy est né à Paris le 28 janvier 1955. Il est le deuxième fils de Paul Sarkozy de Nagy-Bocsa, aristocrate hongrois exilé en France. En 1968, après avoir redoublé sa sixième au lycée public Chaptal de Neuilly, Sarkozy entre au lycée privé Saint-Louis de Monceau, où il obtient son Bac B en 1973. Trois années plus tard, il adhère au RPR sous le parrainage de Charles Pasqua. Après avoir décroché une maîtrise de droit privé à Paris X en 1978, il est reçu à «Sciences-Po» Paris. Il devient président du Comité de soutien des jeunes à l’élection de Jacques Chirac en 1980 et l’année suivante, obtient son CAPA (Certificat d’aptitude à la profession d’avocat) et un DEA en sciences politiques. Avocat de formation, il devient maire de Neuilly sur Seine en 1983, poste qu’il occupera jusqu’en 2002. Elu député en 1988, il occupe différentes fonctions au gouvernement : ministre du Budget (1993-1995), de la Communication (1994-1995), porte-parole du gouvernement (1993-1995). Nommé le 7 mai 2002 ministre de l’Intérieur, de la Sécurité intérieure et des Libertés locales du gouvernement de Jean-Pierre Raffarin, Premier ministre après la réélection de Jacques Chirac.
Nommé le 1er avril 2004 ministre d’Etat, ministre l’Economie, des Finances et de l’Industrie du gouvernement de Jean-Pierre Raffarin. Elu le 28 novembre 2004 président de l’UMP. Le 14 janvier 2007 l’UMP, réunie en congrès exceptionnel, désigne à 98,1% des voix Nicolas Sarkozy comme candidat du parti pour les prochaines élections présidentielles.
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